Après huit ans de recherche sur les coronavirus porcins à l’INRA (aujourd’hui Inrae), il était passé à autre chose… Jean-François Eleouët est aujourd’hui remonté au front. Comment s’est opéré ce retour aux coronavirus pour vous ? Je les connaissais bien car j’avais été recruté à l’Inra pour travailler sur leurs versions porcines, avant le projet soit arrêté en 2000. Quand j’ai vu émergé le Covid-19, je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose. J’ai donc répondu à l’appel à projet Reacting pour travailler sur des outils permettant de développer des antiviraux. Dans l’urgence, ils n’ont demandé qu’un projet de trois pages. Je l’ai envoyé le vendredi et j’ai eu l’argent (30 000 €) le lundi d’après ! Beaucoup de gens se sont jetés sur cet appel à projet qui n’était pas très bien coordonné. On ne sait pas bien qui fait quoi, il y aura sûrement des redondances. Quelles conséquences a eu le confinement ? J’ai reçu l’autorisation pour travailler sur le Covid-19 le 30 mars mais, parmi les dix personnes de l’équipe, nous ne sommes que deux à être autorisés à venir au laboratoire : un ingénieur d’études qui travaille sur les manips et moi-même. Avec le reste de l’équipe, on se tient au courant, on se parle via Zoom mais c’est frustrant pour eux. Tout le monde en a marre de rester à la maison, on ressent le besoin d’être utile. Travaille-t-on différemment dans ce contexte de crise ? Le laboratoire est vide, donc on a facilement accès à toutes les machines et on a du stock de matériel. On travaille calmement, étape par étape. J’essaie de suivre les autres travaux sur le Covid-19 mais il y a énormément d’articles qui sortent, ce n’est pas facile. Mes travaux n’apporteront peut-être pas la solution mais il faut essayer. La situation est exceptionnelle et ce ne sont plus nos petites carrières qui comptent. En tous cas, je suis content d’être dans l’action, on stresse moins que d’être dans l’attente à la maison. |
Hélène Gispert : « L’absence des femmes aux Nobel n’est que la partie émergée de l’iceberg »
Les femmes sont encore une fois les grandes perdantes de cette série de Nobel 2024. Faut-il s'en indigner ? En effet, si l’on regarde les cinq dernières années, sur les trois prix de médecine, physique et chimie, 29 hommes et seulement six femmes ont été récompensés....