23.06.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE
Pipettes et piolets
Silence radio. Moi qui imaginais m’attirer les foudres suite à mon dernier article sur la discrimination positive pour les femmes dans la recherche… Ça n’a pas été le cas et j’en suis presque déçue !
Philo. Recruter des femmes sur cette seule qualité ? Une de nos lectrices agacée par ces critiques retourne la question : « Les hommes ne sont-ils pas aujourd’hui recrutés parce qu’ils sont des hommes ? » Vous avez quatre heures.
Seule au monde. Si vous avez envie de plonger dans la vie d’une femme peinant à se faire une place dans un monde masculin, voici l’autobiographie non pas d’une chercheuse mais d’une alpiniste : Le plafond de glace (Ed. Guerin) !
Au sommet. Marion Poitevin fut la première femme au sein de l’élite du Groupe militaire de haute montagne, elle raconte dans ce livre les remarques sexistes, les barrières mentales à dépasser, ses doutes… Un combat passionnant à lire.
Lunettes noires. Absolument sans transition, un sujet qui va toucher votre quotidien, quel que soit votre genre ou sexe : celui du peer review. Garant de la qualité des connaissances, il est en pleine remise en question. Et si on le rendait plus open ? Lisez notre analyse de la semaine.
À très vite,
— Lucile de TheMetaNews
Sommaire
→ ANALYSE Prêt·e pour l’open peer review ?
→ OUTIL Les assos de doctorants à la carte
→ CHIFFRE Rétractation fatale
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Être née quelque part
TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES |
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ANALYSE
Reviewer en toute transparence
Lever l’anonymat des reviewers, certaines revues biomédicales ont passé le cap il y a déjà 20 ans. On fait le bilan de l’open peer review.
↳ Quelques mois après avoir soumis son papier à une revue assez prestigieuse, Marianne* reçoit un reviewing presque insultant : dix petites lignes prétendant que ses résultats ne sont pas assez “broad audience” pour mériter une publication. Sans aucune critique détaillée et constructive sur les éventuels problèmes du papier ou de conseils pour l’améliorer (…)
OUTIL
Les assos doctorantes en carte
Jeunes chercheurs, vous n’êtes pas seuls ! Besoin d’un conseil, envie de vous socialiser ou même de vous investir pour vos pairs ? Toutes les associations et collectifs de doctorant·es et docteur·es sont maintenant cartographiées ! Pour contacter l’asso la plus proche de chez nous, l’annuaire vous donnera accès à leurs coordonnées. Un travail réalisé par l’Association des jeunes chercheurs du 06 (AJC06) et les docteurs Antoine Pasquier, Adèle Combes (alias Vies de thèse – relire son interview) et Mathilde Maillard (alias Bien dans ma thèse).
CHIFFRE
Un sur quatre
C’est la part des auteurs quittant la recherche après une rétractation, révèle un preprint déposé sur arXiv. La probabilité de jeter l’éponge est d’autant plus élevée que la rétractation a été médiatisée et que le chercheur est jeune. Les plus expérimentés ont tendance à persister, formant de nouvelles collaborations. La dernière auteure du preprint en question sait certainement de quoi elle parle, étant également auteure du papier rétracté sur le mentorat des femmes – relire la polémique.
EXPRESS
Des infos en passant
● Click and publish. Voici une nouvelle méthode pour appâter les chercheurs peu scrupuleux en manque de publis : l’achat d’articles à son nom se propose directement via Facebook. Elisabeth Bik dénonce sur Twitter les pratiques de ces paper mills, ces entités qui produisent des manuscrits de qualité plus que médiocre, corrompent les éditeurs pour les faire accepter et font ensuite payer les futurs auteurs. Cette fois, les lettres d’acceptation seraient très probablement fausses.
● Invité surprise. Cette info s’enchaîne bien avec la précédente : vous êtes éditeur d’une revue et souhaitez lancer des collections gérées par des éditeurs invités ? Tout en sachant que ces guest editors sont parfois moins regardant sur les règles déontologiques (relire notre analyse sur MDPI)… Le COPE – Committee on Publication Ethics regroupant les éditeurs scientifiques – publie un guide spécifiquement sur cette question. Intéressant à consulter, même en tant qu’auteur ou reviewer.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Essai maquillé. Les petits arrangements de Didier Raoult avec la déontologie ne datent pas d’hier. Il y a trente ans, ses équipes ont collecté sans autorisation le sang de personnes sans-abri et de patients hospitalisés. Argumentant qu’il ne s’agissait que de « soin », les chercheurs ont pourtant publié les résultats quelques années après. Le Point a mené l’enquête.
→ Orange mécanique. Comment corriger la science ? Ivan Oransky, co-fondateur de Retraction Watch – relire notre numéro spécial sur la rétractation – a été interviewé par la lettre de l’Ofis – l’Office français pour l’intégrité scientifique. Les solutions évoquées ? Recruter des experts et changer les “incentives”. Facile à dire, plus compliqué à mettre en place.
→ Arigato. Affichant une proportion de femmes particulièrement basse parmi ses chercheurs, le Japon passe aux quotas. L’objectif est de 27% de chercheuses permanentes en 2027, contre 16% aujourd’hui. Mais ces objectifs chiffrés ne suffisent pas à eux seuls dans une société qui reste largement dominée par les hommes, analyse University World News. Certaines institutions mettent en place des programmes pour encourager les femmes, notamment via le mentorat.
→ Star académie. Certains chercheurs se sont produits pour la Fête de la musique ! En Normandie, Le Bonhomme libre a rencontré François Frémont, ancien enseignant-chercheur à l’université de Caen, qui sort ainsi son premier album. Le Parisien dresse quant à lui le portrait de Pierre-Hugues José, docteur en neurosciences et rappeur, nouvelle idole des festivals.
ÊTRE NÉE QUELQUE PART…
Et pour finir…
… Pour celle qui est née, c’est toujours un hasard, disait Maxime Forestier. Qu’en était-il de Cécile deWitt–Morette, qui a vu le jour dans une école d’ingénieur ?