Lundi ce sera la 200e newsletter de TheMetaNews. C’est un Ă©vènement que nous partagerons avec vous tous en vous envoyant un numĂ©ro spĂ©cial de BeyondLab sur la fusion nuclĂ©aire.
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10 septembre 2021 | La recherche et sa pratiqueÂ
Informer
avant tout
Polémique. En plein cœur de ce qu’on peut appeler “l’affaire Mucchielli” – dont vous saurez tout dans quelques instants –, sonder le principal intéressé nous semblait pertinent. Pas sur le fond mais sur la forme : son travail et ses interventions publiques.
Dilemme. Le sociologue Laurent Mucchielli ayant exigĂ© un Ă©change par Ă©crit — ce qui nous privait d’un droit de suite sur les questions —, fallait-il publier l’interview telle quelle ?
La réponse est « oui ». Et ce pour plusieurs raisons : nous avons pensé que, comme nous, vous auriez été trop curieux pour la refuser. De plus, nous sommes un média lu exclusivement par des chercheur·ses.
Avons-nous bien fait ? N’hésitez pas à nous faire part de vos réactions, à chaud ou à froid.
A très vite,
Lucile de TMN
 PS  RĂ©servez dès maintenant votre soirĂ©e du 31 octobre : dans le cadre du festival Pariscience, TheMetaNews animera une table ronde suite Ă la projection d’un intriguant documentaire sur le monde de la recherche, The World of Thinking. On vous tient « au jus ». |
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Au sommaire de ce numéro
- Les chercheurs doivent-ils contrôler leur parole ?
- Laurent Mucchielli s’explique
- Un outil intègre
- Des infos en passant
- Votre revue de presse express
- Et pour finir avec les Ig Nobel
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A partir de ce point, cinq minutes de lecture
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Les chercheurs peuvent-ils tout dire ? |
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Libres de s’exprimer, les chercheurs ne doivent pas oublier la responsabilitĂ© qui accompagne leur autoritĂ© naturelle. L’affaire Mucchielli rappelle ce dilemme. |
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En vitrine. Mais au delà des questions de compétence et de légitimité, le problème que pose le cas de Laurent Mucchielli au CNRS est que ses travaux n’ont pas été soumis à la communauté : « C’est problématique de voir sur le site internet du laboratoire LAMES des articles présentés comme scientifiques alors qu’ils ne le sont pas. »
« C’est problĂ©matique de voir des articles prĂ©sentĂ©s comme scientifiques alors qu’ils ne le sont pas »
Pas d’exception. Pour l’informaticien Jean-Gabriel Ganascia, il y a clairement un manquement aux règles dĂ©ontologiques : « Il faut distinguer l’avis du scientifique, justifiĂ© par des procĂ©dures propres Ă chaque discipline, de ses opinions personnelles. Et le problème n’a rien Ă voir avec la sociologie, qui n’échappe pas aux règles de relecture par les pairs. »
RĂ©flexivitĂ©. « Aujourd’hui, il n’y a plus de discussion scientifique possible car Laurent Mucchielli est sorti du cadre acadĂ©mique », dĂ©plore un des auteurs, Arnaud Saint-Martin. « Il est important de distinguer la posture de recherche de celle de l’investigation quasi journalistique et d’avoir l’honnĂŞtetĂ© de situer son point de vue », affirme le sociologue.
« Il est important d’avoir l’honnĂŞtetĂ© de situer son point de vue »
LibertĂ© avant tout. Mais pas de sanction en vue pour Laurent Mucchielli : « Le CNRS veut prĂ©server la libertĂ© d’expression des chercheurs et ne souhaite pas faire la police », explique Jean-Gabriel Ganascia. Le Comets prĂ©pare cependant un avis sur la communication scientifique en temps de crise sanitaire… et les devoirs des chercheurs Ă cet Ă©gard.
Chapeau ou béret. Avec toujours cette idée de séparer explicitement les casquettes, confirme le président du Comets : « Les chercheurs ont la liberté d’argumenter, en tant que chercheur, au sein de la communauté scientifique. Ils ont également la liberté d’exprimer leurs opinions dans le débat public mais en tant que simple citoyen, en précisant qu’ils s’expriment à titre personnel. »
 Diversion  L’affaire a pris Ă©galement un tour politique : les polĂ©miques sur l’islamo-gauchisme sont encore prĂ©sentes dans les esprits. « La sociologie est constamment contestĂ©e et cette affaire n’aide pas. Il y a un dĂ©sir de contrĂ´le de la parole face Ă un agenda politique, ainsi qu’une mauvaise foi de la part de ceux qui dĂ©noncent la cancel culture », analyse Arnaud Saint-Martin. « Et pendant ce temps, les bonnes enquĂŞtes – c’est-Ă -dire l’Ă©crasante majoritĂ© des productions – sont oblitĂ©rĂ©es. »
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Chronologie de
l’affaire Mucchielli
 Début août  Mediapart supprime un article du blog de Laurent Mucchielli hébergé sur sa plate-forme portant sur la mortalité des vaccins contre la Covid. Le sociologue, chercheur au CNRS, crie à la censure.
 Mi-août  L’histoire s’envenime sur les réseaux sociaux ainsi qu’à l’intérieur de la communauté scientifique, via les médias. Huit sociologues – dont les fameux Gérald Bronner ou Nathalie Heinich – dénoncent dans le Monde une manipulation des données et un positionnement idéologique.
