Ouvrir ses publis, une obligation ?

11.10.2024 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Une recherche, des pratiques

When I was a child. Dès ma plus tendre enfance académique, j’ai vu tout le monde mettre en ligne ses preprints. Quand j’ai soumis mon premier article en premier auteur, je l’ai aussi déposé sur arXiv. C’était naturel.

Des nues. Quelle n’a donc pas été ma surprise, pour moi physicienne, d’apprendre que certains chercheurs ne le faisaient pas, voire y étaient formellement opposés.

Open… minded. Mais depuis que je travaille à TheMetaNews, j’apprends que chaque discipline a ses pratiques. J’ai donc été creuser la question auprès de sciences humaines et sociales, en particulier en littérature.

In the news today. Car une affaire l’a faite resurgir : Nantes Université, poursuivie devant le tribunal administratif par l’un de ses chercheurs s’opposant à l’obligation de dépôt décrétée par celle-ci. Je vous explique tout dans notre analyse.

Bonne lecture, 
— Lucile de TheMetaNews

Sommaire

→  ANALYSE  Ouvrir ses publications, une obligation ?
→  OUTIL  Valoriser ses recherches sur Wikipedia
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  CHIFFRE  Carrières de docteurs
→  ET POUR FINIR Amour secret

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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ANALYSE

Ouvrir ses publications, une obligation ?

Obliger les chercheurs à déposer leurs papiers en accès ouvert ? Un cas unique, celui de Nantes Université, a attisé les craintes de chercheurs et d’éditeurs. Le débat n’est pas encore clos.

     ↳ « L’ouverture des travaux de recherche est une obligation », insistait encore Alain Schuhl, directeur général délégué à la science du CNRS dans le webinaire du 30 septembre destiné aux personnels. Hébergeant depuis plus de 20 ans la plateforme d’archives ouvertes HAL, l’organisme avait défini en 2019 une feuille de route science ouverte, incitant très fortement ses chercheurs, protégés par la loi pour une République numérique (…)

OUTIL

Valoriser ses recherches sur Wikipedia

Bénévolat bien placé. Vous consultez sans aucun doute Wikipedia, et vous n’êtes pas seul·e : vos collègues, vos étudiants, le “grand public” le font aussi. À tel point qu’une étude montrait l’influence de Wikipedia sur la science elle-même. Alors pourquoi ne pas améliorer les articles sur lesquels vous avez une expertise et en profiter pour ajouter des références ? Si vous avez raté les formations données par les “wikimédiens” en résidence dans le monde de la recherche, voici celle de Pierre-Yves Beaudouin en ligne sur Zenodo qui vous apprendra comment sont structurées les pages Wikipedia, comment se créer un compte ou ajouter des sources… En complément, celle d’Hugo Lopez aborde spécifiquement la transformation d’un article scientifique en article Wiki.

CHIFFRE

85%

Un an après leur thèse, 85% des docteurs ont un emploi, révèle une note du service statistique du ministère (SIES) analysant les réponses de près de 6 500 diplômés, tous en 2021. La moitié d’entre eux occupe un emploi stable ; les moins bien loties ne sont pas les sciences humaines et sociales mais… les sciences du vivant, pour qui ce taux chute à 39%. Et ce n’est sûrement pas un hasard : les biologistes ont plus tendance à poursuivre une carrière académique que les autres, avec les aléas des postdocs, que vous connaissez. Au global, l’académique attire la moitié des docteurs en emploi et environ les trois quart d’entre eux travaillent dans la recherche, public et privé confondus.

EXPRESS

Pendant ce temps dans les labos

● Coup de fil. Cette semaine est marquée par l’annonce des Nobel. Lundi, c’était physiologie avec Victor Ambros (et non sa femme Rosalind Lee) et Gary Ruvkun pour la découverte des microARN. Mardi, le Nobel de physique a été attribué aux pionniers de l’intelligence artificielle John Hopfield et Geoffrey Hinton. Mercredi, David Baker, Demis Hassabis et John Jumper ont remporté le Nobel de chimie 2024 pour leurs travaux sur les protéines (dont le développement d’un outil basé sur l’IA). Jeudi, le prix de littérature a été remis à la sud-coréenne Han Kang. Et ce vendredi, nous connaîtrons le Nobel de la paix. Combien d’années séparent les découvertes des récompenses ? Le magazine Nature a fait des stats, pendant que Le Figaro remarque que Google est en train de devenir une fabrique de Nobel.

