Le rêve restera-t-il américain ?

— Le 13 novembre 2020

L’oncle Sam vous veut.
L’élection de Joe Biden va-t-elle changer la donne pour les chercheurs ? Pas l’appétit du géant pour les talents étrangers, semble-t-il. 

Protectionnisme un jour…  Souvenez-vous, Donald Trump avait suspendu les visas H1B – trois ans maximum, renouvelables, pour des travailleurs hautement qualifiés donc entre autres les chercheurs – en juillet dernier. Le but était clairement affiché : protéger les travailleurs américains.

Pas la cible. En pratique, les visas sont toujours renouvelés et les règles se sont depuis assouplies. Le problème se pose aujourd’hui surtout pour les étudiants. Pour Christine Bénard, physicienne à la retraite et conseillère scientifique à l’ambassade Etats-Unis entre 2001 et 2005, « Trump ne visait pas la recherche car celle-ci a cruellement besoin des talents étrangers pour fonctionner ».

Espoir toujours. Joe Biden va très certainement augmenter le nombre de visas H-1B. Et pour ne pas perdre de précieux cerveaux, il a même promis durant sa campagne d’offrir la fameuse carte verte aux étrangers obtenant un doctorat aux Etats-Unis. Un espoir pour de nombreux scientifiques qui ont en tête le rêve américain.

Le grand gagnant… et les perdants. Par un système très attractif mais aussi très compétitif, les Etats-Unis arrivent à sélectionner des chercheurs brillants, qu’ils n’ont en général pas formé. « Le modèle de recherche américain est très bénéfique pour les Etats-Unis, mais ce sont les individus qui en payent le prix », analyse Christine Bénard.

Un exemple pas forcément à suivre.  En effet, de nombreux chercheurs, plus ou moins jeunes, américains ou non, enchaînent les contrats d’un an et doivent trouver eux-mêmes des fonds pour payer leur salaire. « Ce modèle anglo-saxon s’impose pourtant progressivement en France, sans répondre au problème de l’attractivité », se désole la chercheuse.
Des Français coincés aux States

 Les expatriés aux Etats-Unis représentait 1,3% de la recherche française, selon l’institut Montaigne en 2010. A cause des pénuries d’emploi en France, nombre d’entre eux s’éternisent outre-Atlantique. Une enquête avait été réalisée à l’initiative du service scientifique de l’ambassade de France aux USA en 2004 sur 1900 jeunes chercheurs français expatriés aux Etats-Unis. Déjà 85% d’entre eux expliquaient y être restés car ils ne trouvaient pas d’emploi en France.

À lire aussi dans TheMetaNews

« La misogynie se ressent toujours au quotidien »

Maurine Montagnat (CNRS) à gauche, Christiane Kock (Freie Universität Berlin) à droite Les prix Euromech, pas que pour les mecs  Cela fait plusieurs années que Maurine Montagnat, chercheuse CNRS à Grenoble, tente de sensibiliser ses collègues sur la place des...

Israël, Russie, le boycott en question

Nous sommes le 24 février 2022. Le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine apparaît à la télévision russe et déclare lancer « une opération militaire spéciale (...) afin de démilitariser et de dénazifier l’Ukraine ». Quelques heures seulement après son...

« Le port du masque était une mesure politique »

Cette histoire prend ses racines il y a tout juste cinq ans, en septembre 2020. L’épidémie de Covid 19 a plongé depuis quelques mois les pays du monde entier dans une crise sanitaire majeure et bouleversé le quotidien de la population mondiale. Un premier confinement...