Le dernier procès de l’année

18.12.2024 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE


On joue comme on aime

Tiercé. À chaque remaniement (tous les trois mois en ce moment), les journalistes politiques, et par extension nous à TheMetaNews qui suivont de près la politique de la recherche, jouent au petit jeu des pronostics.

Quarté. Entendons-nous bien : à ce jour, nous n’avons aucun indice ou info off d’une nomination à la tête de la rue Descartes, siège du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (en pleins travaux, tout un symbole).

Quinté +. À la rédaction, deux noms tiennent la corde : Sylvie Retailleau — nombreux la regrettent dans l’ESR — ou, tout simplement, le maintien à son poste d’un Patrick Hetzel qui n’a pas eu pour l’instant le temps de dire ouf.

Va comprendre, Charles. En attendant, pour clôturer cette année de TMN mercredi, nous vous proposons une dernière plongée dans les travées du tribunal des enseignants-chercheurs, le Cneser disciplinaire. Un nouveau numéro de notre série Comparutions signé Noémie Berroir.

Bonne lecture, 

— Laurent de TheMetaNews.

Sommaire

→  COMPARUTIONS « Mes propos ont été sortis de leur contexte »
→  EXPRESS  Le CNRS veut des keylabs et autres infos
→  LA VIE DE L’ESR Des donations, des nominations et d’autres « -tions »
→  EXPRESS Votre revue de presse
ET POUR FINIR Symphonie des astres

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 8 MINUTES

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COMPARUTIONS

« Mes propos ont été sortis de leur contexte »

Les propos de cette professeure en droit privé sur l’Islam l’amènent devant les juges du Cneser disciplinaire. Cette « maladresse » qu’elle assume doit-elle être considérée comme une faute ?

↳ MST ou RST ? Nous sommes le jeudi 27 octobre 2020, un peu moins de dix jours après le violent assassinat de Samuel Paty. Mme X, professeure de droit privé à Aix-Marseille Université, dispense comme à son habitude un cours consacré à la théorie générale du conflit des lois devant plus de 150 étudiants de première année de master en visioconférence (…)

BRÈVES

Pendant ce temps dans la recherche


 → Trou de serrure. Jeudi 12 décembre était organisée en grandes pompes la convention des laboratoires du CNRS (dont voici le compte-rendu officiel). En avant-première depuis la scène de la Maison de la Mutualité à Paris, le PDG Antoine Petit a annoncé une mesure qui fait déjà grand bruit : les “key labs”. « Le CNRS a dilué sa présence sur le territoire (…), diminuant sa plus-value », a justifié l’intéressé. Les moyens, notamment en ressources humaines, de l’organisme seront donc concentrés sur un quart des unités regroupant aujourd’hui 46% des agents, l’objectif étant de monter à 60% d’ici dix ans. Mais « priorité ne signifie nullement exclusivité », a rassuré Antoine Petit. La liste des labos qui se verront attribuer ce label pour cinq ans est en cours de finalisation et sera divulguée début 2025.

→ Infos en passant. L’association pour la liberté académique (ALIA) demande dans une lettre ouverte aux établissements de quitter X « au nom de l’éthique de la science ». Selon l’association qui compte à ce jour plus de 300 membres, le réseau social est devenu « une machine de guerre lancée contre ces principes », à savoir « la prise en compte des faits objectivables et la dispute argumentée entre pairs » • Le comité d’évaluation Hcéres de l’IRD sera présidé par Jean Chambaz, ex-président de Sorbonne Université • Si vous voulez soutenir vos collègues argentins de l’Institut national de technologie agroalimentaire une pétition de soutien circule • Voici les six projets lauréats du dispositif « Programmes de recherche en sciences humaines et sociales » 

EXPRESS

C’est la vie de l’ESR


 → Le JO au pas de course. Le CNRS est autorisé à accepter la dévolution des actifs et passifs, consentie par la fondation Edmond de Rothschild • Un arrêté succinct mais intéressant à propos des seuils de soutenabilité budgétaire des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel (genre les universités) • Le budget des établissements suivants peut désormais comprendre un budget annexe immobilier • Le groupement d’intérêt public « Groupe INSA » est créé 

