25.05.2022 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE
Un peu de goujaterie vintage
Fumée blanche. Cela a été beaucoup répété, nous n’y reviendrons pas : Elisabeth Borne est la seconde femme à occuper le poste de Première ministre en France après les onze mois de chemin de croix d’Edith Cresson il y a tout juste trente ans.
Vieille école. L’histoire retiendra qu’un futur ministre de la Recherche alors député, François d’Aubert, l’avait accueillie d’un « Voilà la Pompadour » à l’Assemblée, comme elle l’a récemment narré au micro de France Info. C’était une autre époque.
Il faut que tout change… L’ambiance a évidemment changé lors la prise de fonction d’Elisabeth Borne et de Sylvie Retailleau, cette dernière succédant à une autre femme rue Descartes, Frédérique Vidal. Elle aussi issue de la société civile, elle aussi présidente d’université.
… Pour que rien ne change ? Passée cette anecdote, la nomination de Sylvie Retailleau, saluée par beaucoup, décriée par certains ou inversement, symbolise l’accélération de la politique menée ces cinq dernières années. C’est l’objet de notre analyse du jour.
A très vite,
— Laurent de TheMetaNews.
PS
| Une réaction ? Nous la publierons. N’oubliez pas que les colonnes de nos courriers des lecteurs vous sont ouvertes. Il suffit de nous écrire et de nous livrer le fond de votre pensée. |
Sommaire
→ ANALYSE Passation et questions rue Descartes
→ LA VIE DE L’ESR Le Journal officiel passé au crible
→ BRÈVES Un chercheur à l’éducation, un soupçon de Nupes
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Une illusion d’optique
| TEMPS DE LECTURE : 5 MINUTES |
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ANALYSE
Ceci est la recherche, livrée pour vous
Sylvie Retailleau se bornera-t-elle à assurer le service après vente de la loi Recherche ?
Fumée blanche. On y est. Après un mois d’attente et pas mal de tergiversations, voici votre nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (mais pas de l’innovation) : Sylvie Retailleau. Au petit jeu des portefeuilles ministériels, nous ne l’avions pas vu venir. Mais force est d’avouer que sa nomination a la force d’une évidence tant elle incarne une forme de continuité, elle qui a cosigné un des rapports préliminaires de la Loi de programmation de la recherche (LPR) dès 2019.
« Shanghai incarne une forme d’excellence, certes, mais ne résume pas tout »
Sylvie Retailleau, interviewée par TMN en 2020
| ◆ OÙ EST PASSÉE L’INNOVATION ? ◆ |
| Trop tôt pour tirer des conclusions puisque les décrets d’attribution ministériel ne sont pas encore sortis mais on retiendra de l’intitulé du portefeuille de Sylvie Retailleau que l’Innovation n’y figure pas, contrairement à celui de Frédérique Vidal. Et ce même si la principale intéressée a bien précisé que l’innovation était dans ses prérogatives lors de sa prise de fonction. Est-ce le signe d’une reprise en main par Bercy du sujet ? On se rappelle que le spatial avait échappé aux mains du ministère de la Recherche il y a deux ans. Le Centre national d’études spatiales (Cnes) connait aujourd’hui des soubresauts suite à ce changement de tutelle. Numéro spécial la semaine prochaine ! |
EXPRESS
C’est la vie de l’ESR
→ Le journal officiel au pas de course. Deux commissions représentant le personnel (CR et DR d’un côté, ingénieurs et consorts de l’autre) sont créées à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) au lieu des six prééxistantes • Idem à l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) • Et rebelote à l’Institut national d’études démographiques (Ined) • Des dérogations à la parité stricte dans certaines sections du Conseil national des universités (CNU) en maths, informatique, génie électrique… faute de prétendantes, on imagine • Cinq postes de chargés de recherche de classe normale sont créés à l’Inrae • Les sanctions pleuvent à la section disciplinaire du Cneser : une affaire longue et complexe de violences sur fond d’occupation d’amphis, une seconde entre un étudiant et son enseignant à l’université de Bretagne Ouest, une troisième sur une altercation entre deux étudiants •
→ Ils changent leur carte de visite. Puisque ce numéro est un spécial remaniement, voici la composition officielle de la nouvelle équipe gouvernementale ; les décrets concernant les équipes ministérielles ne vont pas tarder même si certaines têtes sont déjà connues : Olivier Ginez, Mathieu Landon… • Delphine Gardette est nommée directrice générale des services (DGS) de l’École centrale de Lyon • Yves Flückiger, recteur de l’université de Genève, a été élu le 21 mai dernier président de la Ligue européenne des universités de recherche (LERU) •
EXPRESS
Pendant ce temps dans la recherche
→ Un pair à l’éducation. Et puisqu’un peu de corporatisme ne fait pas de mal, on vous rappelle la nomination, beaucoup plus commentée que celle de Sylvie Retailleau sauf son respect, d’un chercheur à l’Éducation nationale, en la personne de Pap n’Diaye. Ce professeur à Sciences po de l’histoire sociale aux États-Unis a été vertement accueilli par l’extrême-droite, notamment.
→ Bis repetita. Il apparait que nous avons encore oublié un représentant de la communauté des chercheurs parmi la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes), en la personne de Pierre-Yves Cadalen (2e circo du Finistère) et de sa suppléante Marie Mesneur (doctorante en sociologie), même si nous n’avons pu recouper la deuxième info. Merci à notre vigilante lectrice de l’Ifremer.
→ Nupes, toujours. Le programme commun de l’alliance de gauche propose une série de mesures ad hoc sur la recherche : financement à hauteur de 1,5% du PIB (soit un doublement) de la recherche publique, remplacer le Hcéres, protéger les jeunes chercheurs, etc.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Les commentateurs commentent. Pluie fine d’articles pour commenter les mouvements rue Descartes, dont celui d’Olivier Monod dans Libération qui voit un changement dans la continuité au Mesr (sans le i, donc). Même son de cloche du côté du Monde sous la plume de David Larousserie et Soazig Le Nevé pour qui Sylvie Retailleau incarne la réussite d’un certain modèle d’université, qui ne convainc pas tout le monde, vous vous en doutez.
→ Le temps pas si long. Une interview du directeur général de l’Inserm sur Europe 1, Gilles Bloch (et non Boch) : ce dernier y revient sur le Covid et l’accélération subite de la recherche que nous avons tous vécue ces deux dernières années.
→ L’Europe, l’Europe. Chercher en France est une chose, chercher en Europe en est une autre. Guichets, financements, projets, les alliances internationales se montent-elles au rythme voulu par nos hiérarques bruxellois ? Le journaliste Martin Clavey dresse un tour d’horizon pour EducPros.
→ MacJobs. Les doctorants en biologie sous le seuil de pauvreté ? Un article de Nature tire la sonnette d’alarme aux États-Unis, d’après une étude réalisée au niveau national par deux doctorants. 2% à peine des 178 institutions passées au crible garantiraient des revenus décents…
→ De près, on se comprend mieux. La National science foundation américaine lance un programme d’investissement baptisé NSF engines doté de 160 millions de dollars (ce qui semble assez peu) pour booster l’innovation dans les régions, rapporte Science.
ILLUSION D’OPTIQUE
Et pour finir…
Et si la récente photo du trou noir au centre de la galaxie n’était pas du tout ce que vous croyez ?