Peut-on être sociologue ou historien et monter une start-up ? Mathieu Porchet, spécialiste du sujet tente de lever les (éventuels) malentendus. Y a-t-il un malentendu entre les sciences humaines et l’innovation ? Le transfert des résultats de recherche en sciences exactes est très opérationnel depuis plusieurs dizaines d’années, ça fonctionne très bien, une communauté internationale existe, des bonnes pratiques circulent. Mais seules certaines SHS — 40 % de la recherche en France — peuvent d’ores et déjà intervenir dans ce secteur, celles qui sont très « opérationnelles ». Je pense à des chercheurs en marketing, par exemple. Mais il y a encore un gap énorme dans d’autres disciplines : beaucoup de connaissances restent cloisonnées dans les vues ou les publications scientifiques, sans relation avec des acteurs socio-économiques. On peut donc être historien et valoriser ses travaux ? Ubisoft a travaillé dans une de ses éditions d’Assassins Creed avec un historien spécialiste du sujet [Il s’agit de Laurent Turcot, NDLR] qui a apporté son expertise pour représenter Paris au Moyen-âge. Les historiens peuvent également travailler avec le secteur du tourisme. Néanmoins, si l’expertise est une modalité de transfert, ce n’est pas la seule. La difficulté est qu’il n’y a pas de modèle préexistant, il faut travailler au cas par cas, presque de manière artisanale, ça demande du temps et de l’investissement parce que les écosystèmes sont formatés pour certains types de projets, souvent technologiques. Les choses évoluent-elles néanmoins ? Le retour sur investissement sociétal est aujourd’hui un sujet en pleine croissance, c’est une autre manière de penser. Si l’objet du transfert n’est effectivement pas la technologie, cela reste néanmoins de la valorisation, même sans création de start-up ou de dépôt de brevet car on part de travaux de recherche. A la SATT Lutech, on a mis en place un projet pour créer de nouveaux formats audiovisuels — les ponts n’existent pas aujourd’hui avec le monde de la recherche dans ce secteur — pour redynamiser l’écosystème. Les jeunes chercheurs sont de plus en plus mécontents des perspectives dans l’académie et s’impliquent beaucoup plus sur ces projets. |
Dorothy Bishop : « J’ai démissionné quand j’ai compris que la Royal Society ne ferait rien contre Musk »
Au mois de novembre 2024, vous avez quitté la Royal Society, l’équivalent britannique de l’Académie des sciences française. Le regrettez-vous ? Aucunement, je suis encore plus satisfaite de ma décision aujourd’hui. J’ai quitté la Royal Society pour dénoncer la...