🔶 La résistible ascension de l'hydrogène


21 octobre 2020 /// l’actu de l’inno 
Un espoir
plus lĂ©ger que l’air

Quand les passagers de l’Hindenburg y pĂ©nĂ©traient, les fumeurs devaient dĂ©poser Ă  l’entrĂ©e briquets et allumettes et le seul briquet de ce dirigeable Ă  hydrogène Ă©tait disponible dans son coin fumeur (car il y en avait un). Toute une Ă©poque.
Aujourd’hui, l’hydrogène et sa filière industrielle sont au cĹ“ur de tous les espoirs : rĂ©duire les gaz Ă  effet de serre en se dĂ©plaçant de manière moins polluante, mĂŞme si toutes les peurs liĂ©es Ă  la sĂ©curitĂ© n’ont pas disparu.
Cette technologie presque bicentenaire a de beaux jours devant elle, Ă  condition de rĂ©soudre certains problèmes. Heureusement, des chercheurs s’y attellent.

Bonne lecture,
Laurent de TheMetaNews
PS. Envie de Deeptech ? Ecoutez-moi prĂ©senter les Ă©tapes du Deeptech tour de PSL et de l’UniversitĂ© de Paris aujourd’hui et demain.


Envie de quantique ? Envie d’inno ? Elodie Chabrol a rencontrĂ© ThĂ©au Peronnin, fondateur d’Alice&Bob, une start-up dans le vent. Episode n°3 du DĂ©clic #Deeptech.

La recherche passée aux rayons X
L’hydrogène prend son envol
Tous les indicateurs sont au vert pour l’hydrogène mais les chercheurs ont de nombreux dĂ©fis Ă  relever.


Un avion zĂ©ro Ă©mission, on n’y est pas

Renaissance… mĂ©diatique. Ces derniers mois ont Ă©tĂ© chargĂ©s en actu pour la filière hydrogène : un plan ad hoc de la Commission europĂ©enne, tout un chapitre dans FranceRelance avec 7 milliards d’euros dans le plan français jusqu’en 2030. Mais la recherche n’a jamais cessĂ©.
CompĂ©tition internationale. L’Hexagone essaie donc de tenir la course mondiale — la CorĂ©e, l’Espagne ou l’Allemagne viennent de publier leur feuille de route. Les rĂ©ticences Ă  utiliser Ă  fond cette technologie existent pourtant encore dans notre pays, analyse Olivier Joubert, un des meilleurs spĂ©cialistes français du sujet.
Les forces en prĂ©sence. En France, l’effort de recherche est portĂ© par les structures suivantes, Ă  la fois publiques et privĂ©es : le CNRS (28 laboratoires et 270 personnes) et le CEA d’un cĂ´tĂ© (le Liten Ă  Grenoble en tĂŞte ainsi que Saclay ), les grands acteurs du privĂ© de l’autre (Air liquide, EDF et Engie ainsi que Michelin, Faurecia, Airbus ou Renault).
CrĂ©dits fondamentaux. Sur les 7 milliards annoncĂ©s par le gouvernement, 65 millions devraient ĂŞtre affectĂ©s Ă  la recherche fondamentale par le bais d’appels Ă  projet de l’ANR. Une très bonne nouvelle pour Olivier Joubert, qui prĂ©cise que tout se jouera sur le calendrier de ce financement : deux ans comme cela est pressenti, trois ans… ou plus ?
Naissance d’une filière. L’Ademe a elle d’ores et dĂ©jĂ  dĂ©gainĂ© son appel Ă  projets pour le financement de dĂ©monstrateurs (275 millions d’ici Ă  2023). Comme le faisait remarquer l’AcadĂ©mie des technologies en juin dernier : « Je crois que l’eau sera un jour employĂ©e comme combustible ». Cette phrase est signĂ©e Jules Verne et date de 1874. Bienvenue dans le futur.


Un chiffre plutĂ´t qu’un long discours
 10 kg de CO2 
L’hydrogène zĂ©ro carbone ? On n’y est pas encore. En effet, la production d’un kilo d’hydrogène produit en moyenne dix fois son poids en dioxyde de carbone. La production d’« hydrogène vert » est un enjeu de cette filière et l’innovation est active en ce domaine (lire Ă©galement notre Trois questions Ă … )


Ca peut vous intĂ©resser //////////// Rien Ă  avoir avec l’hydrogène : le gĂ©ant chinois des Telecom (et grand concurrent de Google) Huawei ouvre un centre de recherche Ă  Paris //////////// Les inscriptions pour le webinar du concours d’innovations liĂ©es au spatial ActinSpace viennent d’ouvrir, cliquez si vous avez la tĂŞte dans les Ă©toiles ///////////


Trois questions Ă … Erwan Pannier
« Il faut décarboner les usages existants »


Ce jeune chercheur, fondateur de Spark Cleantech, veut transformer l’hydrogène en hydrogène vert.


De l’H2 oui mais de l’H2 vert.

Quel est le principe de Spark Cleantech en deux mots ?
Produire de l’hydrogène à partir de biogaz issus des déchets grâce à une technologie de plasma froid – de la foudre en boîte ! Développée pendant ma thèse, cette technologie permet de casser les molécules de CO2 sans les chauffer. Au sein de Spark Cleantech, nous utilisons ces plasmas froids pour en extraire l’hydrogène à partir de mélange CO2 – CH4 [du méthane, NDLR], avec trois fois moins d’électricité qu’un électrolyseur. Aujourd’hui, notre objectif est de déployer un démonstrateur de la taille d’une station-service à horizon 2023.

Quel regard portez-vous sur l’engouement actuel pour l’hydrogène ?
Les vrais enjeux de l’hydrogène vert sont de décarboner les usages existants. Même s’il y a un vrai potentiel sur la mobilité. En effet, l’hydrogène est utilisé partout – production d’engrais azotés, nettoyage du soufre de nos carburants, en chimie, etc – et aujourd’hui, l’immense majorité provient du gaz fossile et du charbon. C’est pourquoi nous voulons permettre la production de l’hydrogène localement, sur site, pour les petits usages industriels… et alimenter quelques flottes de bus et camions au passage !
 
Est-ce facile de trouver des investisseurs qui partagent votre vision ?
Cela prend du temps. Prendre des risques et de les gérer fait partie du métier. Il faut convaincre les investisseurs sur la technologie mais aussi qu’ils aient envie d’investir sur un impact sociétal, environnemental… Avoir une vision à plus long terme – développer des technologies qui aient du sens dans notre cas – peut cependant les rassurer.

Propos recueillis par Lucile Veissier


LaurĂ©at du prix IPhD en 2019, Erwan Pannier vient tout juste de signer pour un programme de maturation avec la SATT Paris-Saclay. Son but, vous l’avez compris, est que l’hydrogène ait un impact Ă©cologique positif.


Ils parlent d’inno (alors on vous en parle)



Et pour finir
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C’est beau non ? C’est un cerveau de drosophile. Et ce qui est peut-ĂŞtre encore plus beau, c’est que toutes les donnĂ©es sont en libre accès !