Paris-Saclay, the place to be



15 septembre 2020 /// L’actu de la profession
Une visite,
Saclay des liens

C’est peu dire que l’université Paris Saclay occupe le devant de la scène depuis quelques semaines : 14e mondiale depuis le 15 août, elle a eu les honneurs d’un tweet présidentiel, d’une visite de Jean Castex (dont nous vous parlons un peu plus longuement )… et, plus modestement, de la nôtre.
Sylvie Retailleau, présidente de cette métropole scientifique, nous a accordé une interview dans ses bureaux : alors, les bons résultats au classement de Shanghai sont-ils que le résultat d’un produit en croix ou d’un chemin de croix ?

Keep calm & science hard,
Laurent de TheMetaNews

PS. Psst c’est notre numéro 98, on vous prépare évidemment quelque chose pour fêter la 100e 🤐
Si vous n’avez que 30 secondes

A partir d’ici 4′ ou 10′ de lecture au choix.

Jean Castex passe, les inquiétudes restent
Le ballet millimétré du protocole ministériel à Saclay le 07 septembre dernier a-t-il laissé la place à l’écoute ? De jeunes chercheurs témoignent.
Petit décryptage d’un object com
La recherche a connu sa séquence. Avec la visite de Jean Castex à Paris-Saclay le 07 septembre dernier (lire cette intéressante dépêche sur le sujet) ou l’allocution d’Emmanuel Macron devant la French tech avant-hier, le gouvernement continue le « service avant vente » de la loi Recherche, dont les auditions continuent à l’Assemblée nationale.
Mise en scène d’une agora. Ce genre de déplacement ministériel suit toujours le même decorum. D’abord, la sélection d’un point de chute « signifiant » : ici Paris Saclay pour sa récente 14e place à Shanghai et le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement pour ses recherches dans l’air du temps (et peut-être ses locaux neufs). Puis d’un panel sensé livrer ses interrogations à la ministre. « Il n’y a pas vraiment eu d’échange. C’était plus des réponses à quelques questions sous forme de monologues », témoigne un chercheur présent. Un dispositif classique de communication.
Tenure et CDI de mission au menu. Ces deux mesures de la loi Recherche étant les plus contestées dans la communauté scientifique, il en a été évidemment beaucoup question le 07 septembre. Malgré le dispositif de sécurité, Frédérique Vidal a tout de même pris le temps en marge de l’évènement de venir discuter avec certains chercheurs qui avaient déployé une banderole.
Ecoutés mais pas entendus

Certains jeunes chercheurs du LSCE — qui ont participé au panel ministériel — nous ont livré leurs principales inquiétudes, elles se résument en un mot : précarité. « Au moins avec un CDD, on connaît la date de la fin de notre contrat; le CDI de mission, on ne sait pas quand il s’arrête », témoigne l’un d’eux. Quant aux tenure track, le fait qu’ils puissent favoriser en particulier la carrière des femmes les laisse sceptique : « L’argument semble complètement artificiel, ce genre de position très compétitive est plutôt donnée à des chercheurs hommes venant de l’étranger. » Aucun n’a parlé salaire.
Lire absolument cette missive écrite par la chercheuse Audrey Fortems-Cheiney à l’intention du cabinet de Frédérique Vidal. Elle résume à elle seule toute la complexité de la situation.

Des infos en peu de mots /////////// L’audition de Frédérique Vidal à l’Assemblée nationale a donné lieu à une passe d’armes autour de l’Idex de Lyon (voir à partir de 2h28). La structure va-t-elle perdre ses financements ? /////////// Le pure player d’investigation marseillais Marsactu révèle un rapport de l’Agence française anticorruption (lien payant) sur les dépenses à la tête de l’Institut de recherche et de développement /////////// Le collectif RogueESR a lancé un sondage au sortir du confinement et en révèle les résultats ///////////

Une interview au long cours avec… Sylvie Retailleau
« Shanghai ne nous dicte pas notre politique »

Les classements sont une chose, la recherche en est une autre, assure la présidente de Paris Saclay.



