Pour les doctorants et postdocs, qui doivent obtenir des résultats et achever leurs projets en un temps limité, la fermeture des labos ressemble à un compte à rebours. Il y a ceux pour qui le confinement est presque une aubaine… et les autres ! Raphaël, en troisième année de thèse en physique expérimentale, fait partie de la première catégorie. Il venait de commencer la rédaction de sa thèse lorsque le “lockdown” a été décrété : « Ca tombe plutôt bien, je peux m’y consacrer complètement. Et puis ça m’évite de devoir retourner aider en salle de manip. » Cependant, même pour les doctorants peu impactés par la fermeture des labos, le travail à distance n’est pas forcément aisé : « La communication avec les encadrants de thèse est beaucoup moins fluide qu’en face à face », déplore Léa, doctorante en sciences de gestion. Seuls et sans contrat Pour d’autres, la situation est beaucoup plus critique, comme l’explique Sylvie Pommier, directrice du collège doctoral de l’université Paris-Saclay : « La priorité est actuellement aux doctorants qui ne peuvent pas soutenir et qui de toutes façons ne trouveront pas un emploi maintenant. Certains sont seuls, en chambre étudiante, et vont se retrouver sans contrat… ». Il faut donc trouver des financements pour les prolonger, avec de l’argent venant du ministère ou en prenant sur les budgets de l’an prochain. Entre ces deux situations extrêmes, « un retard à peu près équivalent au temps de confinement est à prévoir pour la majorité des doctorants » , affirme Thomas Coudreau, président du Réseau national des collèges doctoraux. Celui-ci va se réunir en début de semaine prochaine pour s’accorder sur la demande à faire au ministère, l’idée étant d’obtenir des financements pour prolonger tous les contrats doctoraux. Un redémarrage qui promet d’être lent Les postdocs partagent ces problématiques. Yoann Abel est actuellement postdoc à l’IGMM de Montpellier ; son contrat se termine mi-juin. Après le retour à la normale, il aura besoin d’au moins deux mois pour redémarrer ses expériences de biologie moléculaire et espérer des résultats. « Sans compter que l’accès aux plateformes mutualisées va probablement être difficile car elles seront surchargées », s’inquiète le postdoctorant. Malheureusement pour les postdocs, il n’y a pas d’écoles doctorales pour les défendre. « Et le ministère ne semble pas s’émouvoir du sort des contractuels en fin de contrat » s’indigne Yoann Abel. TheMetaNews a demandé cette semaine au ministère si des financements pour prolonger les contrats étaient envisagés. Nous attendons toujours une réponse. Pour tous les doctorants et chercheurs contractuels, quelle que soit leur situation, l’angoisse de l’épidémie s’ajoute à l’incertitude de leurs avenirs professionnels. Comme si une peur ne suffisait pas. |
Qu’en est-il des étudiants en master ? Tout le monde s’accorde à le dire, cette année les stages de master 2 ne seront pas des stages « normaux ». Difficile en effet de développer son projet sans mettre un pied au labo. Cela aura-t-il des conséquences sur l’attribution des bourses de thèse ? A Paris-Saclay, Sylvie Pommier se veut rassurante : « Tous les étudiants seront dans le même cas, et nous en tiendrons compte ». Au niveau national, Thomas Coudreau insiste quant à lui sur l’hétérogénéité des procédures entre disciplines. Ainsi, chacune décidera de modifier ou non son calendrier. « Nous ferons notre possible pour communiquer le plus tôt possible à ce sujet », promet-il. |