🍀 La nouveauté, ça se mesure



18 juin 2021 | La recherche et sa pratique 
On prépare
la suite

C’est bientĂ´t la fin du grand test avec Couperin. Une belle opportunitĂ© de faire dĂ©couvrir TheMetaNews Ă  2500 testeurs, tout en continuant de vous informer, vous, nos chèr·e·s abonné·e·s.
Une touche de détente (on sort de son sujet d’étude cinq minutes) pour certains, une source de réflexion dans des débats de plus en plus polarisés pour d’autres, TheMetaNews remplit une fonction différente pour chacun d’entre vous.
Trop succinct ou trop long ? Pertinent ou pas toujours ? Puisque la perfection n’est pas de ce monde, donnez-nous votre avis en rĂ©pondant Ă  ce questionnaire. Nous continuons de construire le mĂ©dia avec vous.
▼ Et maintenant place à l’actu avec les indicateurs de nouveauté, suivis d’un contrepoint sur cette course à la nouveauté ▼
Bonne lecture,
Lucile de TMN


Si vous n’avez que 30 secondes
  • La nouveautĂ©, ça se mesure comment ?
  • Barak Cohen appelle Ă  la prudence
  • Un outil pour tĂ©lĂ©charger des pages web
  • Votre revue de presse express
  • Et pour finir en langage codĂ© (enfin, mathĂ©matique)



Cinq minutes de lecture tout Ă  fait neuve



La nouveauté, ça se mesure comment ?


Serez-vous évalué à terme grâce à des « indicateurs de nouveauté » ? On tente de vous expliquer.


Sur quelle nouveauté miser ?
Comment mesurer la nouveautĂ© ? Si l’on suit la pensĂ©e du cĂ©lèbre Ă©conomiste Joseph Schumpeter, il s’agit de la combinaison inĂ©dite de concepts. Quoi de plus naturel donc que de l’appliquer aux publications ? Pour juger de la nouveautĂ© d’un papier, il suffirait d’examiner si les mots-clĂ©s ou les rĂ©fĂ©rences – plus prĂ©cisĂ©ment les revues citĂ©es – ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© associĂ©s… ou pas.
C’est ainsi qu’est né ce sujet depuis une petite dizaine d’années chez les bibliomètres, où il est principalement porté par des économistes. Les objectifs ? Développer des outils pour l’évaluation – le Hcéres travaille sur le sujet en France – mais aussi mieux comprendre comment émergent les nouvelles idées en recherche.
Critère de nouveautĂ© Ă  la main, ces chercheurs Ă©cument les bases de publications et Ă©tudient leur impact. Avec deux observations : les articles novateurs sont plus citĂ©s en moyenne… mais après plus longtemps que les autres. Une chose en entrainant une autre, ces scientifiques « novateurs » ont donc paradoxalement moins de chance d’être financĂ©s mĂŞme s’ils candidatent plus aux appels Ă  projet.
Des infos Ă  venir. Michele Pezzoni, maĂ®tre de confĂ©rence en sciences Ă©conomiques, cherche Ă  comprendre comment se diffuse la nouveautĂ© et Ă  dessiner le portrait robot des Ă©quipes « novatrices », notamment en physique. Trop d’homogĂ©nĂ©itĂ© des profils au sein de l’équipe ou une trop grande ancienneté peuvent ĂŞtre des freins, a-t-il dĂ©couvert lors d’une Ă©tude Ă  paraĂ®tre bientĂ´t.
 La suite ?  « L’avenir de la discipline sera d’utiliser le traitement automatique du langage [dont nous vous parlions justement lundi dernier et qui vient d’être appliquĂ©e aux brevets, NDLR] pour analyser le contenu des articles », confie Michele Pezzoni, Ă©galement conseiller pour l’Observatoire des sciences et technologies du HcĂ©res. Ce dernier est d’ailleurs sur le coup.


Vous voulez réagir ? On vous lira

Quelques questions Ă … Barak Cohen


« Il n’est pas nĂ©cessaire de rĂ©compenser la nouveautĂ© »


Doit-on pousser les chercheurs à la nouveauté ? Le généticien Barak Cohen appelle à la prudence.


