Christophe Voillot, chercheur en sciences politiques et secrétaire général du Snesup-FSU, analyse pour TMN la polémique en cours. Comment accueillez-vous l’enquête annoncée par Frédérique Vidal ? Je ne vois pas pourquoi le CNRS [l’enquête sera portée par l’Alliance Athéna, NDLR] devrait assumer une mission de police de la pensée, ce n’est pas son rôle. Les inspections générales sont faites pour ça, comme dans le cas de Sciences po [plus d’infos ici, NDLR]. On est en plein mélange des genres, les reproches faits aux chercheurs ne reposent sur rien, il faut les laisser maîtres de leur agenda. Pourquoi tant de confusion ? Tout le monde a un point de vue sur les sciences sociales, qui s’expriment en langage naturel ; un informaticien n’aura jamais le même problème. Il y a un continuum entre nos travaux de recherche, les travaux de vulgarisation puis les entretiens avec les journalistes et des reprises par les politiques avec, à chaque fois, un risque de déformation. Certains chercheurs sont politiquement engagés et s’expriment dans les médias mais on prend souvent ces interventions pour des prises de position. Qui sont les islamogauchistes ? Je n’arrive pas à repérer dans les travaux que je connais quelque chose qui relèverait de cet islamogauchisme. Certains chercheurs engagés s’expriment mais de là à penser qu’il s’agit d’un mouvement structuré contre la République… c’est une panique politique. On est dans une forme de McCarthysme qui m’effraie alors même que ces recherches sur l’islam radical ont été à un moment donné encouragées. |
Hélène Gispert : « L’absence des femmes aux Nobel n’est que la partie émergée de l’iceberg »
Les femmes sont encore une fois les grandes perdantes de cette série de Nobel 2024. Faut-il s'en indigner ? En effet, si l’on regarde les cinq dernières années, sur les trois prix de médecine, physique et chimie, 29 hommes et seulement six femmes ont été récompensés....