Nick Holmes : « Certains des mes articles m’inquiétaient depuis leur publication »

— Le 30 avril 2021
Le neurobiologiste britannique Nick Holmes vient de se livrer à une autocritique de ses propres articles sur Twitter : il explique à TMN sa démarche.

Aviez-vous déjà en tête tous les défauts de vos papiers ou avez-vous dû fouiller ?

Certains articles m’inquiétaient depuis leur publication alors que pour d’autres, c’est en les examinant cette année que je m’en suis rendu compte. Un cas intéressant était moins grave que dans mes souvenirs : je croyais pendant quatorze ans avoir supprimé un point de données en tant que « valeur aberrante ». En réalité, j’avais bien conservé ce point mais je n’avais simplement pas utilisé une très bonne méthode pour analyser les données. Je peux arrêter de m’en faire maintenant !

Aviez-vous déjà reçu des critiques sur ces articles après leur publication ?

Je n’ai jamais reçu beaucoup de critiques d’autres chercheurs. En fait, presque rien en 17 ans ! C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai rédigé les tweets. Ces critiques existent peut-être dans des journaux, des clubs de lecture ou d’autres lieux mais il est difficile de les trouver et personne ne vous le dit ! Peut-être que toutes ces discussions devraient être publiées ou centralisées sur PubPeer.

Qu’est-ce qui vous a décidé à faire votre autocritique ?

Je ne suis pas du tout religieux mais c’était Pâques et j’avais en tête « Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre » [il faut certainement y voir aussi une référence à La vie de Brian, symbole de l’humour anglais, NDLR]. Je suis pour que la science soit la plus ouverte possible mais elle semble presque être une religion pour certaines personnes, qui n’acceptent aucune transgression chez les autres. Ces grands prêtres sont-ils eux-mêmes exempts de péché ? Et moi dans tout ça ?

Doit-on jeter la pierre aux chercheurs ?

Si la science était véritablement ouverte, le système de recrutement, de financement, d’expérimentation et de publication que nous avons aujourd’hui serait très différent. Pour le moment, jeter des pierres sur certains en raison de la façon dont ils ont été formés ou du système dans lequel ils travaillent n’est pas la bonne approche. Je ne pense pas que de nombreux chercheurs choisissent de faire de la mauvaise science.

Pourtant, vous critiquez vous-même les articles d’autres chercheurs !

En effet, je jette beaucoup la pierre aux revues et aux articles dans un nouveau podcast, The Error Bar. J’essaie d’être juste mais la critique peut toujours blesser. Nous sommes tous humains et nous prenons des décisions biaisées sur ce qu’il faut étudier, comment concevoir des expériences, ce qu’il faut rapporter et ce qu’il faut cacher à nos lecteurs. Il faut s’en souvenir lorsque nous critiquons les autres.

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