L’amour universitaire existe-t-il ?

04.10.2023 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE


Esprits de péninsule

Safe space. Au congrès des bibliothèques universitaires où nous nous sommes rendus à Versailles la semaine dernière ont été rapportés les propos d’un ou une étudiante pour qui son accueillante BU était une sorte d’« îlot perdu de l’état providence ».

Eldorado. Cet « état providence » existe-t-il encore ? Les autorités n’en finissent plus de mettre en scène sa survivance en cette rentrée placée sous le signe de la précarité étudiante.

Désamour. Pendant ce temps, les présidents d’université déplorent les propos d’Emmanuel Macron sur les universités, en plus de devoir rogner sur les deniers de leurs établissements. De quoi rompre la lune de miel avec le ministère ? C’est notre enquête de cette semaine.

À très vite, 

— Laurent de TheMetaNews.

Sommaire

→  ANALYSE Les universités ont le spleen de la rentrée
 BRÈVES Des nouvelles à risques, les chiffres du PLF
→  LA VIE DE L’ESR Bienvenue au Collège et deux offres d’emploi
→  EXPRESS Votre revue de presse
ET POUR FINIR États de service

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ANALYSE

Les universités veulent des preuves d’amour


Attaquées sur leurs finances comme sur leurs missions en cette rentrée, les universités se défendent tant bien que mal.

Ça fait déjà trois mois que le gouvernement chantonne un air crescendo : les universités — et organismes de recherche — de l’Hexagone rouleraient sur l’or ou plutôt sur des fonds de roulements censément excédentaires que l’État, tout à sa mission d’équilibrage des comptes, verraient bien revenir tout ou partie dans les caisses de Bercy (…)

BRÈVES

Pendant ce temps dans la recherche


→  Gros sous. Ça y est les arbitrages du projet de loi de financement pour l’ESR en 2024 sont définitivement arrêtés, ne reste plus qu’à le passer au vote. Du côté du ministère, on se félicite d’un budget de 26,6 milliards en 2024 en augmentation de 800 millions d’euros ou 1,2 milliards selon les modes de comptage. Avec un souci particulier — certainement insuffisant — de la condition étudiante (logement, restauration, bourses…) mais aussi un nouveau palier « sans surprises », assure-t-on au ministère, de la loi de programmation de la recherche (LPR) de 468 millions d’euros (embauches, infrastructure, ANR…). Les mesures Guérini ne seront comme prévu pas intégralement compensées (lire notre enquête de la semaine). Le ministère assure de surcroit que les chaires de professeur junior (kesaco) sont un succès et en finance 200 de plus. Dernier ajout, « une nouvelle augmentation de 340 contrats doctoraux et de 100 contrats CIFRE en 2024 ».

→ Risque tout. On en sait un tout petit plus sur le plan de recherche à risques qui serait rebaptisé Recherche à risque et à impact (ou RI2, nous vous en parlions il y a peu), notamment du côté du CNRS, en première ligne sur le sujet via ses instituts. Les projets financés par le RI2 via France 2030 seront repérés — sans passer par appels à projets, donc — par les organismes avec un droit de regard des universités à raison d’un million d’euros en moyenne pour une dizaine de projets par an. Ils seront connus d’ici fin 2023. Il faut s’attendre à des projets hors des thématiques déjà défrichées par les PEPR (dont voici la liste). Des infos  au conditionnel en attendant les annonces de Sylvie Retailleau début octobre.