 Fin aoĂ»t  L’affaire prenant de l’ampleur, le CNRS, qui avait seulement pris ses distances sur Twitter, finit par rĂ©agir officiellement mais sans citer le sociologue. Il « dĂ©plore les prises de position publiques de certains scientifiques, souvent plus soucieux d’une Ă©phĂ©mère gloire mĂ©diatique que de vĂ©ritĂ© scientifique, sur des sujets Ă©loignĂ©s de leurs champs de compĂ©tences professionnelles, comme par exemple sur la vaccination contre la Covid. »
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« Par définition, on s’éloigne ici du « travail académique » » |
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Directeur de recherche au CNRS, le sociologue Laurent Mucchielli, au cĹ“ur d’une polĂ©mique impliquant ses prises de position, a acceptĂ© de rĂ©pondre Ă nos questions par Ă©crit. |
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Pourquoi intervenir en tant que sociologue sur les questions liées à la Covid-19 ?
C’est la question posée par les influenceurs type « No fake med » qui sont très dérangés par mes propos critiques sur l’industrie pharmaceutique. Pour essayer de me faire taire, ils ont harcelé mon institution (le CNRS) par le biais de Twitter et ont réussi à alerter la direction générale. L’idée selon laquelle je serais « sorti de mon domaine » ne tient pourtant pas la route. Comme indiqué en toutes lettres sur le site Internet de mon laboratoire, je travaille sur « la gestion politico-sanitaire de la crise du Covid », ce qui constitue un objet de sciences sociales parfaitement légitime.
Votre sĂ©rie d’articles de blog est-il un travail acadĂ©mique de sociologie ?
Je mène une enquête « à chaud » et qui se situe dans une controverse puisque j’ai critiqué la gestion de la crise par le pouvoir politique dès le mois de mars 2020, en soutenant en retour la stratégie dépister-isoler-soigner de l’IHU de Marseille, ce qui déplaît donc à la fois au gouvernement et aux influenceurs de Big Pharma. Par définition, on s’éloigne ici du « travail académique ». Il s’agit plutôt de ce qu’Edgar Morin appelle une sociologie du présent, que je pratique notamment avec les outils de la sociologie critique de Pierre Bourdieu. Et ce n’est pas la première fois, je l’avais déjà fait avec les émeutes de 2005 par exemple. Et avec un travail d’équipe, comme aujourd’hui. Sur mon blog de Mediapart, j’ai ainsi publié ou interviewé 35 collègues universitaires et médecins.
Faut-il prendre plus de prĂ©caution lorsqu’on parle d’un sujet sensible tel que la vaccination ?
J’ai l’habitude de travailler sur la criminalité voire le terrorisme, sujets également très sensibles du fait de leur politisation et de leur médiatisation. Je dis toujours ce que je crois être juste, et il se trouve que cela contredit souvent les discours des ministres de l’Intérieur ou des syndicats de police. Mais auparavant tout le monde trouvait normal, et même souhaitable, qu’un chercheur puisse contredire le discours sécuritaire. Pourquoi est-ce que là , tout d’un coup, ce serait interdit ?
Lorsqu’on est chercheur, est-il souhaitable d’exprimer ses opinions publiquement ?
Le fait mĂŞme de se poser cette question est pour moi un signe de la rĂ©gression dĂ©mocratique que nous vivons. Il faut connaĂ®tre le droit. L’indĂ©pendance et la libertĂ© d’expression des universitaires sont protĂ©gĂ©es par la loi du 26 janvier 1984, confortĂ©e par la dĂ©cision n°83-165 du Conseil Constitutionnel. En outre, dans sa « Recommandation concernant la science et les chercheurs scientifiques », en novembre 2017, l’UNESCO a rappelĂ© que cette libertĂ© d’expression « se trouve au cĹ“ur mĂŞme du processus scientifique et constitue la garantie la plus solide de l’exactitude et de l’objectivitĂ© des rĂ©sultats scientifiques ». La science, c’est le dĂ©bat contradictoire. La pensĂ©e unique, c’est toujours de l’idĂ©ologie.
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Un outil dans la boîte
Intégrité, quand tu nous tiens |
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 Le B A BA  Le Mooc Intégrité scientifique dans les métiers de la recherche rempile pour une cinquième année. Mis en place par l’université de Bordeaux, il comporte seulement quatre heures par semaine sur quatre semaines. Les jeunes et moins jeunes n’ont donc aucune excuse pour ne pas s’y inscrire ! |
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 Des infos en passant  Réaliser un court-métrage scientifique en 48h chrono, en binôme avec un réalisateur ? C’est le principe du programme Symbiose de Pariscience, auquel vous pouvez candidater jusqu’au 4 octobre //////// Revues prédatrices, comment les reconnaître ? Que faire si vous avez soumis un article ? Le « centre de journalologie » soutenu par l’université d’Ottawa met en ligne une plateforme de ressources qui répondra à vos questions (via la Rédaction Médicale) //////// |
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//////// Pouvoir simplement partager en ligne puis consulter les prĂ©sentations d’une confĂ©rence, c’est la promesse de Cassyni, nouvelle plateforme soutenue par l’universitĂ© nĂ©o zĂ©landaise Victoria de Wellington. Explications sur le blog de LSE //////// Après les articles, les livres en open access : cinq recommandations de cOAlitionS pour l’ouverture des ouvrages acadĂ©miques //////// Si, comme nous, vous aviez ratĂ© l’info : deux chercheurs du MIT ont mis au point un algorithme prĂ©disant le succès des publications – l’impact comme c’est Ă la mode de le dire –  et l’ont publiĂ© dans Nature Biotechnology en mai dernier //////// |
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