06 mai 2020 /// L’actu de la profession
60 millions
d’épidémiologistes
Il y a la règle et l’esprit de la règle. Ou plutôt la réalité et nos petits accommodements, raisonnables ou non, avec elle.
En Italie, pays le plus gravement touché par l’épidémie après les Etats-Unis, le premier ministre Giuseppe Conte a semé le doute en autorisant la possibilité de visiter ses « congiunti », un mot désignant vaguement la famille… mais aussi les proches.
On ne sait pas encore en France quelles seront les règles. Une chose est sûre : la liberté de chacun — et la vie de certains — dans les semaines à venir se situera précisément dans cette marge d’interprétation. Cela s’appelle la responsabilité individuelle.
Keep calm & science hard,
Laurent de TheMetaNews |
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Si vous n’avez que 30 secondes
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A partir d’ici 6′ de lecture sans déconfiture
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Et maintenant, qu’allons-nous faire ?
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Instituts et universités se préparent dans l’urgence au retour sur site à partir du début de la semaine prochaine. |
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La recherche prépare sa remise au monde. Après moult discussions (à distance, of course), c’est tout l’ESR qui se remet en ordre de bataille. Une réunion nationale tenue le 30 avril dernier (syndicats, ministère) a notamment entériné une circulaire nationale, actuellement distribuée à tous les établissements pour la reprise d’activité — pardon, le « retour sur site » — des personnels. En voici un digest, accompagné d’autres conseils glanés ça et là. Ils ne concernent que les semaines à venir, la rentrée de septembre sera traitée plus tard.
- « Home lab » toujours de mise. Cela va de soi mais certainement mieux en le disant : si vous pouvez exercer de chez vous, faites-le, surtout si les règles sanitaires ne sont pas d’équerre au labo. Dans le cas inverse, les horaires aménagés ou une rotation des effectifs doivent être envisagés.
- Reprise le 11 mai… hors taxes. Si il est toujours hors de question d’organiser des colloques ou séminaires présentiels à compter de cette date, la réouverture des labos est possible, à moins que votre tutelle n’ait décidé d’une période tampon.
- Qui manip en premier ? Assez floue sur le sujet, la circulaire laisse toute latitude aux chercheurs pour « prioriser » le retour à la paillasse, en fonction de certains critères : consommables périssables, expérimentations indispensables pour une thèse ou grant liée à la production de résultats.
- Les « terrains » verrouillés. Tout déplacement pour des recherches est soumis au régime général des déplacements pro et toute incursion à l’étranger est soumise à quatorzaine au retour.
- La visio, tu privilégieras . Instances, comités, jurys, séminaires, soutenances… devront se tenir à distance dans le respect des règles publiées récemment. Il en va de même pour les bibliothèques universitaires, qui ne rouvriront qu’à la rentrée, sauf cas exceptionnels.
- Un panier repas pour tous. Toute possibilité de restauration collective est interdite ; la vente à emporter est privilégiée.
- Le diable est dans les détails. Une fois de retour au labo, faut-il utiliser des bouilloires ? Faut-il actionner la chasse d’eau avant ou après avoir rabattu la cuvette ? Faut-il utiliser une visière ? Les réponses sont dans ce doc — très bien fait — produit par le CNRS.
- Protections obligatoires. Disposition importante : la mise à dispo de masques ou de gels hydroalcooliques revient à l’établissement hébergeur, par exemple en cas d’unités mixtes. Avant réouverture, les locaux devront être désinfectés si ils n’ont pas été fermés les cinq jours précédents.
- One file to rule them all. Toujours dans les unités mixtes, un document devra être préparé et partagé pour la reprise d’activité ; toutes ces dispositions s’appliquent aux agents, quel que soit leur employeur. L’établissement hébergeur en assure l’application.
