đź”· Post Brexit, animal triste




10 novembre 2021 | La recherche et sa politique
Le corps
des chercheurs

Droit de suite. La note de la Cour des comptes que nous relayions la semaine dernière n’a pas laissĂ© indiffĂ©rent nos lecteurs, en particulier sur un point, sur lequel nous n’avions pas trop insistĂ©.
Jeu de quilles. Il s’agit de la disparition du corps des chercheurs au profit d’un statut unique d’enseignant-chercheur, dĂ©positaire d’une mission d’enseignement. Un serpent de mer de l’ESR.
Vox populi. Quant Ă  redonner de la lisibilitĂ© au système avec la suppression des unitĂ©s mixtes de recherche, cela fait sourire Cyril Buttay, l’un de nos lecteurs : 
« Mon laboratoire a quatre tutelles. Croire que supprimer le CNRS donnera Ă  l’universitĂ© « la dĂ©lĂ©gation de gestion pleine et entière des UMR » (…) est simplement faux : au lieu d’avoir quatre patrons, nous en aurons trois, chacun dĂ©limitant jalousement son pĂ©rimètre. »
Pied de mail. Et Cyril d’enfoncer le clou avec cette anecdote (que nous vivons tous les jours Ă  TMN) : 
« Si le problème est la lisibilité des UMR, je ne suis pas sûr que le problème soit lié au CNRS. Jugez en plutôt par la signature que nous devons mettre dans nos publications: « Univ Lyon, INSA Lyon, Université Claude Bernard Lyon 1, Ecole Centrale de Lyon, CNRS, Ampère, UMR5005, 69621 Villeurbanne, France »
Qui dit mieux pour la signature, au fait ?
Keep calm & science hard,
Laurent de TheMetaNews


Le programme du jour
  • Des infos en peu de mots (dont un dĂ®ner Ă  l’ElysĂ©e)
  • Les Anglais rĂ©intègreront-ils Horizon Europe ?
  • Le Journal officiel au pas de course
  • Votre revue de presse express
  • Et pour finir sur Arrakis



A partir d’ici 5 minutes entactogènes


 Des infos en peu de mots  Un comitĂ© de soutien Ă  la candidature d’Olivier Coutard Ă  la prĂ©sidence du CNRS s’est formĂ© ////////// A l’agenda d’Emmanuel Macron demain Ă  20h15, un dĂ®ner avec des universitaires et intellectuels spĂ©cialisĂ©s sur le numĂ©rique. Vous en serez ? Racontez nous ////////// Le SĂ©nat a installĂ© une commission d’enquĂŞte sur “l’influence croissante des cabinets de conseil privĂ©s sur les politiques publiques”, Ă  la demande du groupe communiste, rapporte Politico ////////// La vice-prĂ©sidente amĂ©ricaine Kamala Harris Ă©tait en visite officielle Ă  l’institut Pasteur hier, une sĂ©quence d’un programme de cinq jours dans l’Hexagone. L’affaire des sous-marins australiens n’y est pas pour rien //////////


Trois questions Ă … Jeanick Brisswalter


« Le Brexit est une chose, la science en est une autre »


Le prĂ©sident de l’UniversitĂ© CĂ´te d’Azur est un des signataires de l’appel Ă  rĂ©intĂ©grer le Royaume-Uni dans Horizon Europe.


Si vous avez ratĂ© le dĂ©but. Quand on parle des 95,5 milliards d’euros de financement d’Horizon Europe (comprenant les ERC ou les bourses Marie Curie), le cas des Anglais achoppe encore. MalgrĂ© un accord entĂ©rinĂ© fin 2020 avec l’Europe, l’accession du Royaume-Uni Ă  ce programme est aujourd’hui gelĂ©e, au grand dam des universitĂ©s europĂ©ennes, qui ont Ă©crit Ă  Ursula Von Der Leyen. Les paiements de certains chercheurs britanniques ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© bloquĂ©s.


Les Anglais sont sortis de l’UE mais voudraient toujours bénéficier d’Horizon Europe, ce n’est pas antinomique ?
Pour nous scientifiques, c’est le Brexit qui est antinomique. Nous réclamons que l’accord qui a été signé l’an passé soit mis en place aujourd’hui. Cela n’a que trop tardé. Cet accord permettait de continuer le travail en réseau à l’échelon européen avec nos collègues britanniques. Le retard accumulé a un vrai impact sur la recherche : empêcher le travail en réseau entre chercheurs diminue le potentiel scientifique de l’Europe. Historiquement, il n’y a aucune distinction entre les chercheurs britanniques et européens : plusieurs milliers de Français exercent au Royaume-Uni et inversement. Toutes les compétences européennes doivent être réunies : le Brexit est une décision politique, la science fonctionne autrement.

