Cette rentrée qui n’a pas eu lieu

— Le 15 janvier 2021

Universités fantômes
En décembre, on en était (presque) certain : il y aurait bien une rentrée universitaire. Mais celle-ci tourne au vinaigre, voire au drame. Revue d’un milieu sous tension.

Signaux d’alarmes. Moins d’une semaine après la rentrée, deux étudiants ont tenté de se suicider à Lyon et les témoignages de « fantômes » s’accumulent sur Twitter. Le président de l’université de Lyon alerte sur cette « urgence nationale » et le président du conseil scientifique Jean-François Delfraissy juge que la situation psychologique des étudiants est aujourd’hui un problème majeur de santé publique. Rappelons également qu’un incendie a mené à l’annulation des examens lundi matin à Nantes.

Occuper le terrain. Pas de réaction officielle à date de Frédérique Vidal sur les tentatives de suicide, même si la ministre a déploré une « situation extrêmement difficile pour les étudiants (…) particulièrement ceux qui vivent seuls ». Sur un autre sujet, en visite à Cergy lundi où une reprise en tout petit comité s’est amorcée, la ministre a pointé le risque de « brassage » des étudiants en dehors des cours : « un café à la pause, un bonbon qui traîne sur la table ou un sandwich avec les copains à la cafétéria ». 

La situation psychologique des étudiants ? Un problème de santé majeur. Parole salvatrice. Avec un psychologue pour 30 000 étudiants, comment assurer un suivi ? La ministre assure que l’autorisation a été donnée aux universités de doubler le nombre de psychologues ; des assistantes sociales et des tuteurs étudiants seront également recrutés pour le second semestre – on espère quand même que d’ici là le confinement sera un lointain souvenir.

Impossible équilibre. Pour les enseignants-chercheurs (ou chercheurs enseignants), pris entre deux feux, c’est toujours le même dilemme d’autant plus durant cette période charnière entre deux semestres : maintenir le niveau au risque d’être accusés de maltraitance ou bien être trop arrangeant et démotiver ceux qui s’accrochent voire être taxés de laxistes…

Un décret permet l’accueil des étudiants en petit groupe pour des « activités de soutien pédagogique ».

Verre à moitié vide. Les examens ont pourtant bien lieu en demi-jauge cette semaine dans la plupart des universités. Certains, comme Frédéric Restagno, mesurent le taux de CO2 dans les salles – on vous en parlait. Au passage, pour les étudiants positifs au Covid, les rattrapages ne sont pas toujours envisageables ; ceux-ci sont donc tentés de cacher leur maladie pour assister aux examens.

Et après ? Olivier Ertzscheid, qui faisait cours à ses étudiants dans la rue, appelle à désobéir. Pourtant, un décret paru au Journal officiel du 10 janvier 2021 donne la possibilité d’accueil des étudiants par petit groupe pour des « activités de soutien pédagogique ». La formule est suffisamment vague pour laisser les universités s’organiser mais cela sera-t-il suffisant pour soutenir les étudiants qui en ont le plus besoin ?

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