Des médailles pour toutes et tous

12.12.2025 • N° 554 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Un tout petit monde

Networking. Durant les conférences, on présente ses résultats mais pas que. C’est aussi l’occasion de rencontrer de nouveaux collaborateurs, de récolter des idées novatrices mais aussi d’obtenir des infos pour décrocher un financement ou avancer dans sa carrière. 

Humain. Les conférences permettent aussi de se retrouver entre doctorants, entre encadrants, entre amis… pour échanger sur son quotidien, son vécu. Et quand on est une femme dans un environnement où il n’y en a pas – un exemple au hasard, la physique –, ça fait du bien.

Genèse. C’est dans ce contexte qu’ont émergées deux initiatives pour l’égalité femme-homme dans deux sous-disciplines, la mécanique des solides et les technologies quantiques. Nous vous les livrons cette semaine à travers le témoignage de deux chercheuses.

Bonne lecture, 
— Lucile de TheMetaNews

 PS  Sur ce thème des femmes et des sciences, vous pouvez écouter cet épisode du podcast la Boss des maths dans lequel j’interviens. 

Sommaire

→  ANALYSE  Parité, des chercheuses passent à l’action
→  OUTIL  Une boîte à outil intègre
→  EXPRESS  Déclaration à Stockholm, accords sur les droits d’auteurs, etc.
→  CHIFFRE  Des papiers acceptés en express… grâce à l’IA
→  EXPRESS Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR On tour

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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ANALYSE

« La misogynie se ressent toujours au quotidien »

Dénoncer les inégalités femme-homme, c’est salutaire. Proposer des solutions, c’est concret. Deux physiciennes, Maurine Montagnat et Christiane Koch, ont décidé de faire bouger les choses dans leur discipline.

    ↳ Où sont les femmes ? À la dernière conférence de la société savante européenne de sa discipline à Lyon en juillet dernier, ce fut le pompon : sept prix décernés, aucune lauréate. « En discutant entre chercheuses, nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas la première fois », se souvient Maurine Montagnat. Ces récompenses existent depuis plus de 20 ans mais n’ont compté qu’une seule femme parmi les 35 lauréats (…)

OUTIL

Une boîte à outil intègre

Armés. À destination des jeunes chercheurs particulièrement vulnérables à la précarité et au publish or perish, la maison d’édition Taylor&Francis et l’organisation à but non lucratif Sense about Science publient une boîte à outil sur l’intégrité scientifique. Celle-ci contient des ressources sur le processus de recherche, depuis la conception de l’expérience jusqu’à l’écriture du manuscrit, en passant par la relecture par les pairs et la diffusion des résultats au grand public.

EXPRESS

Pendant ce temps dans les labos

● Syndrome. Rédigée par des experts en intégrité scientifique et l’Académie des sciences suédoise, la déclaration de Stockholm pour une réforme de l’édition scientifique a été publiée dans Royal Society Open Science. Face à l’explosion des fausses publis, 34 actions sont proposées dont l’abandon des indicateurs chiffrés pour l’évaluation – nous vous en parlions la semaine dernière –, la promotion de la science ouverte et du modèle diamant ainsi que la création de scores pour évaluer les revues, détaille un article de blog de la Royal Society.

● Simplicity. Le ministère de la Recherche annonce une “licence commune” pour les droits d’auteurs des « dizaines de milliers » d’images utilisées pour vos travaux de recherche, à travers un paiement forfaitaire par ses soins. Actuellement, les chercheurs, notamment ceux en archéologie, géographie, histoire, ou histoire de l’art, doivent demander l’autorisation et payer les images une par une. Un formulaire en ligne permettra de signaler l’utilisation d’images, précise nos confrères de l’AEF ↯. Un guide pour les utilisateurs est à paraître – nous vous tiendrons au courant.

Entre-soi. L’endogamie dans les revues universitaires n’est pas sans risque en termes d’indépendance éditoriale et de transparence, souligne un article publié dans Journal of academic ethics. Souvent en langue locale, ces revues contribuent pourtant à la diversité linguistique et à la mise en lumière de priorités nationales. Les auteurs proposent notamment d’ouvrir à des personnalités extérieures les comités éditoriaux mais aussi d’améliorer les processus de peer review.

● Mais aussi…  Organisé par l’université de Lorraine, un webinaire intitulé « L’intégrité scientifique au défi des nouvelles pratiques éditoriales » aura lieu le 12 février avec des intervenants très intéressants sur le papier ● Les altmetrics peuvent renseigner sur l’impact sociétal d’une publi mais sont loin de remplacer indicateurs traditionnels, affirme un article publié dans Frontiers in Research Metrics and Analytics ● Springer Nature annonce l’ouverture de leur base protocols.io aux chercheurs de pays à faible revenu via le portail Research4Life ● 

CHIFFRE

7 jours

Il n’aura fallu que sept jours pour accepter deux nouveaux articles dans la revue NEJM AI grâce à un processus accéléré… par l’IA. Comme le détaille cet éditorial du 26 novembre 2025, un éditeur a d’abord rédigé un premier rapport puis en a généré deux autres via GPT5 et Gemini 2.5, pour enfin les présenter devant l’équipe éditoriale qui a approuvé les deux papiers. Les auteurs ont ensuite dû répondre point par point aux rapports provenant d’humains et d’IA. Par transparence, les “prompts” et échanges avec les IA ont été publiés afin que les lecteurs puissent « juger par eux-mêmes de la qualité des relectures ».

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Top 10. Nature publie comme tous les ans sa liste des dix scientifiques qui ont marqué l’année. Parmi les nominé·es 2025, Achal Agrawal tente de comprendre et de lutter contre la fraude en Inde, notamment via les rétractations – nous l’avions interviewé en mai dernier.

→ Dactylo. Les auteurs et les éditeurs le constatent : un nombre grandissant de rapports de peer review sont retouchés, voire générés par ChatGPT ou une autre IA générative. Quelle attitude adopter ? Le Monde a été interrogé la European Molecular Biology Organization (EMBO) ↯.

→ 100% IA. Des papiers co-signés par des IA et reviewés par des IA ? Aucun souci pour la nouvelle plateforme aiXiv, elle accepte tout. À contre-courant des politiques actuelles de l’édition scientifique, aiXiv saura-t-elle convaincre et maintenir la qualité de ses contenus ? Science sonde la communauté.

→ Conflits d’intérêt. La méga revue Science of the Total Environment de chez Elsevier publiant plus de 10 000 articles par an vient d’être désindexée du Web of Science, faute de qualité. Avec l’aide des deux chercheurs ayant mis en lumière les revues profanées – relire notre analyse – El Pais a mené l’enquête sur la revue et sur le chercheur à sa tête (en anglais). 

→ Last round. Publiée en 2000 dans la revue Regulatory Toxicology and Pharmacology, l’article de référence affirmant l’absence de risque pour la santé du glyphosate – et plus précisément du Roundup commercialisé par Monsanto – vient d’être rétracté. Une victoire pour tous ceux qui le soupçonnait de conflits d’intérêt, comme l’explique Le Temps avec l’APF

→ Chercheur/patient. Souffrant d’une myopathie rare, Matthias Lambert tente de trouver un remède à sa maladie. Téléthon oblige, toute la presse parle de lui cette semaine. Après huit ans passés à Harvard, il vient d’intégrer un labo privé. Libération tire son portrait ↯.

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ON TOUR

Et pour finir…

En tournée, les IgNobel étaient à Paris cette semaine !