
24.09.2025 • N° 533 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE
Taxe en débat
En débat. Alors que le prochain budget se prépare, un sujet fait grand débat : la taxe Zucman — proposée par l’économiste français du même nom — prévoyant d’imposer à hauteur de 2% par an les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros.
Double taxe. Un projet peu apprécié du milliardaire français Bernard Arnault (LVMH) qui, dans une récente interview au Sunday Times, taxe — c’est le cas de le dire — Gabriel Zucman de « militant d’extrême gauche » mettant au service de son « idéologie » une « pseudo-compétence universitaire ».
Libéré, délivré. Le dit « pseudo-universitaire » — dont la proposition est soutenue par pas moins de sept prix Nobel d’économie — s’est empressé de réagir sur X : « [en utilisant le terme pseudo-universitaire] vous vous attaquez à la légitimité même d’une recherche libre de toute pression financière ».
Déjà vu. Cette méthode est régulièrement utilisée par Donald Trump — mais pas que — pour discréditer les paroles des scientifiques, ramenant leurs travaux de recherche à de simples opinions politiques.
Allo docteur ? Intéressons-nous maintenant à un tout autre sujet : les Doctorate of Business Administration (DBA). La communication sur ces diplômes dispensés par certaines écoles françaises inquiète les promoteurs du doctorat tout court.

Bonne lecture,
— Noémie de TheMetaNews
Sommaire
→ ANALYSE Le résistible ascension des DBA
→ EXPRESS CNRS à tout va
→ LA VIE DE L’ESR Nominations et recrutements (de bibliothécaires)
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Une journée spéciale
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ANALYSE
La résistible ascension des DBA
La communication autour des Doctorate of Business Administration (DBA) dispensés par certaines écoles en France inquiète les promoteurs du doctorat tout court.

DBA. Trois lettres qui gagnent en popularité mais qui font grincer des dents les défenseurs du doctorat, le plus haut diplôme français. Spécifiques aux sciences de gestion, les Doctorate of Business Administration (DBA donc) proposent à des cadres et managers expérimentés de mener un travail de recherche appliquée tout en poursuivant leur activité professionnelle. Avec à la clé, une thèse soutenue devant un jury. Sur le papier, tout rappelle un doctorat tel que vous le connaissez. Et c’est bien le problème (…)
EXPRESS
C’est la vie de l’ESR
→ En recommandé. Rappelez-vous : il y a un peu moins d’un an en décembre 2024, Antoine Petit, PDG du CNRS, annonçait la création des Keylabs — nous vous en parlions. Une annonce qui avait entraînée de (très) vives réactions au sein de l’ESR ; Antoine Petit, sous l’impulsion de son ministre de tutelle avait donc décidé un moratoire jusqu’à l’été 2025 afin de prendre le temps « d’aborder la question de fond qui est celle de la définition de la politique scientifique du CNRS », expliquait l’intéressé dans un courrier daté du 12 février 2025 à l’intention du conseil scientifique de l’organisme ainsi que des conseils scientifiques de ses dix instituts. Dans ce dernier, il les invite notamment à formuler des recommandations, en particulier sur « l’animation et la coordination de la recherche nationale (…) et l’organisation et l’accompagnement des unités de recherche », explique le CNRS sur son site. Tous ont joué le jeu et leurs réponses à Antoine Petit ont été publié ce 17 septembre 2025 sur le site de l’organisme. Réponses dans lesquelles ils sont plusieurs à avoir rappelé en préambule leur ferme opposition aux Keylabs et à appeler à soutenir le financement de la recherche publique •
→ Bye-bye. La revue Nature a publié son « Nature Index 2025 Research Leaders », classement mondial des institutions de recherche en sciences naturelles qui se base sur le nombre de publication dans les revues du groupe en 2024. « Les institutions de recherche occidentales continuent de dégringoler dans le classement annuel, tandis que celles basées en Chine progressent amplement », peut-on lire sur leur site. Le CNRS, qui faisait jusqu’alors partie du top 10 des institutions, en sort cette année pour la première fois, passant de la 8ème à la 13e place. Un constat quasi-similaire pour le Max Planck Institute (Allemagne), qui passe de la 4e à la 9e place. La France maintient cependant sa 6e place dans le classement par pays •
→ Infos en vitesse. Sorbonne Université a annoncé quitter le classement international des universités du Times Higher Education (THE) afin d’illustrer son engagement pour une évaluation de la recherche transparente, ouverte et centrée sur l’impact réel des activités universitaires • Le Centre national d’étude spatial (Cnes) lance officiellement sa Fondation de l’espace •

