Arrivée à la cinquantaine, Marie-Georges Fayn s’est lancée dans l’aventure du doctorat et ne s’est pas arrêtée là. Une fois la thèse en poche, elle en a fait une pièce de théâtre. Y a-t-il un divorce entre société et science ? Si oui, comment les réconcilier ? La société ne voit que les batailles d’égo, les travers de la communication, bref, les polémiques annexes aux sujets scientifiques qu’elle ne cherche plus à comprendre. Des réactions, émotionnelles et violentes, peuvent mener l’ignorance au pouvoir. C’est d’ailleurs ce qui arrive dans la pièce, bien sûr avec humour et sans prise de tête. Pour sortir la science de son entre-soi, les citoyens devraient être associés aux processus de recherche et remis au cœur des échanges, notamment pour limiter la violence de l’impact de certaines technologies. Faire une thèse sur le tard apporte-t-il un autre regard sur la science ? Tout d’abord, je dois dire que c’est très agréable, passé 50 ans, de s’assoir à côté des « djeuns » car malgré la barrière de l’âge, en tant que doctorants, on partage le même objectif et une complicité s’installe. Quand on a plus d’expérience de la vie et du monde de l’entreprise, on se connaît mieux, on ose plus et on sait comment acquérir du savoir. J’étais aussi très déterminée : j’aurais pu me laisser couler jusqu’à la retraite mais je pense qu’à 50 ans, on a encore 30 belles années devant soi et qu’il faut rebondir sur de nouveaux projets – la thèse peut en faire partie [si vous voulez lire celle de Marie-Georges, c’est par ici, NDLR]. Alors que le nombre de doctorants baisse, l’université pourrait gagner à ouvrir ses portes aux seniors. Est-il facile de parler de la science au théâtre ? Non. Et je ne le soupçonnais pas : la metteuse en scène Murièle Agherman a beaucoup apporté car elle possède le sens du dialogue court et a donné du rythme à la pièce – les tirades de cinq lignes sont passées à deux. Quand j’ai vu la pièce jouée par les acteurs, c’était comme une seconde traduction de mes sentiments face à la thèse, qui transcendait mon propos tout en restant une fête, vivante, avec plein d’émotions. J’aimerais beaucoup jouer cette pièce dans les universités et en débattre après avec les doctorants ou étudiants de master. |
Hélène Gispert : « L’absence des femmes aux Nobel n’est que la partie émergée de l’iceberg »
Les femmes sont encore une fois les grandes perdantes de cette série de Nobel 2024. Faut-il s'en indigner ? En effet, si l’on regarde les cinq dernières années, sur les trois prix de médecine, physique et chimie, 29 hommes et seulement six femmes ont été récompensés....