Les Confessions de Rousseau (Sandrine)

18.05.2022 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE


Droit d’inventaire

Petits chevaux. Au petit jeu des pronostics pour la succession de Frédérique Vidal rue de la Montagne Sainte-Geneviève (auquel nous avons participé), son nom n’est jamais revenu. Cela semble donc le bon moment pour conclure un long quinquennat sous les radars de l’opinion publique.

Polémiques. Nous avons beaucoup glosé dans ces colonnes sur les oppositions (légitimes) qu’a provoqué la loi Recherche et la remise en cause malheureuse des sciences sociales sur fond d’islamogauchisme. Mettons cela de côté un instant.

Crédit. Ce serait oublier de se féliciter de quelques mesures mises en place ces cinq dernières années : un début de rattrapage des rémunérations des chercheurs, la mise en place (encore partielle) d’une politique sciences et société ou la prise en compte de l’intégrité.

It’s something. Au moment d’entamer ce qui sera certainement un long silence médiatique — qu’elle rompra peut-être dans TMN, qui sait ? —, nous vous laissons avec une autre chercheuse dans ce numéro : Sandrine Rousseau, que nous avons rencontrée il y a quelques jours.


A très vite, 
— Laurent de TheMetaNews.

PS

Une réaction ? Nous la publierons. N’oubliez pas que les colonnes de nos courriers des lecteurs vous sont ouvertes. Il suffit de nous écrire et de nous livrer le fond de votre pensée.

Sommaire

→  INTERVIEW Antiscience, Sandrine Rousseau ? 
→  LA VIE DE L’ESR Le Journal officiel passé au crible
→  BRÈVES L’ESR en chiffres, deux députés chercheurs, une disparition 
→  EXPRESS Votre revue de presse
ET POUR FINIR Délai administratif

TEMPS DE LECTURE : 9 MINUTES

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TROIS QUESTIONS (OU PLUS) À SANDRINE ROUSSEAU

« Antiscience, moi ? J’en suis à l’opposé »


Habituée des plateaux et des phrases chocs, héraut de la parité, Sandrine Rousseau est aussi, et parfois surtout, chercheuse.

↳ Y a-t-il une vision de la science différente à gauche et à droite ?

Les sciences sociales sont en général les variables d’ajustement des politiques publiques : à droite, on a tendance à considérer que ce ne sont pas de vraies sciences. Une autre différence gauche/droite est celle de l’instrumentalisation de la science à des fins d’innovation et de croissance (…)

« La politique permet de me donner l’illusion de temps en temps que je fais bouger les choses. »

Sandrine Rousseau

    ↳ Que savent les politiques de la recherche ? 

Il y a un manque de connaissances évident. On le voit sur le réchauffement climatique ou la biodiversité de manière incroyable mais tous les domaines de la recherche sont concernés, surtout les sciences sociales. Certains chercheurs travaillent avec les politiques mais ces derniers ne s’approprient pas leurs travaux. Je suis étonné de manière générale de la faible culture intellectuelle de ces derniers même s’il n’est pas politiquement correct de le dire.

EXPRESS

C’est la vie de l’ESR


→ Le journal officiel au pas de course.  Voici les nouvelles règles d’accueil des chercheurs étrangers au titre du séjour de recherche (visa, conditions de ressources…) • Du côté de la section disciplinaire : une affaire dépaysée de Strasbourg à Belfort, concernant un édile de l’Université de Strasbourg • Trois postes sont offerts au concours réservé aux élèves des ENS pour recruter des administrateurs de l’Insee • Voici les chiffres officiels de la parité hommes-femmes utilisés pour l’élection de représentants du personnel dans de nombreux établissements de l’ESR • Les cahiers des charges des appels à projets dans le spatial du Plan France 2030 sont parus • Le grade de master est conféré aux diplômés de l’ENS Lyon pour 2022-2023 jusqu’à 2026-2027 •

