50 % En Entreprise, 100 % Chercheur

5 décembre 2019 /// L’actu des labos


Toute nouvelle,
tout belle.
Nouvelle formule, nouvelle maquette… je suis extrêmement fière d’écrire la toute première InsideLab ! La consécration d’un travail de longue haleine.Malgré notre enthousiasme, je ne pouvais pas ignorer la grève du 5 décembre. La retraite, ça parait loin surtout quand on a un boulot précaire. Mais la mobilisation englobe des revendications plus larges, avec la prochaine Loi de programmation en toile de fond.A ce propos, la semaine prochaine, retrouvez dans InsideLab le premier volet de notre série d’enquête « Sauvadet et moi ».Bonne lecture,
Lucile de TMN

PS. On a créé une playlist participative sur Spotify, avec un nouveau titre chaque semaine choisi par la rédaction. Les détails en bas  !


Si vous n’avez que 30′ cette semaine



A partir d’ici 3′ de lecture passionnante.


Un mi-temps en entreprise,
c’est possible 


On décrypte pour vous ce décret publié le 26 novembre et déjà effectif. Il porte sur l’implication des chercheurs dans le privé. Explications. 


Commençons par ce qui n’est pas nouveau : il y a déjà vingt ans, la loi Allègre a donné un cadre législatif aux chercheurs pour s’impliquer dans des sociétés qui valorisent leur travaux, après avoir demandé l’autorisation auprès de leur établissement. Trois dispositifs existent :
  • La création d’une entreprise,
  • Le « concours scientifique »,
  • La participation aux instances délibératives (conseil d’administration ou conseil de surveillance).

Dans les faits, c’est le second, le concours scientifique, qui est le plus utilisé : environ 70 projets par an, selon le rapport Beylat-Tambourin de 2017 : l’entrepreneur (souvent un ancien doctorant ou postdoc de l’équipe) crée une entreprise, le chercheur reste au sein de son établissement et intervient en qualité de conseiller.

Un mi-temps hors labo
Venons-en au 
décret du 26 novembre, pris en application de la loi PACTE. Si au premier abord, ces dispositions peuvent paraître incrémentales, notamment la modification des périodes d’autorisation maintenant fixées à 3 ans renouvelables, elles sont en réalité importantes. Avec le passage de 20% à 50% du temps maximum consacré au « concours scientifique », un chercheur peut maintenant travailler deux jours et demi par semaine en entreprise, tout en conservant l’intégralité de son salaire. De plus, il pourra conserver ses parts dans l’entreprise malgré la fin de son autorisation afin de profiter d’un éventuel retour sur investissement plus conséquent.
Dignes de confiance
Enfin, le contrôle de ces dispositifs est notablement réduit,
la commission de déontologie n’examinera plus obligatoirement les demandes d’autorisation (10% des projets sont aujourd’hui rejetés) et les contraintes pour parer aux conflits d’intérêt sont également allégées. La frontière peut cependant être floue, selon un connaisseur du dossier, notamment dans le cas du concours scientifique : « Le chercheur peut être tenté de mener des travaux supplémentaires au profit de l’entreprise (et donc son propre profit), alors qu’il doit garder un rôle de conseiller au sein d’une entreprise qui valorise ses travaux : il n’est pas censé participer activement à la R&D de l’entreprise. » On fait donc confiance aux chercheurs, profitez-en à bon escient.


Ca vous fait réagir ? On le publiera.

Et si on prenait un café ensemble ? La rédaction de TMN vous invite à un petit déjeuner le 18 décembre prochain de 08h30 à 10h à Paris. Pour venir, un clic suffit.


Un chiffre
239
C’est le nombre de postes de chargés de recherche ouverts au concours du CNRS pour l’année 2020. Les candidatures sont à déposer le 7 janvier à 12h au plus tard. A vos projets ! Retrouvez l’analyse de Laurent dans OutsideLab mercredi prochain.


« On me soupçonnait
de vouloir créer un big brother »


En plus d’être une des figures de la physique quantique, Franck Laloë est à l’origine de la plateforme d’archives HAL. Il nous en raconte la genèse.


HAL, c’est avant tout l’ordinateur du vaisseau spatial dans 2001, Odyssée de l’espace. D’où vous est venu ce nom ?
FL 
Beaucoup de chercheurs en mathématiques et en physique étaient favorables au projet car ils connaissaient arXiv. Mais certains le soupçonnaient de devenir un « Big Brother » de la recherche : « Ton projet est pire que HAL de l’Odyssée de l’espace », me disaient-ils ! Par jeu, j’ai voulu garder l’acronyme et Daniel Charnay a inventé le nom complet : hyper-articles en ligne. Cela m’a pris du temps pour convaincre de l’intérêt de développer des archives ouvertes. Dès 1998, j’ai commencé un travail « d’évangélisation » auprès des organismes, universités, ENS, CNRS.

ArXiv existait depuis 1991. Vouliez-vous créer son équivalent français ?
FL 
L’inventeur du concept est en effet arXiv : son créateur, Paul Ginsparg est notre héros ! Mais la France se devait d’être le premier pays, après les Etats-Unis, à développer des archives ouvertes. Le but était aussi d’élargir à toutes les disciplines. Et quelle meilleure base que le CNRS pour faire cela ? Je leur ai donc demandé deux postes d’ingénieur et des locaux. Le CCSD a été créé en 2001 puis l’INRIA a rejoint le projet. Marco Picco (encore un physicien !) et moi-même avons ensuite collaboré avec arXiv, tout en veillant à la symétrie des échanges : envoi automatique des preprints collectés par HAL vers ArXiv et hébergement d’un de leurs miroirs dans nos locaux.
Aujourd’hui le CNRS veut rendre obligatoire le dépôt des publications sur HAL. Qu’en pensez-vous ?
LF
Je ne peux que me réjouir de tout ce qui permet de mieux alimenter HAL  ! Il faut cependant veiller à ce qu’il ne soit pas perçu comme un outil contraignant par les chercheurs et reste une aide. Vous savez, gérer des archives ouvertes, ce n’est pas qu’un problème technique, contrairement à ce que beaucoup croient. C’est avant tout une tâche très similaire à celle d’un éditeur d’une revue : définition des domaines scientifiques et classification, ainsi bien sûr que les critères d’acceptation, même si ceux-ci sont moins stricts que pour une revue.


Enseigner,
ça s’apprend aussi


Envie de nouveauté dans vos pratiques d’enseignement ? Voici peut-être l’occasion. Le MOOC « Se former pour enseigner dans le supérieur » (environ 2h/semaine jusqu’en février 2020) aborde les sujets d’apprentissage actif, l’évaluation des compétences par les pairs (étudiants) et d’autres !


Des infos en passant //////// Des chercheurs attaquent un journal pour diffamation après rétraction de leur article //////// Nature veut vous apprendre à diriger une équipe grâce à des experts en management ////////  Pour ceux qui veulent des étoiles tous les jours, The Atlantic publie le calendrier de l’avent du télescope Hubble ////////


Notre revue
de presse express



Et pour finir…

Qui n’a jamais rêvé de faire du bateau dans un détecteur de neutrino ? C’est que les employés de l’observatoire Super-Kamiokande au Japon ont eu la chance de faire lors de grands travaux l’an dernier.
Crédit : Kamioka Observatory, ICRR (Institute for Cosmic Ray Research),The University of Tokyo.

Tout premier titre pour notre playlist collaborative: Intergalactic des Beastie Boys, pour se remotiver avant le weekend. Ajoutez les vôtres !