Doctorant en sociologie via le dispositif Cifre, Adrien Lusinchi est le nouveau président de l’association AdCifreSHS. Quelle est la particularité des thèses Cifre en SHS ? Les SHS sont très larges et on trouve des situations très diverses qui vont d’une thèse en gestion dans un grand groupe ou au sein d’une équipe de R&D conséquente, à un doctorat en sociologie dans une collectivité territoriale, axée sur du travail opérationnel. Mais, en général, les organisations ne connaissent que très peu le monde de la recherche. Il y a donc parfois de grands écarts entre les préoccupations des organisations et celles de l’académie. En quoi cela pose problème pour les doctorants ? On doit se forger plusieurs identités professionnelles. Au temps long de la recherche s’oppose celui des organisations, plus rapide et plus opérationnel. De plus, on ne s’adresse pas de la même manière dans nos productions écrites, à l’organisation qui accueille le doctorant ou à l’université. Certains éléments déplaisent aux premiers et cela risque de générer des tensions. Est-ce que les conflits sont fréquents ? Ils ne sont pas rares et je dirais même qu’ils sont quasiment systématiques – sans forcément devenir graves s’ils sont négociés. Ces conflits peuvent par exemple trouver leur source dans les publications, pour lesquelles il faut l’accord de l’organisation. Celle-ci peut juger des éléments potentiellement préjudiciables et préférer ne pas prendre de risque en n’autorisant pas la publication. D’autres conflits trouvent leur origine dans la définition du travail et sa répartition entre le laboratoire et l’employeur, celui-ci jugeant parfois qu’une tâche correspondra à un travail de recherche alors que ce n’est pas le cas. Comment l’association AdCifreSHS aide les doctorants ? Pour désamorcer les conflits, la directrice ou le directeur de thèse est la personne clé. Mais parfois, la présence d’un troisième acteur est nécessaire et AdCifreSHS compte jouer ce rôle, en plus de renseigner les doctorants sur des points précis comme le droit des Cifre. L’objet de l’association est d’animer un espace d’échange, d’accompagner les doctorants, avant, durant et après leur Cifre et enfin d’informer autour de la recherche-action, pour laquelle le dispositif Cifre est propice. |
Hélène Gispert : « L’absence des femmes aux Nobel n’est que la partie émergée de l’iceberg »
Les femmes sont encore une fois les grandes perdantes de cette série de Nobel 2024. Faut-il s'en indigner ? En effet, si l’on regarde les cinq dernières années, sur les trois prix de médecine, physique et chimie, 29 hommes et seulement six femmes ont été récompensés....