Habemus ministram

08.01.2024 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE


Claude Allègrement

Panthéon. C’est une des figures les plus médiatiques et les plus controversées de la recherche qui nous a quitté à 87 ans le 04 janvier dernier : Claude Allègre, géochimiste, ministre, vulgarisateur… et tribun climatosceptique de premier ordre jusqu’au mitan des années 2000.

Mammouth. Ce scientifique de renom et politicien au verbe trop haut laissera donc un souvenir gâté par ses positions antiscientifiques, qu’il aura portées sur tous les plateaux. Les morts sont toujours des gens formidables… mais pas que, en l’occurence.

Mégaministère. Revenons avec ce numéro à l’actualité de la recherche, toujours dominée par la situation politique très IVe République que la France connait depuis plusieurs mois. L’ESR sortira-t-elle grandie de la situation ? (non)

Une année difficile ? Mais toute l’équipe de TMN n’allait pas vous laisser partir sans vous souhaiter une superbe année 2025, pleine de terrains, de datas, de publis, d’excitation et de sérendipité joyeuse. Bref, une année pas difficile.

Bonne lecture, 

— Laurent de TheMetaNews.

Sommaire

→  EXPRESS  Front uni contre les keylabs, un mégaministère à l’ESR
→  LA VIE DE L’ESR Les cabinets se remplissent (encore)
→  EXPRESS Votre revue de presse
ET POUR FINIR Léon dans les étoiles

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 8 MINUTES

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BRÈVES

Pendant ce temps dans la recherche


 → Contrat de chantier. Les vacances sont passées par là, le meccano institutionnel se met en place pour une année 2025, toujours sans budget pour le moment, malgré la « loi spéciale » votée le 20 décembre dernier. François Bayrou nommé, ce dernier a publié la liste de son gouvernement le 23 décembre avec, surprise, un mégaministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dirigée par l’ex première ministre Élisabeth Borne premier dans l’ordre protocolaire pour le symbole. Elle s’est adjoint les services de Philippe Baptiste, actuel PDG du Cnes, en tant que ministre délégué à l’ESR. Éphémère ministre de l’ESR, Patrick Hetzel est retourné à sa place de député après avoir dénoncé une dernière fois ceux qui « habillent le militantisme sous les habits de la science (sic) ». Lors de son discours de passation, Philippe Baptiste a lui déclaré « je suis un chercheur, d’abord et avant tout » tout en pointant des dépenses en ESR « pas au niveau ». La suite au prochain épisode. 

Keylab, pas chiche. L’annonce surprise du lancement des keylabs par le CNRS lors de la convention de ses directeurs d’unité le 12 décembre (nous vous en parlions) continue de faire parler d’eux. Les réactions ne se sont en effet pas fait attendre : le 18 décembre dernier, le syndicat SNCS FSU a dénoncé une politique « destructrice » de concentration des moyens ; le SNPTES prévoit quant à lui un démembrement à terme de l’organisme de recherche. Mais ce n’est pas tout : rencontré lors de la soirée annuelle de France universités, représentant les présidents d’université, le 19 décembre, le PDG du CNRS Antoine Petit affichait en off sa confiance quant au travail mené avec les établissements pour établir les listes de keylabs avec les universités… Las, dès le lendemain, France Universités a dénoncé par communiqué une « décision unilatérale » du CNRS et demande « dès lors un moratoire de cette mesure et l’organisation d’une concertation ».

→ Infos en passant. Clara Chappaz, secrétaire d’État à l’Intelligence artificielle sous le précédent gouvernement, était confiante dans la continuité de son action, elle avait raison puisqu’elle est devenue Ministre Déléguée chargée de l’Intelligence Artificielle et du Numérique, cette fois rattachée à Bercy • Ça y est, une série de textes parus au Journal officiel permet la fusion de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et créée l’ASRN • 

EXPRESS

C’est la vie de l’ESR


 → Le JO au pas de course. C’est la règle : le cabinet d’un ministre ne peut comprendre plus de quinze membres. Celui d’un ministre délégué ne peut comprendre plus de dix membres • Les règles budgétaires et financières applicables aux établissements d’enseignement supérieur et de recherche sont modernisées et simplifiées • Des concours sont ouverts à l’Institut national d’études démographiques (INED) afin de pourvoir deux postes de chargés de recherche de classe normale et un poste de directeur de recherche de 2e classe  Les seuils de soutenabilité budgétaire de l’Institut national d’histoire de l’art et du Museum national d’histoire naturelle sont modifiés  Le concours national d’agrégation en droit privé et sciences criminelles est ouvert • 15 places de directeurs de recherche de 2e classe sont offertes au concours au sein d’INRIA ainsi que 18 chargés de recherche de classe normale • Le règlement intérieur de l’Institut universitaire de France est approuvé • 

