Toujours se méfier des faux dieux. |
Combattre les fausses infos scientifiques, c’est l’objectif de la nouvelle association Citizen4Science. Défendre la bonne cause. « On assiste à une perte de repère de la population par rapport à la fausse science, visible sur les réseaux sociaux », témoigne Mathieu Molimard, professeur en pharmacologie dans la vie. Ce constat est partagé par ses cinq acolytes, tous du domaine de la santé, à l’origine du projet Citizen4Science. Tous se sont rencontrés sur Twitter avec un leitmotiv : « On a assez piétiné la science ». Diffuser la « bonne » parole. Ainsi est née l’association Citizen4Science (C4S pour les intimes) en décembre dernier. Si le nom évoque les sciences participatives (citizen science en anglais), l’approche est plutôt à sens unique. « Il y a deux volets : l’un de vulgarisation – restituer la bonne science – et le second de communication – par exemple éduquer les journalistes aux bonnes pratiques », explique sa présidente, Fabienne Pinson, docteure en pharmacie. Sortir de sa bulle. Sans leur être destinée, l’initiative Citizen4Science s’adresse également aux chercheurs. « Je n’aurais jamais cru devoir faire ça [monter l’association, NDLR], c’est bien de faire de la science, c’est mieux de la faire connaître (…) entre scientifiques, on vit dans un cocon », explique Mathieu Molimard, qui précise que l’explosion des pseudo-sciences et des théories conspirationnistes ont servi de déclencheur. Quoi de nouveau ? Citizen4Science n’est pas la première initiative de la sorte. Qu’offre-t-elle de plus ? « Il s’agit d’une plateforme ouverte à tous et sur toutes les disciplines », répond Mathieu Molimard. Si l’association démarre dans un contexte marqué par la Covid-19 et sa vaccination, elle souhaite s’attaquer à d’autres sujets « sous l’impulsion d’une prof de SVT branchée climat », raconte Fabienne Pinson. Ouvert à la critique ? En pratique, ce sont des actions de sensibilisation, des événements, ou des formations proposées par des bénévoles de l’association. Un forum privé permettra également aux membres actifs de discuter de science. Mais « accueilleront-ils des propos critiques au nucléaire ou aux biotechnologies ? », s’interroge Yves Sciama, président de l’association des journalistes scientifiques (AJSPI). Science unique = danger ? Pour le journaliste, les initiatives prétendant défendre « la » science méritent quelques précautions. Yves Sciama s’explique : « Comment dire quelle est la “bonne science” ? Il n’y a pas une science mais des sciences ». Deux disciplines abordent le même problème avec des prismes différents et peuvent ne pas tomber d’accord. De plus, « il se cache souvent derrière [ces initiatives, NDLR] une idéologie scientiste, très présente dans l’industrie », analyse Yves Sciama. Reste maintenant à Citizen4Science à faire ses preuves. |
Des bénévoles désintéressés ? S’il se pose la question de la légitimité des intervenants, celle des leurs conflits d’intérêt mérite également d’être évoquée. Deux des fondateurs de Citizen4Science sont en effet cadres de l’industrie pharmaceutique. Pour Mathieu Molimard, « pas de problème tant que c’est transparent ». Fabienne Pinson estime quant à elle qu’il faut être « inclusif sur toute la chaîne de santé, du citoyen à la recherche académique en passant par l’industrie pharmaceutique ». La présidente assure qu’il y aura une gestion des conflits d’intérêt au sein de cette association à but non lucratif qui sera financée par les cotisations de ses membres (à partir de 20 euros par an) et des subventions publiques. |