EXPRESS

C’est la vie de l’ESR


→ Le JO au pas de course. Le concours national de praticien hospitalier des établissements publics de santé, session 2023, est ouvert • Côté bibliothèques, sont déclarés ouverts des concours : externe et interne de recrutement des bibliothécairesexterne spécial pour le recrutement de bibliothécaires, de recrutement de bibliothécaires assistants spécialisés de classe supérieure et de classe normale • Sont également autorisés : l’ouverture d’un examen pour l’avancement au grade de bibliothécaire hors classe, l’ouverture d’un examen pour l’avancement au grade de bibliothécaire assistant spécialisé de classe exceptionnelle et de classe supérieure •

→ Ils réimpriment leur carte de visite. Pascale Galindo est renouvelée dans ses fonctions de sous-directrice de l’immobilier à la direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle pour une durée de trois ans • Gilles Bernard est nommé directeur général des services (DGS) de l’université de Pau et des pays de l’Adour • Marianne Peyrot est renouvelée dans ses fonctions de déléguée régionale académique à la recherche et à l’innovation pour la région Occitanie pour une durée de trois ans • Jean Guzzo, professeur des universités, est renouvelé dans ses fonctions de délégué régional académique à la recherche et à l’innovation pour la région Bourgogne-Franche-Comté pour une durée de trois ans • On connait les nouveaux membres du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser) • De même pour celles et ceux du Comité national de la recherche scientifique • Des nominations en qualité de professeur des universités titulaires ici et ici • Dix nouveaux professeurs inaugureront leur chaire lors de l’année académique 2023-2024 au Collège de France •

→ Et si c’était pour vous ? Le poste de délégué régional académique adjoint à la recherche et à l’innovation « financement de la recherche/innovation » pour la région Grand Est est vacant depuis le 1er septembre 2023 • Les fonctions de directeur de l’Observatoire des sciences de l’univers en région Centre sont vacantes à compter du 1er janvier 2024 •

EXPRESS

Votre revue de presse


→ Tolérance zéro. Suite à la publication d’une étude commandée par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, Sylvie Retailleau dit « travailler sur des solutions concrètes contre la haine », explique le quotidien Libération. Pour confirmer ces résultats – détaillés dans Le Parisien , la ministre envisage une seconde enquête, qui serait menée par l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans l’enseignement supérieur.

→ Précarité installée. Malgré une augmentation de 1,2 milliard d’euros du budget consacré à l’enseignement supérieur et la recherche, la France reste loin de l’objectif européen qu’elle a adopté : consacrer 3% de son PIB à sa recherche, explique France Culture. Enseignants-chercheurs, précarité étudiante, crise du logement… L’émission propose de nombreux témoignages, dont une intervention de Sylvie Retailleau.

→ Chamboule tout. Plus de doute : il y aura deux têtes à la gouvernance de l’Ecole polytechnique et de l’Institut polytechnique de Paris (IP Paris) – dont une est Thierry Coulhon, ancien président du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hceres). Le but : relancer la recherche ainsi que « l’idée d’un MIT à la française » , explique le quotidien Le Monde.

→ Sans réponses. La politisation de l’enseignement supérieur se banalise-t-elle ? Dans le média University World News, Philip G Altbach et Hans de Wit s’inquiètent de voir que les gouvernements interviennent de plus en plus dans la vie universitaire pour servir leurs propres desseins – comme par exemple en Inde pour éviter toute critique du régime politique au pouvoir. À leurs yeux, la réaction des universitaires est trop modérée. 

Faux retraité. Après 38 ans à la direction de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) – une branche du National Institutes of Health (NIH) américain – Anthony Fauci a finalement quitté son poste. Dans une interview pour la revue Science, il revient sur sa carrière ainsi que sur les menaces qui pèsent sur le plan de lutte contre le Sida aux États-Unis et sur les vaccins contre le VIH et le COVID-19.

Gillet de sauvetage. Au CNRS, la mise en place d’un nouveau logiciel pour gérer les missions de ses agents ne fait pas l’unanimité. Censé faciliter le travail du personnel de l’organisme de recherche, il entraîne de nombreux blocages déplorés par Antoine Petit lui-même , explique le média NextInpact. Dans la même veine, le PDG du CNRS revient sur les points clés du rapport Gillet dans une interview publiée sur le site de l’institution. 

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ÉTATS DE SERVICE

Et pour finir…


50% enseignant, 50% chercheur, 120% enseignant-chercheur, mais comment en arrive-t-on à ce compte ?