C’est notre numéro 99 ! |
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18 septembre 2020 /// L’actu des labos
Du labo
au citoyen
La science est-elle coupée du reste du monde ? La question est aussi vieille que la professionnalisation des carrières scientifiques à la fin du XIXème siècle.
Que faire aujourd’hui ? Alors que la loi Recherche passe devant les députés, on a jeté un œil à ce qu’elle propose autour du thème sciences et société.
Replacer la science au sein de la société, mais surtout réaffimer ses valeurs, c’est l’objet de notre entretien avec Arnaud Saint-Martin.
Bonne lecture,
Lucile de TMN |
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A partir d’ici 5′ de lecture roborative.
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Prendre un journaliste par la main |
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Trouver la bonne publi ou le bon expert, tous les journalistes en sont-ils capables ? La loi Recherche propose de centraliser l’info. |
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Nous voici à la croisée des chemins.
De l’info « lue approuvée » ? C’est l’une des trois « initiatives nouvelles et ambitieuses » prévues dans le projet de loi Recherche (paragraphe 3.b.i, exactement) : la création d’un centre Sciences et Médias ayant pour but de « permettre la mise en contact rapide entre journalistes et chercheurs », ainsi que de « favoriser l’accès des citoyens à une information scientifique fiable ».
D’inspiration anglo-saxonne. Même si les contours de ce futur centre restent très flous, la loi cite le modèle britannique du Science Media Centre. Le principe ? Une plateforme qui propose aux journalistes des communiqués, des notes, du fact-checking prémâché, ainsi qu’une sélection de scientifiques à contacter. Fondée en 2002 par Fiona Fox dans un contexte bien particulier, l’organisation à but non lucratif a depuis conquis de nombreux pays, non sans critiques.
Un œil en Suisse. A la fin de l’année dernière, lors de la consultation Médias et citoyens, le collectif NoFakeScience avait mentionné le Science Media Centre pour résoudre la question du « choix de l’expert », qui se pose aux journalistes. Se défendant de vouloir importer le modèle anglo-saxon en France, c’est l’exemple de la plateforme suisse Avis d’experts qui est mise en avant aujourd’hui. D’ailleurs, le CNRS a lancé en janvier dernier un service similaire : Trouver un expert.
La fin du journalisme scientifique ? Même si l’Association des journalistes scientifiques (AJSPI) n’a pas pris encore position officiellement, beaucoup craignent d’être confrontés à une version officielle de la science. Il y a bien une solution, évidente et consensuelle : former et embaucher plus de journalistes scientifiques plutôt que de créer un centre à l’existence déjà controversée. Et laisser plus de temps aux chercheurs pour parler de leurs recherches, avec ou sans intermédiaire.
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Des sous et des médailles
D’autres mesures sont inscrites au chapitre sciences et sociétés. Pêle-mêle, la loi Recherche – en incluant les amendements déjà votés – prévoit :
Le « tiers secteur de la recherche » – comprendre les recherches participatives, si ça vous parle plus – est donc représenté dans la loi. On se souvient que le député LREM Pierre-Alain Raphan, à l’origine des amendements sur le sujet, était présent au colloque organisé par Alliss à l’Assemblée nationale en janvier dernier avec le président de l’Inrae, Philippe Mauguin.
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Un chiffre qui en dit long
192
journaux en open access ont disparu depuis le début des années 2000, selon une étude parue sur Arxiv. L’âge médian de ces revues était de 5 ans. Le problème est que lorsqu’elles disparaissent de la Toile, elles emportent avec elles de précieux articles…
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Un outil dans la boîte
Le cercle vertueux des données
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En réaction à la crise de la Covid et la loi Recherche, le sociologue Arnaud Saint-Martin propose une réflexion sur l’ethos de la science. |
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Avant une dédicace, à la librairie de Melun
L’autonomie de la science était-elle déjà en danger avant la crise du Covid ? Dès lors que la recherche est entravée, l’autonomie, c’est-à-dire la capacité collective de définir ses propres problèmes, selon des termes spécifiques, est en danger. Dans l’ouvrage, je prends l’exemple de l’obscurantisme anti-scientifique de Trump aux États-Unis et la marche pour les sciences organisée en 2017 en réaction à cette involution : ce fut un moment important de rappel de la prééminence de l’ethos de la science et de la nécessité de l’autonomie.
Les chercheurs réaffirment-ils leurs valeurs en ces périodes difficiles ? L’institution de la science s’appuie sur un système collectif de valeurs à la fois morales et scientifiques, parmi lesquelles l’universalisme, la passion de la vérité, l’exigence de la prudence, le temps long, etc. C’est dans les moments où ça chauffe qu’elles sont réinvesties – en dehors de ces moments de mobilisation, elles sont en arrière-plan, évidentes et non questionnées.
Pourquoi la science, que vous décrivez comme un « style de vie », n’a de sens que si elle est partagée ? La science s’éprouve collectivement : d’abord en s’appuyant sur une montagne de travaux précédents puis en soumettant son travail à l’avis de la communauté. Enfin, le partage se fait – devrait se faire – avec les publics extérieurs au champ scientifique. Un savoir grandit d’autant plus qu’il est mis dans le collectif et c’est en cela qu’il constitue une conquête culturelle de première importance. Qu’il nous faut défendre et illustrer, sans pour autant céder à l’hubris de la science qui sauve le monde.
Arnaud Saint-Martin est l’auteur du livre sobrement intitulé Science paru chez Anamosa. La collection dont il fait partie propose des ouvrages courts et incisifs autour d’un mot dévoyé ou instrumentalisé.
Photo © Caroline Meslier Saint-Martin
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Des infos en passant //////// Peut-on faire confiance à la liste de Cabell regroupant les revues prédatrices ? Une étude reste prudente //////// Le CoFIS s’exprime, et attention, ça déménage : « la crise aura confirmé l’impérieux besoin de stabiliser les fondements d’une science ouverte pleinement responsable ». Capice ? //////// Comment va se passer la fête de la science 2020 ? Programmée du 2 au 16 octobre, cette 29ème édition comportera des événements numériques et en présentiel //////// Des conseils pour réseauter à distance par une consultante spécialiste des carrières scientifiques //////// Pour les petits nouveaux, la plateforme Ouvrir la science vient de publier son guide pratique //////// Misogyne ? Un article de chercheurs italiens vient enfin d’être retiré, par Retraction Watch //////// |
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Votre revue
de presse express |
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Et pour finir…
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Un bébé open access ! Le bio-informaticien Michael Hoffman a décidé de tout ouvrir, même les données résultant de son étroite collaboration :
- birth mass: 3940 g
- length: 56.5 cm
Il manque quand même les incertitudes…
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