Quelles étaient vos motivations quand vous avez développé le h-index en 2005 ?
J’espérais obtenir une première mesure approximative des réalisations scientifiques des candidats que nous évaluions pour des postes, avant de regarder plus en détail le dossier complet des candidats prometteurs. J’ai toujours pensé que les citations étaient une bonne mesure de la participation d’un article aux progrès scientifiques et un meilleur indicateur des réalisations d’un candidat que le nombre d’articles ou les lettres de recommandations. Le h-index était une façon de résumer une large quantité d’informations – le nombre de citations pour chaque article – dans un seul nombre.
Êtes-vous surpris que son utilisation se soit tant répandue ? Et aviez-vous prédit les mauvaises pratiques qui l’ont accompagné ?
J’ai été très surpris car j’avais uniquement le domaine de la physique en tête au départ et je n’aurais jamais imaginé qu’il se répandrait aussi largement dans les autres disciplines comme les sciences sociales ou médicales. Est-ce que le h-index a exacerbé des mauvaises pratiques comme la division des travaux de recherche en plus petites parties publiables individuellement, les quiproquos sur la participation de certains co-auteurs ou les travaux sur des sujets à la mode ? Ce serait bien sûr très regrettable mais je ne sais pas si c’est vraiment le cas. Une autre conséquence possible et inquiétante est l’encouragement des scientifiques à rejoindre des collaborations juste pour augmenter leur h-index. Je n’avais pas pris en considération ces problèmes à l’époque où je l’ai développé.
Pensez-vous qu’une mesure comme le h-index est toujours un bon moyen d’évaluer les chercheurs ?
Oui mais il doit être utilisé avec précaution. Par exemple, ça n’a aucun sens de comparer les indices h de deux chercheurs s’ils ont des formes de collaborations différentes – l’un publie avec vingt co-auteurs, alors que l’autre ne publie qu’avec deux ou trois – ou s’ils travaillent dans des domaines pour lesquels les taux de citation moyens sont très différents. Il est très important aussi d’identifier le rôle du chercheur dans la collaboration – s’il est un investigateur principal ou mineur –, ce que le h-index ne fait pas. Et dernier désavantage, le h-index ne récompense pas les travaux novateurs et importants mais qui ne sont pas très cités. |