L’équipe des auteurs : Florian Besson, Pauline Ducret, Guillaume Lancereau et Mathilde Larrère, quatre historiens chacun spécialiste d’une période de l’histoire distordue par le Puy du Fou.
Doctorante en histoire ancienne, Pauline Ducret a co-écrit Le Puy du Faux (Ed. Les Arènes), ouvrage analysant le détournement de l’histoire à des fins politiques par le célèbre parc d’attraction.
Comment en arrive-t-on à faire un livre sur le Puy du Fou ?
↳ L’idée originale de Florian Besson et de notre éditrice était d’écrire sur les usages politiques de l’histoire. Les exemples sont nombreux mais nous nous sommes très vite concentrés sur le Puy du Fou en observant la porosité entre ce parc d’attraction et de vraies rencontres scientifiques – des visiteurs enchaînent par exemple Les Rendez-vous de l’histoire de Blois avec une visite au parc. Nous aurions laissé passer si l’impact du parc était mineur mais le Puy du Fou est l’un des parcs les plus visités en France et projette l’ouverture de plusieurs autres sites ailleurs dans le monde, le lancement d’un train, le tournage d’un film…
En quoi le Puy du Fou pose problème aux historiens que vous êtes ?
↳ Le discours politique pose problème. On observe parfois des distorsions de l’histoire dans le but de divertir, comme ce peut être le cas au Parc Astérix qui a par ailleurs lui aussi fait l’objet d’études menées par des historiens. Mais au Puy du Fou, c’est très insidieux car la visée est clairement politique. Elle est d’ailleurs assumée par Philippe de Villiers qui, dès sa création du parc, annonçait vouloir rétablir “sa” vérité historique : l’idée d’une France catholique immuable, où les étrangers sont un danger et Dieu la solution. Non seulement cette vision est fausse mais elle donne l’image d’une histoire immobile, là où les historiens cherchent justement à mettre en lumière les évolutions.
Quel est l’objectif de votre livre ?
↳ Notre ouvrage se veut une sorte de manuel à destination des usagers du parc. Nous voulions souligner ses contradictions sans tomber dans le fact-checking, même si pour l’exercice nous avons passé un des spectacles au crible. Nous souhaitions également lancer un avertissement : derrière le divertissement se cache un sous-texte politique. Personnellement, j’aimerais que les écoles n’y envoient pas leurs classes car ces visites imprègnent : je peux en témoigner, j’y suis allée en tant qu’élève. Enfin, nous souhaitions montrer que nous n’étions pas opposés au divertissement en proposant des spectacles qui ne sont pas erronés au point de vue historique.
Et que répondez-vous aux critiques vous accusant d’avoir vous-mêmes une démarche politique ?
↳ Le choix d’étudier un discours de droite extrême peut en effet être perçu comme politique. Cependant, nous avons respecté une méthode scientifique. Bien sûr que vous avons nos opinions politiques, comme absolument tout historien ou historienne. Mais nous travaillons en suivant une méthode et la recherche de vérité, pas en fonction de nos idées.