Pour quel scénario voteriez-vous ?

22.09.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Et un, et deux, et trois degrés ?

Trop de réverb. Rester sous la barre des 1,5°C de réchauffement planétaire ? L’objectif semble déjà pratiquement hors de portée. Les annonces prévues du Président de la République en début de semaine prochaine changeront-elles la donne ? On vous laisse faire les paris.

Génération Greta. Les consciences s’animent pourtant. En 2018 le rapport spécial du GIEC, suivi des marches climat et des interventions de Greta Thunberg, a été un électrochoc pour beaucoup. Dans le monde de la recherche aussi, avec notamment la naissance du collectif Labos 1point5.

Dans les starting blocks. Depuis, certains labos ont entamé un marathon avec pour ligne d’arrivée la réduction de leur empreinte carbone. D’autres les observent depuis la ligne de départ. C’est le sujet de notre analyse de la semaine : nous avons recensé quelques expériences des plus variées et, on l’espère, des plus inspirantes.

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews

Sommaire

→  ANALYSE  La longue marche de la transition
→  OUTIL  Votre papier certifié “reproductible”
CHIFFRE Poil à gratter pour HAL
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Ignobles recherches

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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ANALYSE

La longue marche des labos vers la transition

Comment décider collectivement de mesures pour réduire l’empreinte carbone des labos ? Certains ont réussi et partagent aujourd’hui leur expérience.

   ↳ La bioinformaticienne Sophie Schbath n’est plus directrice de son labo mais reste très occupée. Elle va régulièrement donner devant d’autres labos des séminaires d’un genre nouveau où elle présente l’expérience dans laquelle elle a entraîné son unité il y a quatre ans (…)

ÇA VOUS A FAIT RÉAGIR

« Il faut comprendre les réticences des chercheurs quant au partage des données de la recherche. Souvent, il y a des raisons valables de ne pas les diffuser. Mais très souvent, ces données sont produites grâce à un investissement public. Est-ce moral de les garder pour soi ? N’est-ce pas immensément difficile de voir ses travaux volés suite à une fuite de données car on n’a pas protégé sa recherche en publiant ses résultats ? Il est temps de tordre le cou à l’idée selon laquelle, pour faire de la recherche heureuse, il faut faire de la recherche cachée. »

Laetitia Bracco | Data librarian I Université de Lorraine réagit à notre enquête sur l’ouverture des données

OUTIL

Votre papier certifié “reproductible”

Vous souhaitez vérifier que vos résultats sont reproductibles avant de soumettre votre papier ? Faites-les certifier par Cascad ! Créée par des économistes, cette unité d’appui et de recherche propose de tester gratuitement la robustesse de vos analyses en recompilant votre code à partir de vos données. Celles-ci sont confidentielles ? Cascad a signé un accord avec le CASD (Centre d’accès sécurisé aux données). En quoi vérifier vos résultats est important ? Ces mêmes économistes ont fait l’expérience auprès de leurs collègues : avec la même question et les mêmes données, seule la moitié des chercheurs trouve le même résultat.

CHIFFRE

39%

« Utile mais mal conçu », c’est le dur jugement de plus d’un tiers des 300 répondants au sondage lancé par le Syndicat national indépendant de la recherche scientifique (Snirs) – vous le découvrez ? nous aussi. La question portait sur… la plateforme de dépôt HAL, gérée aujourd’hui par le CCSD, fondée à la fin des années 1990 par Franck Laloë – relire notre interview. Rendre obligatoire le dépôt divise les répondants : 49% sont contre et 41% pour. Le CCSD annonce travailler à l’importation automatique dans HAL des articles disponibles ailleurs en accès ouvert pour fin 2023.

EXPRESS

Des infos en passant

● Intègres en anglais. Compte-rendu express du colloque ENRIO (le réseau européen sur l’intégrité scientifique) des 7 et 8 septembre derniers : les questionnements éthiques préoccupent beaucoup – et pas que les méconduites. Les doctorants étaient au centre de l’attention, avec de nombreuses interrogations au micro sur la transmission des bonnes pratiques et donc la formation des encadrants. Un manuel pour la protection des lanceurs d’alerte a été dévoilé, sans grande révolution apparente. Les débats sur la transparence des enquêtes ne sont pas prêts de se tarir – relire notre analyse.

