🍀 Un chercheur au confessionnal





 30 avril 2021 | La recherche et sa pratique 
Encore
Twitter ?!

Nous en sommes conscients, vous n’êtes pas si nombreux à utiliser Twitter. Pourtant, la plateforme a parfois de belles choses à offrir aux chercheurs (on vous en parlait ici).
Loin de nous l’idée d’en faire l’apologie. Pour nous, c’est aussi une façon de récolter des témoignages comme celui de cette semaine, que nous pouvons approfondir et vous livrer en plus de 256 signes.
Ainsi, que vous soyez présent sur Twitter ou non, vous apprendrez forcément en nous lisant ! Aujourd’hui, sur le peer review post publication et l’autocritique. 
Bonne lecture,
Lucile de TMN

 PS  Merci aux lecteurs qui nous signalent des problèmes avec les liens dans la table des matières. Ceux-ci ont l’air de se produire principalement avec les messageries web mais marchent finalement pour beaucoup d’entre vous, c’est pourquoi on les garde.


Si vous n’avez que 30 secondes



Quatre minutes de lecture sociale



Twitter, le nouveau Pubpeer ? 


Détecter plus tôt des problèmes dans des publications scientifiques via Twitter, pourquoi pas ?


Le club de lecture s’exporte sur les rĂ©seaux
Buzz et rétractations. Le principe est simple : après avoir sélectionné trois articles portant sur la Covid-19 ayant généré beaucoup d’attention sur Twitter (dont celui du Lancet sur l’hydroxychloroquine), les auteurs de cette étude parue dans Scientometrics ont analysé et collecté des milliers de tweets les mentionnant ainsi que leur notice de rétractation.
Sur le principe. Pour deux des trois des articles étudiés, des signes avant-coureurs ont pu être détectés sur le réseau social, révélant des doutes sur la validité des résultats. L’étude est bien sûr à réitérer à plus grande échelle mais les auteurs suggèrent un système d’alerte sur Twitter – complémentaire à PubPeer – basé sur des mots-clés à définir pour chaque discipline.


Un indicateur de qualité ?
Les articles rétractés sont l’objet de plus de mentions sur Twitter ou PubPeer, même si l’explosion peut avoir lieu après rétractation. En conséquence, ils peuvent paradoxalement bénéficier d’une plus grande visibilité et ainsi fausser les altmetrics, qui comptabilisent entre autres le nombre de mentions sur Twitter (relire notre numéro spécial altmetrics).


Vous voulez réagir ? On vous lira

Quelques questions Ă … Nick Holmes


« Suis-je exempt de péché ? »


Ce neurobiologiste britannique vient de se livrer à une autocritique de ses propres articles sur Twitter : il vous explique sa démarche.




Nick Holmes aime les Monty Python
Aviez-vous déjà en tête tous les défauts de vos papiers ou avez-vous dû fouiller ?
Certains articles m’inquiĂ©taient depuis leur publication alors que pour d’autres, c’est en les examinant cette annĂ©e que je m’en suis rendu compte. Un cas intĂ©ressant Ă©tait moins grave que dans mes souvenirs : je croyais pendant quatorze ans avoir supprimĂ© un point de donnĂ©es en tant que « valeur aberrante ». En rĂ©alitĂ©, j’avais bien conservĂ© ce point mais je n’avais simplement pas utilisĂ© une très bonne mĂ©thode pour analyser les donnĂ©es. Je peux arrĂŞter de m’en faire maintenant !
Aviez-vous déjà reçu des critiques sur ces articles après leur publication ?
Je n’ai jamais reçu beaucoup de critiques d’autres chercheurs. En fait, presque rien en 17 ans ! C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai rĂ©digĂ© les tweets. Ces critiques existent peut-ĂŞtre dans des journaux, des clubs de lecture ou d’autres lieux mais il est difficile de les trouver et personne ne vous le dit ! Peut-ĂŞtre que toutes ces discussions devraient ĂŞtre publiĂ©es ou centralisĂ©es sur PubPeer.
Qu’est-ce qui vous a dĂ©cidĂ© Ă  faire votre autocritique ?
Je ne suis pas du tout religieux mais c’était Pâques et j’avais en tĂŞte « Que celui qui n’a jamais pĂ©chĂ© jette la première pierre » [il faut certainement y voir aussi une rĂ©fĂ©rence Ă  La vie de Brian, symbole de l’humour anglais, NDLR]. Je suis pour que la science soit la plus ouverte possible mais elle semble presque ĂŞtre une religion pour certaines personnes, qui n’acceptent aucune transgression chez les autres. Ces grands prĂŞtres sont-ils eux-mĂŞmes exempts de pĂ©chĂ© ? Et moi dans tout ça ?
Doit-on jeter la pierre aux chercheurs ?
Si la science Ă©tait vĂ©ritablement ouverte, le système de recrutement, de financement, d’expĂ©rimentation et de publication que nous avons aujourd’hui serait très diffĂ©rent. Pour le moment, jeter des pierres sur certains en raison de la façon dont ils ont Ă©tĂ© formĂ©s ou du système dans lequel ils travaillent n’est pas la bonne approche. Je ne pense pas que de nombreux chercheurs choisissent de faire de la mauvaise science.
Pourtant, vous critiquez vous-même les articles d’autres chercheurs !
En effet, je jette beaucoup la pierre aux revues et aux articles dans un nouveau podcast, The Error Bar. J’essaie d’ĂŞtre juste mais la critique peut toujours blesser. Nous sommes tous humains et nous prenons des dĂ©cisions biaisĂ©es sur ce qu’il faut Ă©tudier, comment concevoir des expĂ©riences, ce qu’il faut rapporter et ce qu’il faut cacher Ă  nos lecteurs. Il faut s’en souvenir lorsque nous critiquons les autres.