En tant que chercheur, vous sentez-vous incité à produire de la nouveauté ?
Oui. La recherche de la nouveautĂ© fait partie intĂ©grante de notre travail : il n’est pas nĂ©cessaire de la rĂ©compenser explicitement. Notre système de revue par les pairs rĂ©ussit dĂ©jĂ  Ă  contrebalancer la volontĂ© d’ĂŞtre le premier Ă  publier par la peur de se tromper. Si la nouveautĂ© est trop promue par les institutions, la rapiditĂ© pourrait l’emporter sur la rigueur.
Quel est le risque à trop inciter à produire de la nouveauté ?
Celui de diminuer la motivation Ă  approfondir les problèmes. En surĂ©valuant l’importance de publier du nouveau, le travail nĂ©cessaire pour valider les thĂ©ories et Ă©tendre leur portĂ©e Ă  de nouveaux domaines est sous-estimĂ©. Nous l’avons tous vĂ©cu : le premier article sur un sujet reçoit beaucoup d’attention, les suivants moins. Cela envoie un message dĂ©courageant aux postdocs et aux doctorants.
Est-ce que la situation s’amĂ©liore ?
C’est constant, je dirais. L’incitation Ă  la nouveautĂ© est encore assez lourde – par exemple, dans les instructions du NIH [l’institut gouvernemental pour la recherche biomĂ©dicale aux Etats-Unis, NDLR] pour les demandes de financements, le mot nouveautĂ© revient rĂ©gulièrement – et nous devrions la diminuer. L’un des objectifs de la recherche est d’Ă©tendre les thĂ©ories Ă  de nouveaux domaines et, pour cela, vous devez mener des expĂ©riences similaires, encore et encore, dans des contextes diffĂ©rents. Il ne faut pas dĂ©courager ce type de travail !
Les chercheurs sont-ils en capacitĂ© d’agir ?
Oui, nous avons le pouvoir de changer les choses. En tant qu’évaluateurs, nous n’avons pas besoin de mettre l’accent sur la nouveautĂ© s’il existe d’autres preuves de qualitĂ© d’un travail scientifique que nous valorisons Ă©galement. Lorsque je relis un manuscrit, j’apprĂ©cie les modèles quantitatifs et les travaux prĂ©dictifs – domaine dans lesquels la France est historiquement en pointe, ce dont elle devrait ĂŞtre fière.


Pourquoi la science
fonctionne-t-elle si bien ?
C’est, d’après Barak Cohen, la grande question de l’histoire des sciences. Pour ce biologiste qui a eu la curiositĂ© d’ouvrir des livres de sociologie et de philosophie des sciences, « l’Ă©valuation par les pairs est une grande partie de la rĂ©ponse mais elle a aussi Ă  voir avec la structure sociale de la communautĂ© de recherche et les moteurs de motivation des scientifiques ». D’oĂą sa mĂ©fiance quant Ă  l’ajout de nouvelles incitations qui pourraient bouleverser ce fragile Ă©quilibre.


Un outil dans la boîte


Les données du web à votre portée




Parlons python (mais pas celui-ci)
 On collecte en gros.  Télécharger des données présentes sur un ensemble de pages web ? Avec quelques lignes de code en python, ce sera plus rapide ! Ce tutoriel du Programming Historian, évalué par les pairs et tout juste mis à jour, vous explique pas à pas comment faire.


Un chiffre qui en dit long
 530 000 
C’est la fréquentation totale de la fête de la science 2020. A l’heure où se prépare celle de 2021, le ministère dresse le bilan : 330 000 personnes environ ont assisté à des événements en présentiel, avec une durée moyenne estimée de visite par personne d’une heure et vingt minutes, plus 200 000 en distanciel. Des chiffres sans comparaison avec les 930 000 visiteurs en 2019, mais le Covid est passé par là.


 Des infos en passant   Le prix Jeune chercheur de la Casden sera délivré le 1er juillet à 17h. Suivez l’événement par Zoom si le cœur vous en dit //////// L’appel à projet DataLab de la BNF est ouvert et le restera jusqu’à fin juillet. Quatre sujets sont proposés //////// Un bibliothécaire vous explique la recherche bibliographique, dans le bulletin des bibliothécaires de France //////// Workshop ce lundi 21 juin “Covid 19 : l’espace public en discussion” organisé par la MSH de Paris Saclay, avec des ateliers pratiques //////// 


//////// Être dans une université de renom favorise les hommes mais pas les femmes, d’après une étude (non publiée encore) menée chez les économistes //////// Pariscience se prépare pour cet automne, du 29 octobre au 03 novembre plus exactement //////// Le mathématicien Tuna Altinel en poste à Lyon vient de rentrer en France après deux ans de séjour forcé en Turquie //////// La maison d’éditions EDP Sciences s’engage dans la voie du subscribe-to-open. Le principe : à partir d’un certain nombre d’abonnés payants, les revues sont en accès ouvert pour tous ////////


Votre revue de presse express



Et pour finir…
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Quand les anarchistes se mettent au maths (ou l’inverse), ça donne de belles formules peintes sur les murs. A priori toutes innocentes, sauf que… L’explication est donnĂ©e ici par Alexis Kauffman.