Pourquoi être intervenus en tant qu’universités ?
Il y a urgence Ă  recrĂ©er des ponts avec les collègues britanniques. Toutes les alliances des universitĂ©s de recherche intensive, ainsi que nous Udice — qui reprĂ©sente les Idex français — se sont positionnĂ©es sur le sujet [lire leur plaidoyer, NDLR]. Certains projets ou certains financements ne pourront ĂŞtre obtenus conjointement si nous dispersons nos forces. La puissance scientifique de notre continent tient Ă  ses chercheurs… et au fait que les Britanniques n’aillent pas collaborer avec les Etats-Unis ou d’autres pays. Pour l’instant, nous n’avons pas de rĂ©ponse de la Commission europĂ©enne mais le temps de la politique europĂ©enne est long alors nous attendons.

Quels effets tangibles ont ces blocages institutionnels ?
Il y a eu une migration encore limitĂ©e de collègues anglais titulaires d’un ERC vers les universitĂ©s europĂ©ennes pour pouvoir continuer Ă  bĂ©nĂ©ficier de cet environnement. Par exemple, deux chercheurs anglais nous ont rejoint Ă  l’UniversitĂ© CĂ´te d’Azur en un an. La date butoir approche : les programmes Horizon Europe arrivent très vite, nous devons pouvoir Ă©marger Ă  ces programmes avec le Royaume-Uni et la Suisse, exactement pour les mĂŞmes raisons.


Vous voulez réagir ?

  Le Journal officiel au pas de course  L’arsenal RH prĂ©vus par la Loi Recherche est bientĂ´t au complet avec la sortie des contrats de mission scientifique et des contrats post doctoral de droit public (et de leur rĂ©munĂ©ration). Manque toujours les fameuses chaires de professeur junior, on les attend pour un numĂ©ro spĂ©cial /////// L’universitĂ© Rennes-I est autorisĂ©e Ă  accepter le legs consenti par Euphrosine Altier /////// Diverses radiations et dĂ©mission (lĂ , lĂ , lĂ ), rĂ©intĂ©gration (lĂ ), titularisation (lĂ , lĂ , lĂ ), intĂ©gration (lĂ ) et nomination en tant que professeurs associĂ©s /////// On connait la promo 2021-2022 de l’IHEST /////// De nombreuses places sont Ă  pourvoir au sein du Conseil national de la recherche scientifique /////// Egalement des vacances de sièges au sein des conseils scientifiques de certains instituts du CNRS (avant le 06 dĂ©cembre 18h) /////// 


 Ils refont leur carte de visite  Une fournĂ©e de nominations au conseil d’administration du CNRS en tant que personnalitĂ©s qualifiĂ©es, dont Bruno Maquart (Universcience) et Paul-François Fournier (BPIfrance) /////// Sophie Fermigier et Delphine Pagès-El Karoui ont Ă©tĂ© nommĂ©es au conseil d’administration du CNED /////// Jean-François Pinton est renouvelĂ© Ă  la prĂ©sidence du CA de l‘Institut des hautes Ă©tudes pour la science et la technologie /////// Étienne Desmet est nommĂ© directeur gĂ©nĂ©ral des services (DGS) de l’universitĂ© de Reims Champagne-Ardenne pour quatre ans /////// La place de directeur de l’Institut national des sciences appliquĂ©es Centre-Val de Loire est vacante (suite Ă  cette triste affaire) /////// Patrick Duvaut a Ă©tĂ© nommĂ© vice-prĂ©sident de l’UniversitĂ© Paris-Saclay, en charge de la Fondation Paris-Saclay Université /////// 


Votre revue de presse express


  • Mea pas culpa. L’audition de Didier Raoult devant l’Ordre des mĂ©decins est-il le procès de la recherche ? C’est le cas, Ă  entendre le principal intĂ©ressĂ© qui avoue dĂ©jĂ  « manquer de modestie », rapporte BFM-TV. Un bon dĂ©but mais un dĂ©but seulement.
  • No pasaran. Sale temps pour 31 scientifiques mexicains, qui risquent d’ĂŞtre envoyĂ©s en prison pour d’amphigouriques raisons administratives. Leur principal crime, semble-t-il ? Critiquer la politique scientifique du gouvernement, rapporte Slate.
  • Mad in Brasil. 21 chercheurs brĂ©siliens ont refusĂ© la mĂ©daille de l’Ordre national du mĂ©rite scientifique que leur prĂ©sident Jair Bolsonaro devait leur remettre. Le tout en soutien Ă  deux de leurs collègues qui en ont Ă©tĂ© privĂ©s pour avoir notamment Ă©mis des doutes sur l’efficacitĂ© de la chloroquine, rapporte l’AFP. Ordem e progresso, qu’ils disaient.


Et pour finir

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Cette planète, dont une Ă©quipe de climatologue a simulĂ© le climat, est imaginaire. Il s’agit d’Arrakis, issue du roman Dune de Frank Herbert, rĂ©cemment rĂ©adaptĂ© au cinĂ©ma par Denis Villeneuve. Et, oui, y survivre mĂŞme par 70°C Ă  l’ombre serait possible. (via The Conversation)