- Quid des congés ? C’est peut-être un détail vu l’actualité mais c’est un détail qui compte : les agents en télétravail pouvaient se voir imposer au plus 10 jours « off » (RTT, congés payés…). Le CNRS a décidé de ne rien en faire mais la disposition aurait été diversement appliquée dans les autres instituts de recherche (Inserm, Inrae…)
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A propos du droit de retrait
Quid de la possibilité de ne pas retourner au labo ou à la faculté si vous estimez que les conditions ne sont pas réunies ? Un document du Ministère le marque noir sur blanc : « l’épidémie de COVID-19 ne suffit pas à établir l’existence d’un danger grave et imminent pour la vie ou la santé des agents ». Il ne pourrait donc s’envisager que de manière très exceptionnelle, comme le précise cet autre document et tout abus pourrait être sanctionné. Prendre les transports en commun ne serait notamment pas une raison recevable. Si vous entendez parler de cas particuliers, faites-le nous savoir ! |
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Un chiffre qui en dit long
66,4 ans
C’est l’âge estimé de départ à la retraite des chercheurs et enseignants-chercheurs à l’horizon 2024, nous apprend une note d’information du ministère de la Recherche. il est actuellement (et respectivement) de 64,8 ans et 65,8 ans. Les réformes des retraite seront passées par là. |
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Des infos qu’il vous faut /////////// Le guide du crédit impôt recherche (CIR), mécanisme controversé de financement de la recherche privée, est soumis à une consultation publique jusqu’au 31 mai prochain /////////// L’Agence nationale de la recherche met en open tous les résultats de ses appels d’offre pour les projets financés entre 2005 et 2019. A vos tableurs excels pour en sortir des dataviz (on est intéressé) /////////// Le CNRS et six autres institutions européennes de la recherche montent au créneau pour défendre le conseil européen de la recherche dans une lettre commune, suite au limogeage rocambolesque de son président Mauro Ferrari /////////// Toujours en bêta, l’EIC (European innovation council) va bénéficier d’un budget additionnel de 150 millions d’euros. Merci qui ? Merci le Covid (on se comprend) /////////// |
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Trois questions à… Lorena Klein
« Les chercheurs sont impatients de reprendre »
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Mais, pour la secrétaire général (Ferc-CGT) du comité hygiène et sécurité national, vous ne serez pas tous égaux devant le déconfinement. |
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Y a-t-il une tendance claire sur la reprise des activités scientifiques ? Ce ne sera pas du tout uniforme, les sciences « dures » vont avoir tendance à reprendre beaucoup plus rapidement en présentiel et les thésards ou postdocs avant les « grands chercheurs », pour préparer les laboratoires. Quant aux sciences sociales, elles pourront certainement rester en télétravail assez longtemps grâce à l’informatisation des recherches bibliographiques. La situation en bio est compliquée par le fait qu’il y a eu beaucoup d’euthanasies et les chercheurs qui dépendent de la nature viennent de rater une saison.
Quelles activités de recherche devront reprendre en premier ? Je prends l’exemple de mon laboratoire : nous avons décidé de donner la priorité aux thésards de première et de troisième années, ainsi qu’aux postdocs, dont le contrat est à durée limitée, financé par un ERC. Nous sommes également dépendants dans certains cas de produits à péremption courte. Au CNRS, les critères de reprise sont plus scientifiques.
Certains chercheurs ou personnels exerceront-ils leur droit de retrait ? Je ne sens pas beaucoup d’agitation autour de cela ; au contraire, les chercheurs sont impatients de rejoindre leur laboratoire et voudraient y retourner, sans parfois faire attention à leur propre santé. Certains sont évidemment venus en douce pendant le confinement. Si droit de retrait il y a, je le vois plutôt du côté des BIATSS ou des ITA. |
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Le JO suit son bonhomme de chemin //////// Le nombre de jurés maximal autorisés pour un concours d’habilitation à diriger des recherches passe de 20 à 28, qu’on se le dise //////// Modification du calendrier de Parcoursup : les candidats devront accepter ou refuser la proposition qui leur est faite à la fin du 2e jour qui suit la dite proposition, capice ? //////// Des modifications d’organisation de la Paces, également, le Covid en est évidemment responsable //////// Un arrêté très attendu sur la prolongation des thèses et la télésoutenance, dont nous vous parlions déjà la semaine dernière. Attention ces dispositions valent jusqu’au 1er octobre //////// On passe au carnet mondain //////// Le PDG de l’Ifremer, François Houllier, est le nouveau président d’Allenvi, l’Alliance nationale de recherches pour l’environnement //////// Isabelle Daniel est renouvelée dans les fonctions de directrice de l’Observatoire de Lyon, école interne de l’université Lyon-I //////// Cela n’a pas encore été entériné au Journal officiel mais Ali Saïb va succéder à Nicolas Castoldi comme directeur de cabinet de Frédérique Vidal au Mesri, ce dernier étant appelé sur le front anti-Covid /////// |
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- Un filon pour les Mines. Vite, vous n’avez plus que 24h pour candidater au Grand prix (30 000 euros) et prix Espoir (15 000 euros) organisé par l’Institut Mines Télécom et l’Académie des sciences, à condition de traiter de problématiques industrielles… ou d’en avoir résolu.
- Une allocation mémorable. La Fondation de France et la fondation Alzheimer se sont associées pour cette allocation jeunes chercheurs dont la limite de candidature est le 11 mai.
- Faites vos courses chez i-Nov. Les candidatures pour le concours de start-ups et PME i-Nov seront clôturées le 12 mai prochain. Si vous avez un projet dans le numérique Deep Tech, les situations d’urgences, la french Fab, la cybersécurité ou l’alimentation, pensez-y.
- Des appels Hubert intéressants. Campus France signale que quatre nouveaux partenariats Hubert Curien ont été récemment ouverts : Hong-Kong, Palestine, Pologne, Taïwan dont les dates limites de candidature s’échelonnent entre le 24 juillet le 07 septembre.
- Un dernier tour du côté de la Fondation. Attention la date limite de deux appels de la Fondation de France approche. Le 13 mai, il sera trop tard pour candidater à l’AàP Santé publique et environnement ainsi qu’à Soigner, soulager, accompagner.
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