Le second effet Bayrou
De l’avis des commentateurs, le Premier Ministre François Bayrou a connu son climax le 15 juillet dernier lors de la présentation du budget 2026. Celui-ci sera (âprement) discuté d’ici la fin de l’année au Parlement, avec un risque de censure non négligeable à la clef. À l’Assemblée, ce seront les députés Thomas Cazenave et Charles Sitzenstuhl (EPR) qui s’occuperont des crédits « enseignement supérieur » ; Mickaël Bouloux (Socialistes) et Pierre Henriet (Horizons) ont en charge les crédits « recherche ». Malgré les 40 milliards d’euros d’économies attendus, sa ministre Elisabeth Borne, en charge de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a pourtant assuré dans les médias que ses budgets seraient préservés. Des éléments de langage qui augurent d’un nouveau coup de frein sur la Loi de programmation de la Recherche (LPR), initiée en 2020 et dont les investissements ont déjà été rabotés en 2025, notamment ceux de l’Agence nationale de la Recherche (ANR). D’autant que la LPR a une concurrente de taille : la loi de programmation militaire. Elle sera, vu le contexte géopolitique, plus que respectée puisque le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé rien moins qu’un doublement des budgets de l’armée, qui devraient passer à 64 milliards d’euros en 2027.
Choose France or not, that is the question
Paris, holala. Après la sidération qui a suivi l’investiture de Donald Trump et les annonces tonitruantes de l’intéressé et de son administration (relire notre analyse), la France et l’Europe sont sortis de leur torpeur le 05 mai dernier en ce qui concerne la recherche. Dans la lignée de l’initiative Safe place for science d’Aix-Marseille Université, cette date a marqué le lancement de Choose France For Science et Choose Europe for Science (nous vous en parlions). Presque trois mois après, c’est déjà l’heure du bilan. Si, du côté du ministère de la Recherche, on évoque off « une centaine de chercheurs » dont les trois quarts proviendraient des USA, il faudra juger dès début septembre cet arbre à ses fruits : quelle implication des établissements, universités en tête, quels profils ont été séduits par un déménagement dans l’Hexagone au moment où les budgets de l’Enseignement supérieur et de la recherche sont sur la sellette ? TMN enquête dès à présent sur le sujet et vous donnera tous les détails à la rentrée.
Le Hcéres toujours sur la sellette
Suspense. Qu’adviendra-t-il du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) ? Si vous avez raté le début de l’épisode, sachez que cette institution régulièrement chahutée par les collectifs de chercheurs et certains syndicats est en plein moment suspendu depuis le vote d’un amendement proposé par le député Hendrik Davi (Écologiste et Social) et soutenu par une partie de la gauche et de l’extrême-droite qui propose son annulation pure et simple (nous vous en parlions) début avril. Sa nouvelle présidente Coralie Chevalier fait depuis des pieds et des mains pour sauvegarder l’institution en proposant des pistes de réforme. C’est très certainement en octobre prochain que le sort du Hcéres sera connu puisque la loi de simplification de la vie économique, au sein de laquelle sa suppression est inscrite, doit passer un dernier examen : celui de la commission mixte paritaire réunissant députés et sénateurs. L’institution sera peut-être aidée par une autre proposition de loi, celle-ci sur la régulation et la modernisation de l’enseignement supérieur, qui a été présentée début juillet par le ministre de la Recherche Philippe Baptiste. Un peu à la surprise générale, il faut bien le dire. Le projet de loi prévoit que pour réguler l’enseignement supérieur privé, notamment, une évaluation « préalable par une instance nationale indépendante » sera indispensable pour qu’une formation apparaisse sur Parcoursup. Une instance comme le Hcéres, par exemple ?
Le retour du dispositif Jeunes docteurs ?
À la rescousse. Fin janvier 2025, l’annonce de la suppression du dispositif « Jeunes Docteurs » dans le projet de loi de finances (PLF) 2025 avait provoqué un tollé parmi les acteurs du doctorat et de l’innovation — nous vous en parlions. Le collectif JD-CIR, réunissant de nombreux acteurs de l’innovation militant en faveur de sa réintégration, a depuis publié une étude d’impact de la disparition du dispositif. Résultats des courses : 70% des docteurs interrogés rapportent ainsi un impact négatif de sa suppression sur leur possibilité de carrière dans le privé et 40% d’entre eux se tournent vers l’étranger. Pour Laure Jamot, PDG de la startup HuntXPharma et fervente défenseuse dudit dispositif, la publication d’un rapport parlementaire sur la valorisation de la recherche il y a une semaine est un argument supplémentaire pour appuyer sa réhabilitation. Quelques semaines après l’annonce, le député de l’Essonne Paul Midy avait déposé un projet de loi visant à le rétablir. Projet de loi qui demande encore à être étudié. Qu’attendre pour la suite ? L’option la plus probable reste que la réintégration du dispositif, même partielle, soit étudiée dans le PLF 2026. Affaire à suivre.
Vie ou mort du Palais de la Découverte
To be or not to be. L’avenir du Palais de la découverte a suscité de nombreuses inquiétudes ces derniers mois — nous vous en parlions. Après avoir vu ses espaces réduits en novembre 2024, le report de l’inauguration de ses premières expositions — à des dates encore inconnues — a fait craindre à ses personnels et à la communauté scientifique qu’il ne rouvre finalement jamais ses portes. La pétition mise en place par les salariés d’Universcience compte aujourd’hui plus de 117 000 signatures. Scientifiques et médiateurs se sont également réunis le 8 juillet sur le parvis de l’Académie des sciences. Selon nos sources, une réunion avait eu lieu la veille à l’Élysée avec les deux ministres concernés — Rachida Dati pour la Culture et Philippe Baptiste pour l’ESR — pour discuter de son sort. Philippe Baptiste s’est voulu rassurant le jour même lors d’un passage sur le plateau de LCP. Une décision qui revient, selon ses termes, au PR. Aucune annonce n’a pour l’instant été faite, de quoi relancer les inquiétudes des salariés de l’établissement qui craignent que la décision soit annoncée au cours des congés du mois d’août sans pouvoir agir, explique le média Ciel & Espace. Selon nos sources, aucune annonce ne devrait être faite avant la rentrée.
Le serpent de mer des « CNRS Keylabs »
Fin de partie ? C’était la grande affaire du début 2025. L’annonce unilatérale le 12 décembre 2024 par le PDG du CNRS de la création des « CNRS keylabs » (nous vous en parlions évidemment) avait suscité une vague de réprobation parmi tous les acteurs de l’Enseignement supérieur et de la recherche, universités en tête. Ces dernières, mises au pied du mur devant la volonté de l’organisme de recherche de favoriser certains labos (au détriment d’autres) ont réussi à arracher au ministre de la Recherche Philippe Baptiste, tout juste nommé, un moratoire qui devait courir jusqu’à l’été sur cette mesure polémique. Antoine Petit aura-t-il le temps de remettre le travail sur l’ouvrage avant la fin de son mandat début 2026 ? De source syndicale, le sujet n’a en tous cas pas été abordé le 11 juillet dernier, lors d’un conseil d’administration de l’organisme. Une mise sous le boisseau ou un abandon pur et simple ? Les premières semaines de septembre nous permettront d’en savoir plus.