Interview réalisée le 09 septembre dernier

En quoi le classement de Paris Saclay à la 14e place mondiale est-il une bonne nouvelle ?  C’est une bonne nouvelle parce qu’elle confirme la place de l’enseignement supérieur et de la recherche en France. Le potentiel de notre système était masqué au niveau international à cause de sa fragmentation. En la gommant, nous mettons en valeur nos forces. Prétendre qu’il s’agit d’une note artificielle serait oublier une réalité construite depuis des années.

Cette 14e place n’est-elle que le produit d’une politique de fusion à marche forcée ? La taille ne fait pas tout. Ceux qui nous précèdent dans le classement sont d’ailleurs plutôt de petits établissements. J’ai entendu dire que « si on faisait l’université de France, on serait premiers mondiaux », c’est tout simplement faux : nous serions même moins bien classés (…) Je le répète : l’Université Paris Saclay n’a pas été créée pour le classement de Shanghai, même si nous nous devons d’y être bien référencé.

Vous préconisiez d’augmenter les taux de succès à l’ANR jusqu’à 40%. 25% dans trois ans comme cela est prévu aujourd’hui, est-ce suffisant ? En tant que présidente d’université, je ne vous dirai pas qu’il ne fallait pas plus mais c’est un grand pas. Cet investissement en recherche n’a pas été fait depuis longtemps mais la situation de départ est tellement problématique que nous aurions aimé que ces investissements soient programmés de façon différente, il aurait été préférable que l’effort financier soit plus rapidement mis à disposition. Je reconnais que ce sera le cas pour l’ANR dont les financements seront renforcés dans les trois prochaines années.

L’Université Paris-Saclay aura-t-elle recours aux « tenure track », très décriés mais présentés comme optionnels par Frédérique Vidal ? Seuls les décrets nous permettront de cerner ce dispositif, certainement à partir d’octobre ou novembre ; nous travaillerons alors avec les conseils, notamment la commission de la recherche et le Conseil d’administration pour les examiner. La réponse est donc oui : nous essaierons de les utiliser mais le président ne décide pas tout, les composantes universitaires et les établissements nous exprimeront leurs besoins.

Propos recueillis par Lucile Veissier et Laurent Simon
Lire toute l’interview, ça vaut le coup
Le Journal officiel au pas de charge //////// Beaucoup de naissances à signaler cette semaine : bienvenue aux Stations marines de Sorbonne Université, à l’Institut supérieur d’informatique, de modélisation et de leurs applications (ISIMA), ainsi qu’à l’Ecole pratique des hautes études de l’Institut des langues rares //////// La visio s’inscrit un peu plus dans le quotidien institutionnel des maîtres de conférence et des professeurs //////// Hospitalier, si jamais vous siégez dans une commission disciplinaire, sachez que vos émoluments augmentent ////////
Ca va, ça vient mais ça va. //////// La composition de la commission chargée de l’avancement en grade des enseignants-chercheurs est maintenant connue //////// Loïc Cadiet est président du jury de l’agrégation en droit privé et sciences criminelles, le jury est également connu //////// Si vous touchez votre bille en paéloanthropologie, sachez que la chaire au Collège de France est vacante, tout comme d’ailleurs celle de directeur de l’observatoire des sciences de l’Univers de l’université Paris-Saclay (OSUPS) ou celle de directeur de l’observatoire des sciences de l’Univers de Grenoble //////// Guy Claireaux est nommé conseiller scientifique au cabinet de la ministre de la Mer, Annick Girardin, tintintin //////// 

Et pour finir


Ok tout ne va pas très bien dans le meilleur des mondes, mais ça pourrait être pire, vous pourriez faire de la thermodynamique (Ca vient de ce livre).