La science à fleur de Po

— Le 17 mars 2021
 Si vous avez raté le début

L’islamogauchisme gangrène-t-il l’université ? Frédérique Vidal le pense. Elle a annoncé commander une enquête sur le sujet et tente depuis de rasséréner les chercheurs. Reste à savoir à qui passer commande : le CNRS botte en touche (mais n’exclut pas de participer), l’Alliance Athéna se déclare incompétente, le Hcéres garde le mystère (lire la fin de notre interview) et la piste de l’Inspection générale n’est pas confirmée par le ministère.
Islamogauchisme, épisode… On a arrêté de compter mais on récapitule.

Atterrissage forcé. Si personne ne sait ce qu’est l’islamogauchisme (à part une injure publique, peut-être), ses effets se font pourtant sentir dans l’ESR. La diffusion par un certain Philippe Boyer d’une liste des 600 gauchistes complices de l’islam radical le 21 février (un décalque des signataires de cette pétition) a été suivie d’effets. Les chercheurs visés ont été contactés par leurs employeurs (exemple ici d’une lettre du CNRS le 05 mars) au cas où…

Ebullition mentale. Mais c’est le cas de Sciences Po Grenoble qui occupe tous les esprits depuis l’affichage (non revendiqué) aux portes de l’institut de deux enseignants, Vincent T et Klaus Kinzler, accusés d’islamophobie. Des placards relayés sur les réseaux sociaux par l’Unef (qui l’a vite regretté), syndicat précisément accusé d’islamogauchisme.

En mémoire de Samuel Paty Il est bon de replonger dans l’affaire comme l’a fait Mediapart. Elle prend ses racines dès fin 2020 autour d’un groupe de travail « Racisme, islamophobie, antisémitisme » où les deux enseignants d’allemand contestaient l’emploi du mot islamophobie, face à une chercheuse spécialiste de ces sujets. Voilà pour la politique. Mais de science, il ne sera pas question.
Premier comptage

Il ne s’agit évidemment pas d’une enquête à proprement parler mais le chercheur Albin Wagener a publié sur son blog une recherche sémantique avec quelques termes « décolonial », « intersectionnel », etc sur les principales bases académiques (HAL, Theses.fr, Cairn, OpenEdition). Disons le vite : ses résultats tendent à prouver que ces domaines de recherche sont ultra minoritaires en France.

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