12.05.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE
Quoi de neuf, docteurs ?
Un peu d’histoire. Savez-vous quand a été soutenue la première thèse en France ? C’était en 1810 à Besançon, nous a appris l’historien Pierre Veschueren à la Journée nationale du doctorat à laquelle j’assistais hier.
Anecdote amusante. Le diplôme, instauré par Napoléon 1er, avait pour but d’accréditer les enseignants et de s’assurer de leur moralité. Le premier candidat étant prêtre défroqué, vous comprendrez bien pourquoi il était en recherche de légitimité.
Pèlerinage. Le chemin a ensuite été long pour arriver vers 1950 à une formation par et pour la recherche, en somme le doctorat que l’on connait aujourd’hui. Une étape en forme de baptême du feu pour beaucoup, qui n’est pas toujours facile à gérer émotionnellement.
Bouche cousue. Transition toute trouvée pour le sujet du jour : la fatigue compassionnelle dans l’expérimentation animale. Un sujet ultra sensible dans lequel la parole est d’autant plus compliqué à libérer que les militants de la cause animale entretiennent la culpabilité.
À très vite,
— Lucile de TheMetaNews
Sommaire
→ ANALYSE Au cœur des animaleries
→ CHIFFRE Le prix du peer review estimé
→ OUTIL Google Scholar… en mieux
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Écran bleu
TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES |
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ANALYSE
Au cœur des animaleries
Animaliers et chercheurs font face tous les jours à des injonctions contradictoires : traiter dignement des animaux parfois amenés à souffrir. Certains en souffrent eux-mêmes.
↳ Travailler dans une animalerie n’est pas une sinécure. Les personnels doivent souvent porter une tenue spécifique, rester dans des pièces parfois sans lumière naturelle, transporter les cages et subir les odeurs à longueur de journée… Le métier est dur et beaucoup développent des allergies aux rongeurs, les obligeant à porter un masque en présence des animaux.
CHIFFRE
1 272 $
Le prix du peer review par chercheur et par an a été estimé à 1 272 dollars par les auteurs de cette étude publiée dans Research Integrity and Peer Review. Ceux-ci se sont basés sur une enquête auprès de 350 reviewers de plus de 30 pays. Le montant pour la communauté au global se chiffrerait à six milliards de dollars pour 2020, en tenant compte des manuscrits rejetés. Les auteurs plaident pour une reconnaissance du peer review dans l’évaluation des chercheurs et une compensation financière de ce travail par les revues.
OUTIL
Google Scholar… en mieux
Vous commencez une revue de littérature sur un sujet donné ? ResearchRabbit pourra être une bonne alternative à Google Scholar. Il vous suffit d’entrer un premier article et vous pourrez explorer le domaine. Basé sur les liens de citation entre publications, cet outil en ligne vous permet d’enregistrer les papiers – la connexion est possible avec Zotero – et de les visualiser sous la forme d’une cartographie. La prise en main est très rapide, voici un petit tutoriel vidéo pour aller encore plus vite.
EXPRESS
Des infos en passant
● Auto-analyse. Un appel à manifestation d’intérêt baptisé Recherche sur les pratiques et enjeux de la science ouverte est lancé via l’ANR en préparation à un futur appel à projets. Ouvert jusqu’au 29 juin, il s’adresse à l’ensemble des communautés scientifiques dans une démarche “méta”. Pour y participer, il vous suffit de déposer une lettre d’intention de trois pages.
● Sans faille. Manifestation de soutien pour la nouvelle revue Imaging Neuroscience : plus de 1000 chercheurs se sont proposés pour reviewer des papiers. Créée en accès ouvert et à but non lucratif par l’équipe éditoriale démissionnaire de NeuroImage en réaction aux frais de publications trop élevés, la revue devrait officiellement démarrer mi-juillet et recevoir ses premières soumissions.
● Reproductibili-tea. Le parlement britannique vient de publier un rapport sur l’intégrité scientifique et la reproductibilité assorti de 28 recommandations à destination des éditeurs et financeurs de la recherche : 100% d’open access, promotion des registered reports, publication des raports de peer review, mais aussi moins de pression sur les chercheurs avec un temps minimal protégé pour la recherche et un contrat de minimum trois ans pour les postdocs sont au programme.
● Prise de pouls. Le Laboratoire interdisciplinaire sur le doctorat, créé par le cabinet Adoc Talent Management, lance une étude portant sur la santé pendant la thèse. Vous êtes doctorant·e ? C’est par ici pour répondre à l’enquête.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Bombe climatique. Cette semaine des dizaines de scientifiques se sont mobilisés – TMN vous parlait de ces scientifiques engagés ici – partout en France en visant cette fois BNP Paribas, la banque française qui investit le plus dans les énergies fossiles, rapporte le média Reporterre. Dans la même veine, 188 scientifiques dont Valérie Masson-Delmotte – relire notre interview –, ont signé tribune au Monde dénonçant le projet d’oléoduc de TotalEnergies en Ouganda.
→ Révision. MDPI est-il un éditeur prédateur ? L’autrice d’une publication de 2021 à charge contre cet éditeur en “zone grise” – relire notre analyse sur ce sujet – nuance son propos dans une version corrigée suite aux plaintes de MDPI. Ce dernier n’est toujours pas satisfait, rapporte Retraction Watch.
→ Détecteur de mensonge. Alors que les revues sont de plus en plus confrontées à des manuscrits scientifiques frauduleux, provenant le plus souvent des “paper mills”, de nombreux outils sont en cours de développement pour lutter contre ce phénomène, explique la revue Science.
→ BFF. Source d’inspiration ou instinct de survie… À quoi ressemblent les amitiés dans le milieu universitaire ? Six chercheurs américains proposent une réflexion sur les défis et les joies engendrées par les liens amicaux académiques dans le média Times Higher Education.
— Revue de presse rédigée par Noémie Berroir