28.04.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE
Biblionormativité
Cadeau empoisonné. Pourquoi sommes-nous si tolérant·es envers certaines choses qui, au global, nous pourrissent la vie ? Un exemple : la voiture. Des chercheurs ont montré que nous en minimisions les conséquences néfastes, par rapport à d’autres fléaux moins socialement admis – du moins aujourd’hui – comme la cigarette. Ils ont nommé le phénomène la motonormativité.
Simple comme bonjour. Une des raisons de ce déni est le service évident que nous rend la voiture : être libre de se déplacer où et quand on veut. Et quand ça paraît naturel, ça ne peut pas être mauvais… Il en va un peu de même avec nos habitudes de publication.
Biblionormativité. Soumettre ses manuscrits dans des revues payantes est toujours un réflexe bien ancré qui permet de garnir son CV, empêchant néanmoins la diffusion des connaissances au plus grand nombre, en particulier aux chercheurs les moins riches…
Changer le monde. C’est pourquoi certains de vos collègues ont choisir de créer leur revue, adossée aux archives ouvertes et gérant le processus éditorial de A à Z. Le pourquoi était raconté dans notre épisode 1, le comment est exposé cette semaine dans l’épisode 2. En espérant que ça vous inspire !
À très vite,
— Lucile de TheMetaNews
Sommaire
→ ANALYSE Ils et elles ont créé leur revue, voici comment (Ep.2)
→ CHIFFRE Citer ses propres papiers, ok mais combien ?
→ OUTIL Simuler la réduction de votre empreinte carbone
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Turner en 2030
TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES |
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ANALYSE
Créer sa revue : ils et elles l’ont fait (Ep.2)
Second volet de notre enquête sur les épirevues, qui ont permis à des chercheurs de toutes disciplines de s’affranchir, partiellement, des grands éditeurs.
↳ Créer sa revue sur le modèle des “épirevues” – l’épisode 1 vous a peut-être donné envie – oui mais comment ? Certains d’entre vous ont peut-être déjà une expérience d’éditeur, ce qui est un bon point de départ. « D’autres partent de zéro, sans savoir tout à fait par quel bout prendre la chose », témoigne Céline Barthonnat (…)
CHIFFRE
1 sur 10
Citer ses propres articles, tout le monde le fait… au moins un peu. Le taux d’autocitation varie en biologie entre 8 et 13%, selon une étude déposée sur bioRxiv. Analysant près de 100 000 articles datant de ces vingt dernières années, ce preprint montre que ces taux restent stables dans le temps. Fait à moitié surprenant : le dernier auteur est responsable de la grande majorité des autocitations – entre 40 et 80% selon le nombre total d’auteurs.
OUTIL
Simuler la réduction de votre empreinte carbone
Réduire l’empreinte carbone à l’échelle de votre labo, vous êtes sûrement pour, mais comment faire en pratique ? Labos1point5 vous propose Scénario1point5, un outil permettant de simuler la mise en place de certaines mesures comme instaurer des quotas sur les déplacements en avion (relire notre enquête sur le sujet), augmenter le télétravail, optimiser les systèmes d’isolation et de chauffage des bâtiments, réduire les achats… Vous pourrez partager les résultats à l’ensemble du labo, dans le but d’informer tout un chacun·e mais aussi d’éclairer la prise de décision.
EXPRESS
Des infos en passant
● Ego sous-dimensionné. Les chercheuses écrivent-elles leurs papiers différemment de leurs homologues masculins ? Oui, elles décrivent leurs résultats en termes moins positifs et cela affecte l’impact – c’est-à-dire le nombre de citations – de leurs publications, conclut une étude publiée dans Scientometrics. Analysant via un modèle de langage – BERT pour les experts du sujet – plus de 10 000 publications dans le domaine du marketing, l’étude confirme des travaux précédentes, dont celle-ci en bio. Les femmes manqueraient-elles de confiance en elles, s’interrogent les auteurs ?
● Chez les phocéens. Après Episciences – c’est le sujet du papier de la semaine –, au tour d’OpenEdition, une autre structure pour la science ouverte assez connue dans les sciences humaines et sociales, d’organiser des journées de rencontres et de partages d’expérience. Cette troisième édition aura lieu du 10 au 12 mai à Marseille.
● Croissance et décroissance. Reviewez-vous plus que vous ne publiez ? Une publication de Scientometrics a étudié la relation entre le nombre d’articles relus et publiés. Parfois linéaire, parfois quadratique (si, si)… elle dépend beaucoup des disciplines et permet de voir la dynamique d’une communauté.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Dr Jekyll and Mr Hyde. Quoi de plus normal pour les virologistes que de déposer sur GISAID les séquences qu’ils viennent de découvrir ? Sauf que le fondateur de la base de données, Peter Bogner, semblerait avoir quelques dédoublements de la personnalité… Science essaie de démêler le vrai du faux, dans un contexte d’opacité certaine.
→ Bannis. Le déclassement d’une cinquantaine de revues de la base Web of Science fait toujours jaser. C’est au tour du magazine Chemistry World d’en parler, mentionnant la destitution de plusieurs revues éditées par la pourtant prestigieuse maison Springer Nature. Face aux revues prédatrices, la Norvège préfère publier sa propre liste de revues recommandables.
→ Impunité totale. Reconnu coupable de harcèlement sexuel, le biologiste David Gilbert a déménagé son labo de l’autre côté des États-Unis tout en conservant ses financements du fameux National Institutes of Health (NIH). Interrogeant collègues et institutions, Science montre à quel point les avis divergent quant aux sanctions à appliquer dans ce genre d’affaires.
→ Réactions en chaîne. Nouveaux signalements sur Pubpeer, rumeurs de harcèlement, tensions entre chercheurs et référents intégrité scientifique… l’affaire Sorbonne Paris Nord, qui avait motivé des chercheurs à dénoncer le manque de transparence des enquêtes – relire notre analyse –, est loin d’être close. Le Monde en narre les derniers rebondissements.
TURNER EN 2030
Et pour finir…
Utiliser l’IA pour peindre le futur à la manière de Turner ? Voici le résultat.