Nous voici à la croisée des chemins. |
Trouver la bonne publi ou le bon expert, tous les journalistes en sont-ils capables ? La loi Recherche propose de centraliser l’info. De l’info « lue approuvée » ? C’est l’une des trois « initiatives nouvelles et ambitieuses » prévues dans le projet de loi Recherche (paragraphe 3.b.i, exactement) : la création d’un centre Sciences et Médias ayant pour but de « permettre la mise en contact rapide entre journalistes et chercheurs », ainsi que de « favoriser l’accès des citoyens à une information scientifique fiable ». D’inspiration anglo-saxonne. Même si les contours de ce futur centre restent très flous, la loi cite le modèle britannique du Science Media Centre. Le principe ? Une plateforme qui propose aux journalistes des communiqués, des notes, du fact-checking prémâché, ainsi qu’une sélection de scientifiques à contacter. Fondée en 2002 par Fiona Fox dans un contexte bien particulier, l’organisation à but non lucratif a depuis conquis de nombreux pays, non sans critiques. Un œil en Suisse. A la fin de l’année dernière, lors de la consultation Médias et citoyens, le collectif NoFakeScience avait mentionné le Science Media Centre pour résoudre la question du « choix de l’expert » qui se pose aux journalistes. Se défendant de vouloir importer le modèle anglo-saxon en France, c’est l’exemple de la plateforme suisse Avis d’experts qui est mise en avant aujourd’hui. D’ailleurs, le CNRS a lancé en janvier dernier un service similaire : Trouver un expert. La fin du journalisme scientifique ? Même si l’Association des journalistes scientifiques (AJSPI) n’a pas pris encore position officiellement, beaucoup craignent d’être confrontés à une version officielle de la science. Il y a bien une solution, évidente et consensuelle : former et embaucher plus de journalistes scientifiques plutôt que de créer un centre à l’existence déjà controversée. Et laisser plus de temps aux chercheurs pour parler de leurs recherches, avec ou sans intermédiaire. |
Des sous et des médailles D’autres mesures sont inscrites au chapitre sciences et sociétés. Pêle-mêle, la loi Recherche – en incluant les amendements déjà votés – prévoit : – de réserver 1% du budget de l’ANR pour la culture scientifique – via des appels à projets, bien sûr ! – un partenariat ANR/France télé pour financer la production de documentaires scientifiques (le quota de 10% proposé par les sociétés savantes n’a pas été adopté) ; – créer une médaille de la médiation scientifique ; – un prix Inrae pour récompenser des recherches participatives ainsi que l’élaboration d’une charte entre acteurs associatifs et académiques. Le « tiers secteur de la recherche » – comprendre les recherches participatives, si ça vous parle plus – est donc représenté dans la loi. On se souvient que le député LREM Pierre-Alain Raphan, à l’origine des amendements sur le sujet, était présent au colloque organisé par Alliss à l’Assemblée nationale en janvier dernier avec le président de l’Inrae, Philippe Mauguin. |