● La poule et l’œuf. Les papiers qu’on trouve partagés sur X (ex-Twitter) sont plus cités que les autres, certes… mais le partage entraine-t-il plus de citations ? Les auteurs d’une expérience menée sur trois ans tout juste déposée sur bioArxiv ont twitté de manière aléatoire des papiers parmi d’autres et concluent que la promotion des publis sur X permet d’augmenter les altmetrics – relire notre numéro sur le sujet – mais pas le nombre de citations.

● Valeur ajoutée. La base de données de Retraction Watch (RW) a été rachetée par Crossref, une autre organisation à but non lucratif qui gère les identifiants des publications – les DOI. L’opération va permettre aux éditeurs d’enregistrer directement leurs notifications de rétractation et RW continuera à nourrir sa base, forte d’aujourd’hui forte de 50 000 publis et qui restera en accès ouvert.

● Fauteuil, canne… Comment accompagner le handicap dans l’enseignement supérieur ? Ce sera le sujet d’un webinaire le 12 octobre à 17h dans le cadre de la Semaine de l’entreprise responsable et inclusive. Deux chercheuses du Laboratoire Interdisciplinaire sur le Doctorat présenteront leur enquête auprès de doctorant·es en situation de handicap et le réseau Atypie-Friendly ses actions – relire au passage nos épisodes sur les chercheur·ses autistes. Les inscriptions sont gratuites.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Décélération. Après des années de progression, MDPI est en recul. Nous vous en parlions en mars dernier, cet éditeur de la “zone grise” a vu l’une de ses plus grosses revues déclassée de la base Web of science – permettant notamment de calculer l’impact factor. Le volume mensuel de publication a pratiquement été divisé par dix pour la revue en question, analyse Christos Petrou dans The Scholarly Kitchen.

→ Éthiques et toc. Deux papiers dans Nature sur des réglementations qui pourraient freiner les recherches en biologie/santé : les poulpes souffrent aussi et devraient peut-être être traités comme les singes dans les labos ; face aux craintes de fuite de pathogènes, un rapport américain dresse une cartographie des recherches polémiques de type “gain de fonction” qui sont des plus variées.

→ You got the power. Comment faire face aux revues prédatrices ? Dans The Conversation, l’écologue François Massol revient sur les causes et conséquences du problème pour finalement appeler à une action collective au sein de la communauté. Vous donneriez ainsi tort au provocateur Yves Gingras – l’auteur cite notre interview dans le dernier paragraphe !

→ L’envers du décor. Survendre ses papiers pour publier dans Nature ? Vos collègues climatologues aussi semblent en être arrivés là. C’est en tout cas ce qu’a prétendu Patrick Brown dans un petit média américain The Free Press, dénonçant les pratiques des éditeurs qui les poussent à tordre la réalité. Une prise de position qui divise, comme le relate l’AFP : certains applaudissent des deux mains, d’autres n’en reviennent pas – les enjeux sur ces sujets liés changement climatique n’étant pas des moindres.

→ Tribunes en chaîne. Les chercheurs mouillent la chemise – dont quelques-uns de nos lecteurs. Trois cent d’entre eux rappellent dans le Monde que continuer d’investir dans les énergies fossiles empêchera d’atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris ↯. Mille autres s’opposent à la relance du programme nucléaire français décidée par le gouvernement, rapporte Ouest FranceLibération “débunke”, déplorant la présence de “non-scientifiques” parmi les signataires. 

→ Tampons glacés. Partir sur le terrain dans les extrêmes qu’offrent l’Arctique ou l’Antarctique, c’est un défi en soi mais quand on a ses règles, on vous laisse imaginer… Le pire étant que le sujet reste un énorme tabou entre collègues. La BBC porte la voix de jeunes scientifiques (en français dans Géo) qui souhaitent la présence de plus de femmes dans les expéditions en régions polaires.

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IGNOBLES RECHERCHES

Et pour finir…

Des recherches loufoques mais vraies, c’est la livraison 2023 des Ig Nobel !