→ Ils réimpriment leur carte de visite. Simon Persico est nommé directeur de l’Institut d’études politiques de Grenoble, à compter du 1er février 2025 • Boas Erez, professeur des universités à l’université de Bordeaux, en disponibilité, est réintégré à compter du 1er septembre 2024. L’intéressé est radié des cadres à cette même date • François Weil, Frédéric Baptista et Samuel Vitel sont nommés au cabinet d’Elisabeth Borne, nouvelle ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, respectivement en tant que directeur du cabinet, chef de cabinet et conseiller social, valeurs de la République et laïcité • Pauline Pannier, directrice du cabinet, et Pierre-Noël Clauzade, chef de cabinet sont nommés au cabinet de Philippe Baptiste, nouveau ministre délégué de l’Enseignement supérieur et de la Recherche • Sébastien Chanoise est nommé membre du conseil scientifique en pharmacie • Voici de nouveaux anciens auditeurs de l’Institut des hautes études pour la science et la technologie • Guénaël Pira est nommé directeur général du centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) de Lille • Sont nommées médiateurs académiques à compter du 1er janvier 2025, pour un an renouvelable, les personnes suivantes • Irène Gazel est nommée directrice générale des services (DGS) de la ComUE Université de Lyon • Sylvie Retailleau, ancienne ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, intègre le Conseil de surveillance de l’Institut Curie 

→ Et si c’était pour vous ?  L’emploi de délégué·e régional académique adjoint·e à la recherche et à l’innovation pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est vacant 

EXPRESS

Votre revue de presse


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→ Course poursuite. Salaires bien moins élevés, lourdeurs administratives, fermetures des frontières… L’Europe peine à retenir et faire revenir ses chercheurs ainsi qu’à en attirer de nouveaux , explique Le Monde. Une concurrence avec les États-Unis ou la Chine — déjà pointée du doigt par le rapport Draghi dont nous vous parlions — qui ne s’observe pas uniquement dans les laboratoires de recherche mais aussi dans les entreprises.

Total discrétion. 7,4 millions d’euros : c’est le montant que l’entreprise Total aurait versé — via des dons — à l’Université de Strasbourg depuis 2014  selon Scientifiques en rébellion, révèle Médiapart. Les membres du collectif réclament un accès aux termes des conventions très opaques de partenariats entre l’université et l’entreprise. Une demande qui ne leur a pas encore été accordée. De l’autre côté de la Manche, plus des trois-quarts des universités britanniques se sont engagées à exclure les entreprises du secteur des combustibles fossiles de leurs portefeuilles d’investissement, rapporte The Guardian

→ Comité de suivi. Pour clôturer l’année 2024 en beauté, France Universités publie une étude qui dresse le détail des surcoûts non financés ou non compensés par l’Etat en 2025 explique Les Échos. Et tout le monde y va de sa plume pour dénoncer le sous-financement de la recherche et de l’enseignement supérieur public : plus d’un tiers des membres de l’Institut universitaire de France s’en sont eux aussi inquiétés  dans une tribune à Libération.

→ Dr Jekyll and Mr Hyde. Alors que l’on apprenait il y a quelques jours le décès de Claude Allègre, ancien ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie, Les Échos revient sur ses propos sur le système universitaire — « dont la résonance avec l’actualité est troublante » — avant que le chercheur ne s’éloigne vers des positions climatosceptiques « polémiques ».

Premier à l’eurovision. Avec 231 millions d’euros de financements (1,88% du total) récoltés auprès des institutions européennes dans le cadre d’Horizon Europe, le CNRS arrive première parmi les institutions européennes. Une performance remarquable qui se traduit également dans sa pole position des projets auquels il participe (318), détaille le média spécialisé Science|business dans ce papier d’analyse.

LÉON DANS LES ÉTOILES

Et pour finir…


Si Léon Marchand devait un jour quitter les bassins (ce que personne ne souhaite), que ferait-il de sa vie ?