Des jeunes chercheurs plus responsables

— Le 15 octobre 2021

Responsables, mais pas coupables
La crise de la Covid a mis la science en première ligne : avec des effets bénéfiques sur de nombreux jeunes chercheurs. Et Didier Raoult n’y est pas pour rien.

Révélation. La prise de conscience d’une responsabilité sociétale ressort de la première série d’entretiens du projet Harbingers 2 – le premier du nom s’intéressait entre autres aux rapports qu’entretiennent les millenials avec les plateformes numériques et leur métriques.

Chérifa Boukacem-Zeghmouri, professeure en sciences de l’information et de la communication, témoigne de son étonnement : « Nous ne l’avions pas anticipé : parmi les vingt jeunes chercheurs français interrogés, presque tous pointent le rôle et la responsabilité des chercheurs dans la diffusion des connaissances scientifiques vers les citoyens. Certains souhaitent changer de carrière. »

Sur le terrain. Olivier Belli, doctorant en génétique, s’était justement lancé dans la vulgarisation scientifique dès le début de la Covid – il nous présentait ses motivations en mars 2020. Recontacté, il confirme cette prise de conscience : « J’ai toujours eu un intérêt pour la communication scientifique mais c’est aujourd’hui plus normalisé sur les réseaux sociaux et plus encouragé par les institutions. »

Sauver la démocratie. Pour Chérifa Boukacem-Zeghmouri, il y a dans ce nouvel engouement un “effet Raoult” mais pas que : « Les jeunes chercheurs ont vu des non-experts s’exprimer sur des plateaux télé et dire choses infondées ; Donald Trump est cité, par exemple. Ils se sont également rendus compte à quel point les citoyens ignorent comment se fait la recherche aujourd’hui. »

Entrer dans l’arène. Mais l’enjeu n’est pas que dans la communication scientifique à la « C’est pas sorcier », centrée uniquement sur la curiosité et la découverte, affirme Olivier Belli : 
« Pour gagner en crédibilité, les scientifiques devraient sortir de leur illusoire posture de neutralité politique et s’engager sur des sujets tels que le confinement ou le passe sanitaire, au lieu de laisser le champ aux critiques conspirationnistes. »

Chronophage. Pour ces jeunes scientifiques en quête de public, être actif sur les réseaux sociaux, tenir un blog, une chaîne Youtube ou Twitch semble tout naturel. Les barrières restent le manque de formation — auquel les ateliers de ComSciCon peuvent par exemple y remédier — et de temps : il faut assurer une régularité presque quotidienne pour être suivi.

Une passade ?  Est-ce une réaction épidermique qui passera avec la crise ? Chérifa Boukacem-Zeghmouri s’interroge : « Nous allons voir si la tendance se confirme dans les deux prochaines séries d’entretien à venir d’ici mi-2023. » On reste branché ! 

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