10.03.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE
Ni tout blanc, ni tout noir
À perte de vue. Du blanc, j’en vois partout autour de moi. Je vous écris en direct du train Narvik – Stockholm traversant les paysages nordiques de montagnes enneigées.
Dépaysement total. Au milieu, des tâches sombres apparaissent : des arbres sans feuilles, des maisons en bois peintes en rouge sang, parfois des humains bien emmitouflés. Une belle façon de prendre du recul sur nos vies quotidiennes.
Non binaire. Du recul sur nos habitudes de travail, il n’est pas idiot d’en prendre également, surtout lorsqu’on parle des revues prédatrices. Car si leur impact négatif est certain, elles comblent aussi un vide.
Changement de perspective. Pour qui ? Pour des chercheurs de pays du Sud ou d’Asie, subissant l’injonction de publier dans des revues internationales mais ne pouvant accéder aux plus prestigieuses.
Un expert vous le dit. Pas de jugement hâtif donc. Les situations sont toujours complexes – on ne vous l’apprend pas – comme l’analyse le chercheur polonais Emanuel Kulczycki dont vous pouvez lire l’interview cette semaine dans TMN.
À très vite,
— Lucile de TheMetaNews.
PS. Notre campagne « Demain, ouvrir TMN » est maintenant finie, on vous donne des nouvelles bientôt !
Sommaire
→ INTERVIEW Géopolitique des revues prédatrices
→ UN CHIFFRE Votre utilisation de ChatGPT
→ UN OUTIL Vos données anonymisées
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Emojis pour la science
TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES |
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INTERVIEW
« La dénomination de revue prédatrice est assez offensante dans certains pays »
Le chercheur en sciences sociales Emanuel Kulczycki étudie les revues prédatrices et leur dimension géopolitique. Le Polonais appelle à un travail à l’échelle européenne.
Toute la littérature publiée dans les revues dites prédatrices doit-elle être mise à la poubelle ?
↳ Certainement pas. Il y a beaucoup de discussions au sujet des revues prédatrices et peu d’études. Les revues des grandes maisons d’édition (Springer Nature, Elsevier, Wiley…) sont en général catégorisées comme de “bonnes revues”, alors que les revues locales qui publient dans une langue autre que l’anglais – par exemple une revue en français éditée en France – sont catégorisées comme de “mauvaises revues”. La réalité est bien plus compliquée (…)
UN CHIFFRE
27%
Le dernier sondage réalisé par le magazine Nature confirme notre analyse publiée en janvier 2023 : ChatGPT devient incontournable. Parmi les presque 700 chercheurs ayant répondu, quatre sur cinq l’ont déjà testé et 8% y font appel quotidiennement. Si 57% répondent l’utiliser “pour le fun” sans lien avec leur recherche, 27% indiquent en faire usage pour du brainstorming sur leur sujet.
UN OUTIL
Vos données anonymisées
Besoin d’anonymiser vos données sensibles ? Voici le webinaire qu’il vous faut – ici sur Youtube. Dans celui-ci, Manolis Terrovitis, chercheur grec spécialisé dans domaine, présente l’outil Amnesia, dédié spécialement à l’anonymisation des données via plusieurs techniques. Les planches de la présentation sont à retrouver sur Zenodo.
EXPRESS
Des infos en passant
● Le chant des chercheurs. Les Scientifiques en Rébellion refont parler d’eux. En marge du salon de l’Agriculture le 4 mars dernier, le collectif alertait sur les dangers des pesticides, notamment pour la biodiversité, demandant une réduction drastique de 90% d’ici 2050. Autre action contre BNP Paribas : 600 scientifiques dont dix membres du GIEC appellent à arrêter le démarrage de nouveaux projets dans une tribune publiée dans l’Obs.
● On peut tromper 1000 personnes… Combien de fois peut-on détourner la même revue ? Souvenez-vous, la technique des “hijacked journals” – en anglais dans le texte – est simple : changer légèrement le nom d’une célèbre revue et attendre que les chercheurs tombent dans le piège. L’une en est à son quatrième clone, comme le rapporte Retraction Watch. Pour ne pas vous faire avoir – on vous le présentait comme outil en juin dernier – consultez la liste des revues détournées.
● Épi d’or. Une conférence autour des épirevues aura lieu à Lyon fin mars jeudi 30 et vendredi 31, organisée par le Centre pour la communication scientifique directe (CCSD), le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche et plusieurs organismes de recherche. Des retours d’expérience de chercheurs ayant créé leur propre revue sont au programme. Au passage, les sites episciences.org et sciencesconf.org ont fait peau neuve.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Petite annonce. De plus en plus nombreuses, les usines à publis – ou “paper mills” – proposent aux chercheurs d’être cités dans de fausses études scientifiques, falsifiées ou plagiées, pour un prix souvent exorbitant, explique le média Science et Avenir. Une chercheuse, dont la thèse a été amplement plagiée, rapporte que certaines de ces organisations utilisent même Twitter pour relayer leurs offres !
→ Mise à niveau. Une formation obligatoire pour pouvoir encadrer une thèse ? C’est ce que préconise la Leru — Ligue des universités européennes de recherche — afin de renforcer les normes de supervisions doctorales à travers le continent, explique le média Times Higher Education.
→ Bonne foi. La capacité de l’intelligence artificielle ChatGPT – dont nous vous avions parlé ici – à générer des articles scientifiques inquiète les revues scientifiques, qui se voient obligées de mettre en place des politiques de publication adaptées, rapporte la revue Science. Si certaines interdisent tout simplement l’usage du chatbot, d’autres demandent aux auteurs de mentionner son utilisation.
→ Marche arrière. En décembre dernier, deux scientifiques avaient été sanctionnés pour avoir appelé leurs collègues à embrasser l’activisme climatique lors d’une conférence — TMN vous parlait de l’engagement des scientifiques ici. Suite à une pétition signée par plus de 1500 scientifiques, leurs travaux ont finalement été réintégrés dans le résumé du congrès mais leur exclusion est maintenue, rapporte la revue Science.
→ Avec des pincettes. Travailler avec des personnes victimes de traumatismes, en respectant la règle de base de ne jamais blesser qui que ce soit, s’avère parfois difficile à faire, rapporte la chercheuse Nena Mocnik pour le média The Conversation. Elle revient sur son expérience de terrain ainsi que sur sa volonté d’adopter une nouvelle méthode qui favoriserait un échange mutuel.
→ Conseil d’ami. Les conclusions du Conseil de l’Union européenne sur l’industrie de l’édition scientifique appellent à ce que le libre accès devienne le mode de publication par défaut et ce, sans frais pour les auteurs, rapporte le média Science Business.
→ Dans le viseur. Deux membres du Conseil français de l’intégrité scientifique appellent à une meilleure prise en charge des cas de harcèlement moral dans les laboratoires dans une tribune au Monde. Prévention, formation, mise en place de cellules d’écoutes facilement accessibles… La prise en considération systématique du sujet est nécessaire pour le bien-être des « travailleurs de la recherche ».
— Revue de presse rédigée par Noémie Berroir
ÉMOJIS POUR LA SCIENCE
Et pour finir…
Vous adorez les émojis et vous aimeriez en avoir sur votre sujet de recherche ?