Que répondez-vous aux chercheurs qui disent : « L’open access, c’est bien beau, mais je n’ai pas 2 000€ à dépenser pour publier des articles » ?
Premièrement, déposez à minima vos preprints sur des archives ouvertes comme HAL pour les rendre accessibles. Pour les petits budgets, il est possible de négocier avec certains journaux les APC [article processing charge, NDLR]. Ils sont notamment diminués voire annulés pour les pays en voie de développement. A long terme, on pourrait transformer le système actuel où les institutions paient très cher des abonnements aux éditeurs et utiliser cet argent pour payer les publications [et mettre en open access, NDLR]. En attendant, chaque chercheur peut budgétiser ses publications dans les demandes de financements, en rajoutant les APC. Les financeurs veulent de la visibilité donc cela ne leur posera aucun problème.
Certains chercheurs publient dans des revues à l’accès payant, et mettent par ailleurs une version sur un site d’archives ouvertes. Qu’en pensez-vous ?
Ce n’est qu’une solution de transition, qui répond à la pression sur les CV des chercheurs. Il faut que chacun fasse un effort pour modifier ses habitudes et ne plus se rendre complice du système que la communauté dénonce. En sociologie des sciences, on parle de l’importance du crédit des travaux de recherche, aujourd’hui détenu par les éditeurs. Il faut absolument changer ça. Certains font confiance aux revues payantes comme garantes de la qualité et de la rigueur scientifique, mais ce n’est pas forcément vrai. Au contraire, il y a une corrélation entre le taux rétractation et le facteur d’impact des journaux.
Peut-on avoir un bon CV tout en publiant en libre accès ?
Ce n’est pas évident et il y a une très forte inertie. Certains journaux en libre accès ont déjà un impact factor haut, comme PLoS Biology ou eLife, mais pas tous. En thèse, j’avais insisté pour publier un de mes résultats dans une revue en libre accès, et c’est aujourd’hui ma publication la plus citée ! Lorsque l’on a une posture clairement affichée, les gens comprennent. Je remarque quand même que les mentalités changent parmi les jeunes chercheurs, et c’est encourageant.