● Juges de paix. Déterminer qui doit apparaître dans la liste des auteurs d’une publication — et dans quel ordre — est parfois un véritable casse-tête. Une étude publiée dans Studies in Higher Education propose une approche quantitative basée sur l’estimation du temps passé par chaque contributeur et tenant compte de sa rémunération. Un seuil permet d’identifier les véritables auteurs des personnes à mentionner dans les remerciements. Ça vous dit de tester ? Racontez-nous !

● Impérieux. Quatre Scientifiques en rébellion ont été relaxés au nom de l’état de nécessité par le Tribunal de Paris le 26 septembre dernier. Pour rappel, le collectif organisait en avril 2022 une action de désobéissance civile au sein du Muséum national d’histoire naturelle. Huit d’entre eux avaient été jugés en novembre 2023 et relaxés quelques mois plus tard (nous y étions). Cette fois, le Parquet a fait appel.

  Mais aussi…   En rapport avec notre outil Wikipedia, une journée d’étude intitulée Le mouvement Wikimédia : des projets, des communautés et des communs aura lieu le 14 mars 2025 . Vous pouvez soumettre une contribution d’ici le 3 novembre prochain ● Un autre workshop sur l’avenir de la science ouverte en psychologie se tiendra le 8 novembre à Nantes ● L’Unesco vous consulte sur la science ouverte et plus précisément la création d’un dispositif mondial pour l’accès ouvert diamant. Par ici pour répondre à l’enquête ●

EXPRESS

Votre revue de presse

→ La vie des autres. Des chercheurs fichés par une plateforme privée qui met ensuite toutes les informations de leur vie pro comme perso à disposition des cadres de l’industrie des pesticides et des biotechnologies, ce n’est pas un cauchemar mais la réalité que révèle les journalistes du Monde dans leur premier épisode des « Bonus Eventus files » ↯.

→ Unis. Dénoncer les fraudes scientifiques écorne-t-il plus l’image de la science que de cacher les miettes sous le tapis ? Les nouveaux détectives de la science, dont Guillaume Cabanac, Elisabeth Bik ou Raphaël Lévy, se sont réunis à Paris et le Monde y était ↯. Elles et ils ont partagé leurs pratiques et leur ressenti.

→ Parce qu’elles le valent bien. Alors que les Nobel sont toujours en très grande majorité attribués à des hommes, les femmes ont la fondation L’Oréal. Tout juste primées, les Jeunes talents voient leur portrait brossé dans la presse locale : Mélissa Macalli dans Sud Ouest, Lise Morlet-Decarnin dans le Dauphiné libéré, ou bien Amélie Joly et Marie Materna dans France Bleu La Rochelle. On ne peut malheureusement pas toutes les citer mais voici la liste des 35 lauréates.

→ Transition. Quelle place pour les scientifiques dans la lutte contre les dérèglements climatiques et écologiques ? C’est à cette question que tente de répondre Lucie Marinier, professeure au Cnam dans les colonnes de Libération. Beaucoup s’orientent vers des pratiques moins compétitives et plus participatives, observe la philosophe et historienne des sciences Bernadette Bensaude-Vincent dans une interview au Monde .

→ Paint in black. Aux États-Unis, les chercheurs noirs et hispaniques semblent être évalués plus durement dans leurs évolutions de carrière, révèle une étude publiée dans Nature Human Behaviour et sur laquelle la partie magazine de Science revient. La composition des comités semble beaucoup jouer.

→ Cerveaux puissants. Ne voudriez-vous pas enfin réaliser ce dont vous rêvez depuis des années ? Loin des casques de réalité virtuelle, le sociologue au CNRS Étienne Ollion revendique le terme de “chercheur augmenté” et l’explique dans l’émission de Xavier de la Porte sur France Inter.

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AMOUR SECRET

Et pour finir…

Si l’on pouvait décerner des Ig Nobel, on le donnerait à cette sociologue.