Interdits de labo ? C'est pourtant la loi




20 mai 2020 /// L’actu de la profession
Un courrier
poste restante

Vous avez dû recevoir le courrier de Frédérique Vidal le 13 mai dernier promettant des revalorisations salariales pour tous et toutes.
Qu’en avez-vous pensé ? Répondez-moi par retour de mail et on transmettra à l’intéressée, à savoir Mme La ministre. On est cap’.
Keep calm & science hard,
Laurent de TheMetaNews


Si vous n’avez que 30 secondes


Les doctorants veulent jouer les prolongations

Le flou entourant la prolongation des contrats doctoraux crée des tensions. On en sait (un peu) plus aujourd’hui.




L’heure tourne pour les doctorants

L’unanimité totale dans la recherche est rare. Mais le cas de la prolongation des contrats doctoraux fait l’unanimité : universités, syndicats (pas un ne manque à l’appel), directeurs de laboratoires (par la voix de l’ADL) associations, sociétés savantes, institutions et organismes de recherche et financeurs comme l’Agence nationale de recherche (ANR) sont tous suspendus aux annonces de Frédérique Vidal (et à l’arbitrage de Bercy).
Le 23 avril, la ministre avait pourtant donné un signal positif : les contrats doctoraux ou post-doctoraux pourraient être prolongés « si nécessaire » d’un an et les crédits non consommés reportés en 2021, notamment ceux de l’ANR. De plus, il « coulait de source » que les établissements ne paieraient pas de leur poche. Concernant l’ANR, la mesure, financièrement neutre, a été réglée rapidement… mais tout autre engagement budgétaire est encore pendant.
La loi jette le trouble. Pour ne rien clarifier, la loi d’urgence en discussion à l’Assemblée nationale ne prévoyait qu’une prolongation à durée très limitée, celle de l’état d’urgence, avant que le gouvernement revienne sur cette demi-annonce par amendement. Restait maintenant l’essentiel : éviter aux structures de recherche d’avoir à financer elles-mêmes ces prolongations, ce que la ministre semble avoir fait hier (voir plus bas ).
Les besoins de prolongement sont très hétérogènes, de zéro mois à un an ou même plus si un terrain a été annulé, une lignée de souris euthanasiée ou un printemps raté, le ministère de la Recherche a demandé un état des lieux précis (en voici un exemple) : qui prolonger ? Pour quelle durée ? Sur quel critère ? On voit se profiler des « arbitrages horribles »,  en cas de manque de moyens, pour paraphraser un connaisseur du dossier.
Frédérique Vidal donne quelques garanties. Dans une allocution (à distance !) devant les députés le 19 mai, la ministre a assuré que l’Etat « sera là pour financer » la prolongation des contrats. Reste maintenant à connaître le sort des doctorants et post doc qui ne relèvent pas de l’Etat mais de régions ou d’associations par exemple. Frédérique Vidal a promis une circulaire rapidement sur le sujet : « On ne demandera pas à chaque doctorant d’aller au guichet de son financeur ».
Le chiffrage de la mesure est compliqué. Plusieurs estimations existent : le chiffre de 55 millions d’euros, équivalent à deux mois de prolongation pour tous, qui a circulé de source ministérielle, a tout d’un prix plancher. Les sociétés savantes évaluent elles la prolongation de trois mois de tous les contrats à durée déterminée en recherche et dans les universités  à 362 millions. La question politique est plutôt : pourquoi faire l’économie de cette dépense alors que les doctorants sont le bras armé de la recherche en France ?


Interdits de labo 

La loi est absurde mais c’est la loi : le décret « post confinement » du 11 mai 2020 (exactement son article 12) interdit aux « usagers » l’accès aux établissements d’enseignement supérieur. Et par « usagers », la loi entend de nombreuses catégories… dont une partie des doctorants, à savoir ceux qui ne sont pas salariés par l’université, comme les boursiers ou ceux dépendant d’un organisme de recherche mais aussi tous les étudiants en stage par exemple. Une contradiction qui n »est pas qu’apparente avec les directives de déconfinement du ministère de la Recherche, qui précisent que « la reprise progressive des activités de recherche en présentiel pourra concerner l’ensemble des personnels qui y concourent, quel que soit leur statut juridique ».


Des infos qu’il vous faut /////////// Pour la CPU (conférence des présidents d’université), les enseignants chercheurs doivent aussi être évalués sur leur « openitude », par exemple le nombre d’article publiés en « open » ou en preprint, etc /////////// Paris Saclay ouvre un Master 2 dédié à l’innovation et à la valorisation de la recherche /////////// Le consortium cOAlitionS veut encadrer les prix des publications en open access : à compter de 2022, il n’aidera plus financièrement les éditeurs qui ne se conformeraient pas à ses règles ///////////


Si vous avez raté le début
On essaie de vous résumer l’affaire Dubois 


Le 13 mai dernier, ce professeur de droit à l’université Paris Saclay a été suspendu temporairement de ses fonctions. Et ce à quelques mois de son départ en retraite et à deux heures de la réunion d’un jury d’examen. Le cas de cet enseignant-chercheur, connu par ailleurs pour ses fonctions à la Ligue des droits de l’homme, dont il a été président, a suscité beaucoup d’émois (et une pétition). En cause ? Le déroulement d’un examen en ligne, soupçonné de biais par l’université.

Loin des yeux
L’intéressé a, dans un mail à la direction juridique, nié toute intention frauduleuse. A la présidence de Paris Saclay, on explique avoir agi rapidement suite à des « remontées », ayant la certitude que « l’examen ne s’était pas déroulé dans de bonnes conditions ». La plate forme utilisée aurait permis aux étudiants de consulter les bonnes réponses après une première tentative… Plus largement, cette péripétie pose la question — épineuse — des examens à distance. Nous y reviendrons.


Journal officiel, au rapport ! //////// De nombreux établissements de la région Nouvelle Aquitaine (Universités de Bordeaux, Bordeaux 3, Pau, La Rochelle…) regroupent leur stratégie de recherche grâce à une convention de coordination en Nouvelle Aquitaine //////// Les concours pour le recrutement d’ingénieurs (de recherche ou d’étude), d’assistants ou de techniciens sont ouverts (scroller jusqu’au Mesri dans la liste). Consulter également le site du ministère, beaucoup mieux fait //////// Et, justement, les règles d’examen de ces concours de recrutement sont elles aussi adaptées en ces temps de Covid (présence physique du candidat…) //////// Les expérimentations de passerelle entre filières scientifiques et étude de santé sont toujours d’actualité pour l’année prochaine //////// Plusieurs textes pour cadrer la campagne de recrutement de l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) : , , et  ////////


 //////// Le conseil d’administration de l’Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique) est renouvelé (voir la liste//////// Didier Marquer monte au conseil d’administration du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) //////// Bernard Larrouturou (titulaire) et Vincent Motyka (suppléant) sont eux nommés au conseil d’administration de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) /////// Une vacance (d’emploi) cette fois : celle de délégué à la recherche et à l’innovation pour la région Bourgogne-Franche-Comté à partir du 1er septembre /////// Waldemar Kütt est nommé directeur de l’Executive agency du Conseil européen de la recherche (ERC) ///////


Des appels à projets



Et pour finir


Dans la série « Aucun rapport avec ce qui précède (quoique) », voici une illustration moderne et assez parlante de la réponse gouvernementale à la question : « Puis-je prolonger ma thèse ? ». Après le point Godwin, le point Erwin ?