 Une analyse pleine de recul  Nick Holmes a retenu quatre critiques majeures après avoir passé au crible ses 57 articles :
  1. Ecrire un article (de synthèse en l’occurrence) pour promouvoir son propre travail ;
  2. SĂ©lectionner une analyse de donnĂ©es – qui risque d’ĂŞtre biaisĂ©e – au cas par cas au lieu d’utiliser une analyse systĂ©matique ;
  3. Valider une expĂ©rience dont le tĂ©moin n’est pas le plus robuste ou le meilleur.


Un outil informatique


Why3 trouve vos erreurs




Votre code, passé à la loupe !
 VĂ©rifier vos programmes… grâce Ă  un programme !  Si vous codez, vous savez qu’il existe des tonnes de logiciels de vĂ©rification. Why3 est l’un d’entre eux, sauf qu’il a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par des chercheurs français ! Il vient de fĂŞter ses 10 ans et sa particularitĂ© est d’allier un assistant automatique avec un second plus manuel pour les parties de code les plus complexes. Vous pouvez mĂŞme l’essayer dans votre navigateur.


Un chiffre open
 Un sur deux 
Environ la moitiĂ© des chercheurs rĂ©utilisent des donnĂ©es issues de la recherche, mĂŞme s’ils souhaiteraient qu’elles soient plus facilement accessibles, selon un sondage rĂ©alisĂ© par l’équipe de PLOS ayant recueilli plus de 700 rĂ©ponses. La plupart des rĂ©pondants mettent en effet à disposition leurs donnĂ©es en tant que fichiers supplĂ©mentaires Ă  un article plutĂ´t de les dĂ©poser sur une plateforme dĂ©diĂ©e. Les auteurs souhaitent que les règles soient renforcĂ©es auprès des revues pour encourager les bonnes pratiques.


 Des infos en passant   Besoin d’une formation sur Isidore, le module de recherche pour les SHS ? L’Urfist Méditerranée en propose une (merci LALIST !) //////// Une table ronde est organisée le 28 juin autour de la sortie du livre L’urgence de l’intégrité académique //////// Doctorant, la médiation scientifique vous tente ? Science&You (Université de Lorraine) vous offre une formation en 15h d’ateliers encadrés par des binômes composés d’un créatif et d’un médiateur. L’appel à candidature pour ce Marathon de la médiation est ouvert jusqu’au 28 mai //////// 


//////// Les portails europĂ©ens de donnĂ©es fusionnent en data.europa.eu. D’ailleurs, comment citer un jeu de donnĂ©es dans ses publications ? L’institut Pasteur vous le rappelle //////// cOAlitionS vous parle (oui, oui, Ă  vous, chercheurs) de vos droits et devoirs concernant le libre accès de vos publications  //////// Les universitĂ©s qui appliqueront les frais d’inscription en hausse pour les Ă©tudiants Ă©trangers ou pas ont Ă©tĂ© recensĂ©es par le collectif Resome //////// La radioactivitĂ© inventĂ©e par Pierre Curie… et Marie ? C’était pourtant dans les Ă©preuves du Capes //////// 


Votre revue
de presse express



Et pour finir…
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Neuf gouttes de rĂ©sine tombĂ©es en 87 ans : c’est l’expĂ©rience la plus lente du monde ! La lĂ©gende raconte que les deux scientifiques en charge de la surveiller n’ont jamais rĂ©ussi Ă  en voir une quitter l’entonnoir. Vous pouvez tenter votre chance en direct.