Interview réalisée le 09 septembre dernier
En quoi le classement de Paris Saclay à la 14e place mondiale est-il une bonne nouvelle ? C’est une bonne nouvelle parce qu’elle confirme la place de l’enseignement supérieur et de la recherche en France. Le potentiel de notre système était masqué au niveau international à cause de sa fragmentation. En la gommant, nous mettons en valeur nos forces. Prétendre qu’il s’agit d’une note artificielle serait oublier une réalité construite depuis des années.
Cette 14e place n’est-elle que le produit d’une politique de fusion à marche forcée ? La taille ne fait pas tout. Ceux qui nous précèdent dans le classement sont d’ailleurs plutôt de petits établissements. J’ai entendu dire que « si on faisait l’université de France, on serait premiers mondiaux », c’est tout simplement faux : nous serions même moins bien classés (…) Je le répète : l’Université Paris Saclay n’a pas été créée pour le classement de Shanghai, même si nous nous devons d’y être bien référencé.
Vous préconisiez d’augmenter les taux de succès à l’ANR jusqu’à 40%. 25% dans trois ans comme cela est prévu aujourd’hui, est-ce suffisant ? En tant que présidente d’université, je ne vous dirai pas qu’il ne fallait pas plus mais c’est un grand pas. Cet investissement en recherche n’a pas été fait depuis longtemps mais la situation de départ est tellement problématique que nous aurions aimé que ces investissements soient programmés de façon différente, il aurait été préférable que l’effort financier soit plus rapidement mis à disposition. Je reconnais que ce sera le cas pour l’ANR dont les financements seront renforcés dans les trois prochaines années.
L’Université Paris-Saclay aura-t-elle recours aux « tenure track », très décriés mais présentés comme optionnels par Frédérique Vidal ? Seuls les décrets nous permettront de cerner ce dispositif, certainement à partir d’octobre ou novembre ; nous travaillerons alors avec les conseils, notamment la commission de la recherche et le Conseil d’administration pour les examiner. La réponse est donc oui : nous essaierons de les utiliser mais le président ne décide pas tout, les composantes universitaires et les établissements nous exprimeront leurs besoins.
Propos recueillis par Lucile Veissier et Laurent Simon
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