07.04.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE
Un et un font ?
L’heure philo. Voici une colle : contribution à la science d’un collectif de chercheurs est-elle égale à la somme des contributions des chercheurs pris individuellement ? Vous avez quatre heures.
L’union fait la force. On vous aide : la réponse est non et elle est même bien supérieure, nous a écrit un lecteur en réaction à notre analyse d’il y a deux semaines sur l’explicitation des contributions de chaque auteur dans un papier.
Preuve de publis. Difficile de trouver de quoi consolider scientifiquement cet argument mais une étude semble aller dans ce sens, du moins dans les sciences naturelles et expérimentales – lire notre brève un peu plus bas.
Et sans transition. Comme promis la semaine passée, vous trouverez dans ce numéro l’interview de la sociologue franco-turque Pınar Selek dont le procès ne s’est finalement pas déroulé vendredi dernier.
À très vite,
— Lucile de TheMetaNews.
Sommaire
→ INTERVIEW Pınar Selek parle de son exil et de la liberté
→ CHIFFRE Des données ouvertes au cinquième
→ OUTIL Données toujours mais côté santé
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Tetris de cookies
TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES |
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INTERVIEW
Pınar Selek : « En France comme ailleurs, la liberté n’est jamais acquise »
Poursuivie depuis 25 ans par la justice turque et exilée en France, la sociologue Pınar Selek s’épanouit malgré tout dans ses recherches.
Comment vous sentez-vous à la veille de votre procès, qui aura lieu à Istanbul sans vous ?
↳ J’essaie de ne pas y penser… Quand je commence à me sentir mal, je me ressaisis et me concentre sur mon travail. J’essaie d’être efficace sans trop réfléchir à ce qu’il va se passer. Demain, je serai à Paris dans les locaux de la Ligue des droits de l’homme pour suivre le procès (…)
CHIFFRE
21%
Environ un cinquième des données de la recherche française seraient ouvertes – du moins c’est la proportion des publications qui font mention d’un partage de données –, selon le nouveau volet données du Baromètre de la science ouverte. Une pratique quasi inexistante en 2013 et qui explose depuis. Les données ne sont pas toujours collectées expressément pour le papier : si près de 80% des publications mentionnent l’utilisation de données, seules un tiers mentionnent les avoir produites. Et la variété des pratiques transparaît bien évidement : les sciences de la terre sont la discipline qui en utilise le plus – les derniers étant bien évidemment les mathématiciens – mais aussi celle qui les partage le plus. Les chimistes sont seconds quant à leur utilisation mais presque les derniers au moment de les partager. Toujours dans cette logique, les informaticiens et sciences de l’information sont ceux qui produisent le plus de données.
OUTIL
Utilisez des données de santé
Données toujours, celles concernant la santé humaine restent évidemment parmi les plus délicates à manipuler mais elles peuvent être utiles dans toutes les disciplines. Pour vous chercheurs, il est possible de réutiliser des données collectées via le Système national des données de santé (SNDS) ou l’Entrepôt de données de santé. Les demandes d’accès prennent plusieurs mois mais des procédures peuvent être facilitées par vos institutions — le CNRS l’explique ici.
EXPRESS
Des infos en passant
● Retour sur Terre. La décarbonation des activités scientifiques est un enjeu de taille mais comment espérer faire bouger les choses ? Suite à leur publication dans PLOS Sustainability and Transformation, 57 chercheuses et chercheurs du monde académique prônent dans une tribune à lire sur notre site les bienfaits de l’atelier de sensibilisation Ma Terre en 180 Minutes, qui permet d’imaginer une pratique alternative des métiers de la recherche, sobre, inclusive et plus respectueuse des limites planétaires et des personnes.
● Justice partout. Après la déclaration de Singapour, voici The Cape Town Statement, issu de la conférence mondiale sur l’intégrité scientifique. Publié en ligne et par Nature le 24 mars dernier, le texte présente vingt propositions pour inciter à plus de diversité dans la recherche, d’inclusivité mais également de « justice épistémique » – le fait que les scientifiques soient bien pris au sérieux quels que soient leur genre, leur origine sociale ou ethnique…
● 1+1=11. Les papiers issus de collaborations – avec un grand nombre d’auteurs – sont plus cités que les autres mais est-ce grâce à leur plus large audience ou leur meilleure qualité ? Les chercheurs à l’origine d’un article publié dans le Journal of the American Society for Information Science ont fait évaluer par des experts plus de 120 000 publis britanniques et ont trouvé des corrélations entre la qualité et le nombre d’auteurs dans la majorité des domaines académiques, exceptés les arts et les humanités.
● Lapin blanc. La façon d’évaluer les chercheurs pourrait-elle avoir des effets néfastes en les obligeant à publier vite et mal juste avant une phase d’évaluation ? En analysant plus de trois millions de publications britanniques, une étude tout juste parue dans Research Policy montre que les articles publiés juste avant des évaluations du Research Excellence Framework recueillent moins de citations et apparaissent dans des revues à moins fort impact que celles publiées juste après. La chercheuse Moqi Groen-Xu, co-auteure de l’article, met en garde contre les dangers de telles pratiques, notamment dans les disciplines qui ont besoin de temps pour mener à bien leurs projets.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ L’an 01. Mettre en pause les recherches durant six mois, c’est la proposition de scientifiques inquiets des risques liés à l’intelligence artificielle en général et à l’arrivée de modèles plus puissants que ChatGPT en particulier. Parmi les plus de 12 000 signataires de cet appel émanant du Future of Life institute, Elon Musk en personne. Foncer aujourd’hui et réparer les dégâts demain pourrait s’avérer impossible, conclut le magazine 01net.
→Look up. « Ne détournez pas le regard » – de la science et des rapports du GIEC –, c’est le message des Scientifiques en rébellion – relire notre analyse sur ce mouvement – qui bandent les yeux de célèbres statuts dans les grandes villes européennes. La Radio Télévision Suisse (RTS) en répertorie plusieurs à Zurich. « Qui aurait pu prédire ? », demandent ironiquement les panneaux déposés sur la statue de la liberté à Paris ou celle de Jacques Chirac à Nice.
TETRIS DE COOKIES
Et pour finir…
Existe-t-il une forme qui puisse s’empiler sans générer un motif qui se répète ? Il semblerait que oui…. et on peut même en faire des cookies.