Comment le microbiote a fait florès

— Le 31 mai 2021
Commençons par une image, pour changer. Voici une carte des microbiotes du corps humain, répartis sur tout notre corps. Dans ce numéro, il sera principalement question du microbiote intestinal, le plus étudié. En couleur, les différentes souches de bactéries (détails et source)

Le petit peuple des villosités (vue d’artiste)
Longtemps mésestimé, l’impact du microbiote sur la santé humaine fait aujourd’hui la une. L’aboutissement de dizaines d’années de recherche.

Lumières intestinales. L’influence de la population microbienne de notre corps (en particulier celle de l’intestin) n’est pas une préoccupation récente, puisqu’elle remonte a minima au XIXe siècle. Longtemps purement descriptive, la recherche sur le microbiote a connu une accélération ces dernières années.

Verrous techniques. Jusqu’au tournant des années 2000, la recherche était en effet freinée par la culture très complexe de ces bactéries qui doivent être privées d’oxygène. Mais la révolution ADN est passée par là, comme le précise Nathalie Vergnolle :« La possibilité de séquencer le microbiote a permis de lever les verrous : il était devenu faisable de cartographier sa composition. Cela a poussé les chercheurs à étudier les bactéries espèces par espèces »

 Révolution. Deux projets de séquençage, à la suite de celui du génome humain, marquent ce tournant vers la big data : Le Human Microbiome Project (HMP) dès 2007 aux Etats-Unis, MetaHIT en Europe entre 2008 et 2012, mené par l’Inrae. De purement descriptive, la recherche devient fonctionnelle, s’accélère et se diversifie. 

Organe ubiquitaire. L’évidence s’impose : quand on réimplante un microbiote d’un individu à un autre, certaines pathologies suivent, comme dans cette étude pionnière sur l’obésité chez la souris. Le microbiote serait impliqué dans une liste de de maladie qui donne le vertige : cancer, maladies inflammatoires, allergie, ostéoporose, Alzheimer…

L’air du temps. Les publis se multiplient à vitesse exponentielle dans les années 2010, comme en témoigne un chercheur, connaisseur du secteur :« Le microbiote étant « à la mode », les scientifiques se sont précipités dessus ; on en revient aujourd’hui. Editeurs et reviewers sont plus prudents et les études qui sortent sont plus solides ».

Ce qui reste à faire. Si de nombreux espoirs sont permis, les thérapies liées au microbiote doivent encore faire leurs preuves. Une seule est aujourd’hui autorisée dans le traitement d’infections intestinales résistantes, d’autres arriveront en adjuvant des traitements de certains cancers ou d’infections à Helicobacter Pylori. Ce n’est que le début, la France étant bien positionnée dans le secteur. 

Pour aller plus loin.  Si vous vous intéressez au sujet, prenez le temps de regarder ce docu de référence. Des actus scientifiques et techniques peuvent aussi être dénichées ici.

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