→ Ils réimpriment leur carte de visite. François Bayrou a été nommé Premier ministre (mais vous aviez certainement suivi). En revanche, saviez-vous que l’intéressé a été ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche entre 1995 et 1997, juste avant Claude Allègre (hem) • Françoise Combes a été élue présidente de l’Académie des sciences, académie qui se félicite également qu’une majorité de consœurs aient été élues dans cette promotion • De nombreux collègues ont été promus professeur des universités : iciici et ici. Bravo à elles et eux. Par ailleurs, Cécile Meadel, professeure de l’Institut Mines-Télécom, placée en position de détachement dans le corps des professeurs des universités, est intégrée dans ce corps. Pierre Marly est enfin nommé en qualité de professeur titulaire du Conservatoire national des arts et métiers • Bravo (encore une fois) à la nouvelle promo de l’ENS Ulm  Six démissions d’élèves de l’École normale supérieure de Lyon • Yoann Geneslay est nommé membre titulaire du CA de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) • Cédric Thaury est nommé membre de la section 4 : physique des atomes, molécules et plasmas – optique et lasers du Comité national de la recherche scientifique • Des nominations également au Conseil national des universités • Romain Pigenel est nommé directeur de la communication et des responsabilités sociétales et environnementales de l’École normale supérieure – PSL • Frédéric Restagno va rejoindre l’IGÉSR au 1er janvier 2025 après 22 ans au Laboratoire de physique des solides 

→ Et si c’était pour vous ?  Les fonctions de directrice ou directeur de l’École d’ingénieurs en sciences industrielles et numérique de l’université de Reims Champagne-Ardenne (EISINe) sont déclarées vacantes au 13 février 2025 • Les fonctions de directeur ou directrice de l’Institut supérieur de mécanique de Paris sont déclarées vacantes au 1er mai 2025 • Les fonctions de directeur ou directrice de l’Ensar, école interne de l’université de Poitiers, sont déclarées vacantes à compter du 5 décembre 2024 

EXPRESS

Votre revue de presse


↯ : articles protégés par un paywall

→ Super Mario 2. Dans la droite ligne de la remise du rapport Draghi, où il est beaucoup question de recherche (nous vous en parlions), Le Monde édite le premier épisode d’une série de papiers ↯ sur le déclin technologique de l’Europe. 

Islamogauquoi ? Mais pourquoi la chaire sur le Moyen-Orient du chercheur Gilles Kepel à l’École normale supérieure a-t-elle été fermée par l’établissement en 2023 ? L’intéressé dénonce un procès en sorcellerie sur fond de « wokisme » à l’université, Mediapart a enquêté documents à l’appui et propose une hypothèse bien différente . Pendant ce temps-là, Le Figaro enquête sur le crépuscule du wokisme ↯, qui n’en demandait pas tant, dans les universités aux États-Unis. Dernier article de cet inventaire à la Prévert : une autre enquête de Mediapart sur les entraves à la recherche ↯ sur fond de conflits israélo-palestiniens. 

→ Chaines de soins. Si il est un secteur de la recherche qui attire a minima l’intérêt des politiques, c’est bien la recherche biomédicale. Or celle-ci fait toujours face à un manque de financements, se désole le quotidien économique La Tribune, qui tente une explication systémique.

→ Loco en el coco. En Espagne, Isabel Díaz Ayuso « très droitière » présidente de la région de Madrid, la capitale espagnole, a drastiquement réduit les financements publics pour l’enseignement supérieur, avec des conséquences que détaille Libération dans cette enquête ↯.

Grass in greener. À lire ce portrait d’Esther Duflo, prix Nobel d’économie en 2019, dans Les Échos ↯ qui titre : elle « n’aurait jamais pu obtenir le Nobel ailleurs qu’au MIT [à Boston aux États-Unis, NDLR] ». Pas en restant en France, donc.

SYMPHONIE DES ASTRES

Et pour finir…


Vos collègues du laboratoire du LISA de l’Université Paris-Est Créteil-CNRS ont désormais la tête dans les étoiles.