Vous avez sensibilisé par une lettre ouverte France Universités et la présidence du CNRS, quel en était le but ?
Nous avons effectivement diffusé une lettre la semaine dernière auprès de nos collègues : elle s’est peu à peu transformée en une sorte de pétition et nous l’avons envoyée hier à ses destinataires, signée par 639 collègues de toutes disciplines. Des groupes de chercheurs et d’enseignants-chercheurs s’organisent pour pouvoir accueillir des confrères ukrainiens, russes et bélarusses et recenser les capacités d’accueil dans les laboratoires.
Quels sont les blocages pour l’accueil de ces collègues ?
Deux problèmes majeurs se posent aujourd’hui : la procédure d’obtention des visas pour la France est lourde et changeante, des dossiers sont refusés sans raison claire. Le second est celui du financement. Le programme PAUSE – Solidarité Ukraine dispose de 500 000 euros, ce qui permet de prendre en charge au mieux une cinquantaine de chercheurs ukrainiens pour trois mois. Or nous devons probablement nous attendre à 20 à 30 fois plus de demandes émanant des trois pays, même s’il est encore trop tôt pour en connaître le nombre exact.
Quels sont les moyens nécessaires ?
Les universités et les organismes de recherche ne seront pas en mesure de financer leur accueil, une subvention exceptionnelle de l’État est nécessaire. Les entreprises qui touchent le Crédit d’impôt recherche pourraient éventuellement envisager de verser une partie de leur crédit (3% ou 4%) à la fondation PAUSE qui peut recevoir des dons. Il y aurait, pour ces entreprises qui sont les plus investies dans la recherche, un gain de réputation et un bénéfice scientifique important : on sait que la recherche fondamentale féconde la recherche appliquée et inversement. Ces collègues qui travailleront un certain temps dans nos universités apporteront beaucoup à la recherche française.