Spécialiste des biens communs numériques, la juriste Mélanie Dulong de Rosnay dresse un bilan de l’open access. Quel est le plus grand bénéfice qu’apporte la science ouverte ? Tout simplement le fait que tout le monde puisse lire les articles, que ce soit des personnes (société civile, politique, ou chercheur) ou bien des machines (pour faire de la fouille de textes). Contrairement à ce qu’on pourrait croire, tous les chercheurs n’ont pas un accès à toutes les publications scientifiques même dans les pays riches ou les grandes institutions. En tant que chercheuse au CNRS, je n’ai accès qu’à une dizaine de revues françaises de droit mais pas aux bouquets vendus aux universités de droit. Les chercheurs peuvent-ils agir pour l’open science sans sacrifier leur carrière ? Nous avons besoin d’en parler plus afin d’identifier les barrières et les leviers possibles. Chaque discipline et chaque personne a ses propres problématiques en fonction de sa carrière et de son avancement. Par exemple, la communauté Polar commons [des chercheurs qui travaillent sur les pôles, NDLR] a développé de longue date des normes pour le partage de leurs données. Avant d’ouvrir leurs données, d’autres souhaitent attendre de les avoir exploitées pour une publication. Certaines communautés ont également pensé à des systèmes où l’utilisation de données par des tiers est conditionnée par l’ajout comme co-auteurs des chercheurs les ayant publiées. Car ouvrir ses données représente un coût : il faut les collecter, les nettoyer, les décrire, les stocker quelque part… Et pour les publications, où en est-on ? Plusieurs modèles de journaux [les voies vertes, dorées ou diamant, dont on vous a déjà parlé, NDLR] sont en place pour publier en accès ouvert mais nous sommes encore dans un système fermé et il faudrait changer d’échelle. Au niveau individuel, des solutions existent : choisir de ne publier ou n’évaluer qu’avec des revues ouvertes, partager son livre sur des sites pirate… On observe un soutien politique et institutionnel, notamment à travers la loi pour une République numérique et le dépôt en archive ouverte. Cependant, l’incitation à publier dans des revues à fort impact est toujours présente, malgré la signature de DORA par le CNRS. [Retrouvez également son article (ou son résumé ) sur l’open access.] |
David Chavalarias : « X vous projette dans le pire de votre environnement social »
En tant que chercheur, que vous apportait un réseau social tel que Twitter avant ? Twitter m’était utile pour faire de la veille scientifique et technologique, en étant connecté à des experts de mon domaine qui produisent ou pointent vers des publications ou d’autres...