Doit-on pousser les chercheurs à la nouveauté ? Le généticien Barak Cohen appelle à la prudence. En tant que chercheur, vous sentez-vous incité à produire de la nouveauté ? Oui. La recherche de la nouveauté fait partie intégrante de notre travail : il n’est pas nécessaire de la récompenser explicitement. Notre système de revue par les pairs réussit déjà à contrebalancer la volonté d’être le premier à publier par la peur de se tromper. Si la nouveauté est trop promue par les institutions, la rapidité pourrait l’emporter sur la rigueur. Quel est le risque à trop inciter à produire de la nouveauté ? Celui de diminuer la motivation à approfondir les problèmes. En surévaluant l’importance de publier du nouveau, le travail nécessaire pour valider les théories et étendre leur portée à de nouveaux domaines est sous-estimé. Nous l’avons tous vécu : le premier article sur un sujet reçoit beaucoup d’attention, les suivants moins. Cela envoie un message décourageant aux postdocs et aux doctorants. Est-ce que la situation s’améliore ? C’est constant, je dirais. L’incitation à la nouveauté est encore assez lourde – par exemple, dans les instructions du NIH [l’institut gouvernemental pour la recherche biomédicale aux Etats-Unis, NDLR] pour les demandes de financements, le mot nouveauté revient régulièrement – et nous devrions la diminuer. L’un des objectifs de la recherche est d’étendre les théories à de nouveaux domaines et, pour cela, vous devez mener des expériences similaires, encore et encore, dans des contextes différents. Il ne faut pas décourager ce type de travail ! Les chercheurs sont-ils en capacité d’agir ? Oui, nous avons le pouvoir de changer les choses. En tant qu’évaluateurs, nous n’avons pas besoin de mettre l’accent sur la nouveauté s’il existe d’autres preuves de qualité d’un travail scientifique que nous valorisons également. Lorsque je relis un manuscrit, j’apprécie les modèles quantitatifs et les travaux prédictifs – domaine dans lesquels la France est historiquement en pointe, ce dont elle devrait être fière. [Lisez son point de vue paru dans eLife ] |
David Chavalarias : « X vous projette dans le pire de votre environnement social »
En tant que chercheur, que vous apportait un réseau social tel que Twitter avant ? Twitter m’était utile pour faire de la veille scientifique et technologique, en étant connecté à des experts de mon domaine qui produisent ou pointent vers des publications ou d’autres...