[TMN#30] Remember, Remember The 5th Of December

Pas gaie cette semaine.
L’émotion est toujours palpable après le geste suicidaire d’Anas K, étudiant à Lyon. Dans le monde académique, quelques uns ont exprimé leur colère… et beaucoup sont restés silencieux. L’aspect très politique du drame a sûrement gêné. Ce qui est sûr, c’est que certains étudient dans des conditions parfois très compliquées : le soutien financier familial doit-il être l’unique moyen de mener des études supérieures ? 
Chercheurs et enseignants-chercheurs sont également maltraités en ce moment. Tous devraient pourtant partager le combat pour la défense de l’enseignement supérieur : ne serait-ce pas le moment de l’échange ?
Bonne lecture,
Lucile de TheMetaNews
PS. Pour se remonter le moral, une belle vidéo datant de 2006 où des chercheurs de la NASA essayent de répondre à cette très profonde question: la science peut-elle tout comprendre ?


Remember, remember,
the 5th of december


Un front syndical est en train de se constituer pour lutter contre la réforme des retraites voulue par le gouvernement et la mobilisation devrait culminer début décembre avec un mouvement de grève national. Côté chercheurs, vos représentants tirent la sonnette d’alarme. En effet, d’après des estimations calculés par le SNTRS-CGT et diffusées fin octobre, la baisse des pensions atteindrait à terme de 25% à 45% dans le pire des cas : une carrière pourtant classique de chargé de recherche aboutissant au poste de directeur de recherche. 
Quel impact aurait la réforme des retraites sur le montant de vos pensions ? En voici un résumé. (source SNTRS-CGT)


Elsevier veut
se payer en données
 



« Personne ne peut contester la beauté de la vision d’avoir les contenus de la recherche gratuitement et immédiatement accessibles ». Ce chantre de l’open access n’est autre que la nouvelle PDG d’Elsevier, Kumsal Bayazit. Certes. Mais en échange du libre accès, le géant anglo-néerlandais veut des compensations. Augmenter les prix des abonnements institutionnels est une possibilité, mais elle a ses limites. Elsevier tente actuellement une autre approche avec les universités néerlandaises : faire main mise sur les métadonnées des projets de recherche (article en néerlandais), en contrepartie de l’accès à toutes les revue du groupe, y compris les plus prestigieuses.
Expérimentations maison
En réalité, les universités néerlandaises utilisent déjà des logiciels de gestion édités par Elsevier (Pure et Scopus). Le risque ? Que des intérêts privés s’immiscent dans la recherche académique et que les instituts perdent leur indépendance. Le partage ne serait néanmoins pas obligatoire mais il y aurait un seuil minimum par université. « Nous déciderons toujours ce que des tiers tels qu’Elsevier peuvent et ne peuvent pas faire avec ces métadonnées », tente de rassurer l’association des universités des Pays-Bas, la VSNU. La communauté scientifique néerlandaise, en pointe dans le bras de fer avec les éditeurs, y sera certainement attentive.
Lucile Veissier


L’impact factor est
une petite chose fragile 


C’est la conclusion d’un chercheur en bibliométrie qui vient de publier une étude (parue en preprint sur ArXiv) réalisée sur plus de 11 000 journaux, qui montre que, pour les petites revues en particulier, l’IF est très dépendant d’un tout petit nombre de papiers. Ainsi, dans un cas sur 10, 50% de l’augmentation de l’impact factor est dû à leurs trois articles les plus cités. Volatile, on vous dit.


La mission du CNRS,
si il l’accepte…



… Est, dans la période 2019-2023 de simplifier la vie des chercheurs et des directeurs d’équipe, en particulier en cas de tutelle mixte. Le document de travail (non encore définitif, donc) précise qu’il faut « travailler sur l’idée [on appréciera la taille des pincettes, NDLR] que le CNRS puisse devenir tutelle secondaire de l’unité et non plus tutelle principale quand le nombre d’agents CNRS en leur sein est minime ».
Toujours en matière de simplification, le rapport propose la mise en place d’unités mixtes de support pour simplifier la vie de ceux à la tête des UMR. Voici quelques autres mesures préconisées dans le texte, qui sera voté dans deux semaines environ :

  • Soutenir l’interdisciplinarité en y consacrant 20% des nouveaux postes de chercheurs ;
  • Lancer 50 start-ups par an et doubler le nombre de projets en maturation ;
  • Un objectif de 100% des publications CNRS en accès libre ;
  • 100 postes d’ingénieurs-transfert pour la maturation technologique au sein des labos ;
  • Recruter 100 ingénieurs pour aider à monter les projets européens ;
  • Revaloriser les primes des lauréats ERC et des porteurs de projets collaboratifs ;
  • Augmenter la proportion de femmes au sein de l’institution ;
  • Mettre en place un « tenure track » avec les universités volontaires.

A noter une première partie passionnante (attention premier degré) sur les recherches à venir dans les cinq ans au sein de l’institut. Savez-vous notamment ce qu’est la « matière noire végétale » ?

Laurent Simon


Quelques infos en passant  « Enfermés dans une pièce, vous aurez 30 minutes pour résoudre des énigmes et convaincre la commission disciplinaire de votre innocence ». C’est la mission gonflée de cet escape game plutôt très original.  Le très disert Olivier Ezratty revient dans un (très) long et très intéressant post de blog sur la place des chercheurs en politique  Si l’innovation ça vous parle, voici deux rapports qui viennent de paraître, l’un de notre french MESRI, l’autre de la WIPO sur la géographie de l’innovation (en anglais).


Notre revue de presse express

  • Elémentaire, ma chère Watson. Elle est la super héroïne que les truqueurs craignent. Dans ce portrait dressé par OneZero sur Medium, la microbiologiste Elisabet Bik détaille son quotidien d’enquêteuse.
  • Onde, particule et protéine. C’est vertigineux (et encore un peu obscur) mais des physiciens ont réussi à mesurer la nature ondulatoire d’une très grosse molécule, un antibiotique de 15 acides aminés. Cela ouvre les portes à la biologie quantique et c’est le MIT qui le dit.
  • Le roi est mort, vive les princes. Quand une star d’un domaine de recherche passe de vie à trépas, ses théories aussi. La vie des chercheurs, leur mort et ses conséquences sont passés au peigne fin par Undark.


ET POUR FINIR

La saison des champignons, c’est bientôt fini. Alors profitons-en encore un instant et admirons cette représentation de la croissance de leur mycelium par le chercheur Guillermo Vidal, qui doit certainement connaître les bons coins à trompettes de la mort.