→ Ils changent leur carte de visite.  Vivien Quéma est nommé directeur de l’École nationale supérieure d’informatique et de mathématiques appliquées de l’Institut polytechnique de Grenoble pour cinq ans • Jean-Marc Perronne est nommé directeur de l’École nationale supérieure d’ingénieurs Sud-Alsace pour cinq ans • Alexandre Caminada est nommé directeur de Polytech Nice Sophia, pour un mandat de cinq ans  • Denis Alamargot est nommé directeur de l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation de l’académie de Poitiers • Véronique Marchet et Olivier David sont nommés au sein du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche • Sept membres ont été nommés au sein du conseil d’orientation stratégique du réseau des écoles françaises à l’étranger • Une vingtaine de nominations au sein de la commission des titres d’ingénieur • Est déclaré vacant le poste de délégué·e régional·e académique adjoint à la recherche et à l’innovation pour la région Grand Est • Le poste de directrice (ou -teur !) de l’École nationale supérieure d’ingénieurs du Mans (Ensim) est déclaré vacant à compter du 16 octobre 2022 • Donatienne Hissard a été nommée DG de Campus France par décret présidentiel • Marie-Pauline Gacoin quitte l’Université Paris Saclay pour devenir directrice de cabinet d’Antoine Petit au CNRS • Trois démissions d’élèves de l’ENS Paris Saclay (et cinq de plus) • Thierry Calandra n’est finalement pas nommé professeur associé • 

EXPRESS

Pendant ce temps dans la recherche


→ Abonnés absents. Dans notre recension express des députés chercheurs sortants ou candidats aux prochaines législatives, nous avons fait deux oublis du côté de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) en les personnes de Léo Coutellec (circo 01 de la Nièvre) et Hadrien Clouet (circo 01 en Haute-Garonne). Ce dernier estime sa circonscription « gagnable ». Voici la liste totale des candidats Nupes, par ailleurs.

 La patrie reconnaissante. Nous apprenons par cette nécrologie de l’Élysée le décès de Bernard Bigot. Ce chimiste (que nous avions interviewé pour ce papier sur la fusion nucléaire) à la carrière bien remplie dirigeait depuis 2015 le consortium ITER après avoir été, entre autres, Haut Commissaire à l’énergie atomique et directeur général du CEA.

→ Si vous aimez les chiffres. Et on sait que vous les aimez : le ministère de la Recherche vient de publier l’édition 2022 de l’État de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Allez, un chiffre feelgood pour changer : la part des doctorants financés est passée de 68,7% à 74,2% en dix ans. C’est lent bien sûr mais ça progresse.

EXPRESS

Votre revue de presse


→ Exit Shanghaï. La Chine chercherait-elle à se démarquer des classements universitaires internationaux et ce alors que celui de Shanghaï fait toujours la pluie et le beau temps dans le monde académique ? Il semble bien que oui : la récente visite de Xi Jing Ping à l’université Renmin le 25 avril dernier le laisse penser, analyse Le Monde.

→ Smoke on the water. L’herbe ne semble pas plus verte en Suisse pour les chercheurs (comme quoi). Le média scientifique Heidi.news revient sur la précarité de la profession (grâce à ce rapport rédigé en allemand) et le difficile équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Et la situation au Québec ne semble pas meilleure, d’après cet article du Devoir, qui relaie cette pétition signée par près de 2000 chercheurs. Pour finir ce tour du monde de l’intranquillité, les scientifiques australiens sont également dans la rue pour pousser leur gouvernement à agir, dans Nature.

→ Plus léger que l’air. Intéressante interview d’Olivier Joubert, chercheur CNRS référent sur le sujet de l’hydrogène, dans Les Échos. Si le titre fait un peu sursauter à la première lecture, le reste permet une remise à niveau sur cette éternelle énergie du futur qu’il s’agit avant tout de décarboner (pour vous rafraichir la mémoire).

→ Mise en plis. Allez, on pose là cette tribune parue dans Le Monde (comme beaucoup de tribunes) signée du haut fonctionnaire Johan Theuret incitant à remettre à plat la rémunération des fonctionnaires. On pourra en reparler.

→ Pression à Tüborg. Une partie de la classe politique danoise fait pression sur les milieux universitaires pour déterminer ce qui relève “de la bonne science” (et donc de la mauvaise), rapporte University News. La question se pose évidemment pour les disciplines sociales traitant de races ou de migration. Ça ne vous rappelle rien ?

DÉLAI ADMINISTRATIF

Et pour finir…


Y a-t-il un délai incompressible qui permet de distinguer un pillage de tombe d’une fouille archéologique ? Ils sont nombreux à se poser cette question (qui ne nous a jamais traversé l’esprit).