EXPRESS
C’est la vie de l’ESR
→ Le JO au pas de course. Des concours sont ouverts : un concours externe et un concours interne pour le recrutement de bibliothécaires ainsi que pour celui de bibliothécaires assistants spécialisés de classe normale et de classe supérieure, un concours externe spécial de recrutement de bibliothécaires, réservé aux titulaires d’un doctorat • Sont également ouverts : un examen professionnel pour l’avancement au grade de bibliothécaire assistant spécialisé de classe exceptionnelle, de classe supérieure et hors classe •
→ Ils réimpriment leur carte de visite. Olivier Brandouy est nommé conseiller et chef du pôle « éducation nationale, enseignement supérieur, recherche, jeunesse et sports » au cabinet du Premier ministre • Christophe Fouqueré et Christine Bouisset sont respectivement nommésà la direction des départements NUMA et SHS de l’Agence nationale de la recherche • Jean-Christophe Popieul, professeur des universités, est nommé directeur de l’Institut national des sciences appliquées Hauts-de-France • Méryl Brothier, ingénieur chercheur du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), est renouvelé dans ses fonctions de délégué régional académique adjoint à la recherche et à l’innovation pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur • Des nominations et affectations en qualité d’astronomes et de physiciens • Des nominations et titularisations en tant que directeur d’études titulaire et cumulant de l’École des hautes études en sciences sociales • Des admissions aux concours de recrutement de professeurs des universités • Des nominations en qualité de professeur des universités titulaire •
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Refus contesté. Il y a quelques jours, des chercheurs ont choisi d’annuler leur participation à un colloque d’historiens se déroulant au Musée d’art et d’histoire du judaïsme (MAHJ) mettant en cause la participation à l’évènement d’une doctorante financée par l’Université hébraïque de Jérusalem et, plus globalement, pour dénoncer la guerre menée par Israël à Gaza, rapporte Libération. L’annonce a rapidement pris de l’ampleur. La ministre de la Culture Rachida Dati a pris la parole sur X pour s’insurger de ce boycott. Un collectif de plus de 500 intellectuels et membres de la société civile a lui aussi pris la plume ↯, cette fois-ci dans Le Monde, et appelle à condamner les boycotts académiques qui participeraient à renforcer les pressions politiques et idéologiques exercées sur les chercheurs.
→ Divorce. L’économiste et ancienne député socialiste Karine Berger s’inquiète dans une interview à L’Express de la séparation grandissante entre les scientifiques et la population française ↯ et pointe du doigt la responsabilité des discours politiques. Nous vous en parlions également dans l’édito suite à l’interview du milliardaire Bernard Arnault dans le Sunday Times dans laquelle il qualifie l’économiste Gabriel Zucman de pseudo-scientifique ↯, détaille Libération.
→ Duplomb dans l’aile. En juillet dernier, à la suite du vote de la loi Duplomb, la pétition réclamant son abrogation avait récolté plus de 2 millions de signatures. Suite au vote unanime des député·es de la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, le texte fera l’objet d’un examen en commission. Une situation inédite en France mais quid de la suite ? Le média Vert vous explique.
→ Help. Dans une interview au Monde, le vice-président du Conseil d’État, Didier Tabuteau, exprime sa volonté de réhabiliter « le temps long dans l’action publique » ↯ et rappelle l’importance du recours aux experts dans la mise en place de politiques publiques.
→ Réforme. Faut-il bouleverser l’organisation de la recherche scientifique ? Le podcast La Conversation scientifique de France Culture invite sur son plateau le journaliste scientifique Nicolas Chevassus-au-Louis, auteur du livre Décroiscience sorti tout récemment. Faut-il ralentir ou décroître quand on parle de recherche scientifique ? Nous y reviendrons (très) bientôt.
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UNE JOURNÉE SPÉCIALE
Et pour finir…
Le 16 septembre 2025 était un jour spécial, vous devinez pourquoi ? Petit indice : il faut penser maths.