06.01.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE
Pour la bonne cause
Lendemain de fêtes. Laurent l’a fait au nom de l’équipe mercredi, à mon tour aujourd’hui de vous souhaiter une bonne année 2023, remplie de belles aventures scientifiques et de réussites dans vos projets. Avec une pensée pour celles et ceux qui ont passé leurs congés de Noël à monter leur dossier pour les concours.
Auto-voeux. Côté TMN, on espère que de nombreux autres établissements et organismes s’abonneront – les semaines qui viennent seront décisives – afin atteindre l’équilibre nous permettant de pérenniser le média. La liste est un peu plus bas !
Sur mesure. Un des exemples marquants qui me convainc de l’utilité de TheMetaNews ? En 2018, lorsque l’affaire Voinnet a éclaté, j’étais en postdoc mais en ai à peine entendu parler. J’aurais aimé être tenue informée, parmi d’autres sujets de préoccupation typiques de jeunes chercheurs – les concours notamment.
Whistleblower. Et qui a contribué à révéler l’affaire à l’époque ? Le site de commentaires anonymes Pubpeer. Connu surtout des biologistes et géré notamment par deux chercheurs CNRS, Brendon Stell et Boris Barbour, il est toujours l’objet de débats nourris.
Les dessous. Dix ans après sa création, nous sommes allés à la rencontre de Boris Barbour dans un café parisien juste avant Noël. L’occasion d’en apprendre plus sur le fonctionnement de Pubpeer et son avenir, dans une grande interview à retrouver cette semaine.
À très vite,
— Lucile de TheMetaNews.
PS. On a fait un saut quantique : nous sommes à 35% de l’objectif de notre campagne « Demain, ouvrir TMN » ! À 100%, on lève le paywall.
Sommaire
→ INTERVIEW Boris Barbour défend le bilan de Pubpeer
→ UN CHIFFRE Peu de diversité dans l’édition scientifique
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Duck à l’orange
TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES |
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INTERVIEW
« La police de la recherche reste quelque chose de très aléatoire »
Affaires Voinnet, Jessus puis Raoult… Pubpeer a permis de révéler de nombreux scandales. Dix ans après sa création, le chercheur et administrateur du site Boris Barbour dresse le bilan.
Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas PubPeer, comment le décririez-vous en quelques phrases ?
↳ C’est un site où l’on peut discuter, questionner, voire critiquer des publications scientifiques. Le point fort – mais aussi de controverse – est que l’on permet des commentaires anonymes. En retour, le contenu est assez fortement modéré. Si vous avez quelque chose à dire sur un papier (…)
UN CHIFFRE
75%
Les comités de rédaction des revues sont composés à 75% de scientifiques d’Amérique du Nord ou d’Europe, conclut une étude sur plus de 6000 membres des « editorial boards » de 200 revues et publiée dans Scientometrics. Bien qu’à l’échelle de notre planète, l’écrasante majorité de la population vit en Asie, dans les comités de rédaction, la proportion de scientifiques en provenant ne se monte qu’à 13%. Au manque de diversité géographique s’ajoute celui de genre : un autre article également paru dans Scientometrics montre que les femmes sont plus fortement sous-représentées en Asie qu’ailleurs, parmi les auteurs des publications en médecine.
EXPRESS
Des infos en passant
● Trouver un coupable. Les maisons d’édition devraient-elles être responsables de la véracité des articles qu’elles publient ? Oui et même en répondre devant les tribunaux, estiment les auteurs de cet article publié la revue dans Research Ethics. Malheureusement, déplorent les chercheurs australiens, la loi n’a pas encore évolué dans ce sens.
● La bourse ou la thèse. Une étude sur la précarité financière des doctorants à partir des données administratives des quelque 3 000 doctorants de l’université Grenoble Alpes sur la période 2017-2021 révèle que 14% d’entre eux restent sans financement. Parmi les “facteurs de risque” : être en sciences humaines et sociales, après la troisième année, doctorant étranger ou avec un directeur de thèse qui encadre beaucoup de doctorants.
● Podium inversé. Vous avez récemment écrit un papier sur des résultats dits « négatifs » qui infirme une théorie ou même juste une intuition partagée par la communauté ? Soumettez votre preprint à la compétition d’ASAPbio – une organisation qui promeut les preprints et la transparence dans la communication scientifique – avant le 14 janvier.
● Club diamant. Une nouvelle revue en open access, entièrement gratuite – sur le modèle diamant pour les connaisseurs – et procédant à une relecture en double aveugle – les auteurs aussi sont anonymisés pour les reviewers – est née avec le soutien des institutions françaises : Emerging Neurologist. Merci à la Rédaction Médicale pour l’avoir pointée.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Petite tape sur la main. Un enseignant-chercheur a plagié la thèse d’une doctorante qu’il avait co-encadré dans un livre dont il s’est ensuite servi pour soutenir son HDR. Alertée, la direction de l’université conclut à une contrefaçon mais la sanction disciplinaire reste bien en-deçà des attentes de la victime, rapporte le magazine Challenges via AEF info.
→ Vieux grimoires. Autre cas de plagiat : à la veille de Noël, un médiéviste indépendant a retrouvé ses articles de blog plagiés dans un ouvrage signé par une chercheuse du domaine affiliée à une université suisse – cette dernière a d’ailleurs ouvert une enquête. La maison d’édition pourrait être la vraie responsable du plagiat, rapporte Actualitté.
→ De l’ombre à la lumière. Claudine Gay est la première femme noire à présider l’une des plus prestigieuses universités américaines : Harvard ! Brillante depuis ses premières années d’études en économie puis en science politique, elle accumule les récompenses en tout genre. Rien de surprenant à la voir accéder à ce poste, conclut Times Higher Education.
→ Pôle doctorat. Pas toujours facile de trouver du boulot après le doctorat. Ouest France recoupe plusieurs études : entre 4 et 14% des docteurs resteraient sans emploi quelques années après la soutenance. Le journal dresse le portrait de Florence, physicienne nantaise de 42 ans, au chômage. De l’autre côté de la Méditerranée, des docteurs marocains manifestent devant le ministère à Rabat pour réclamer des postes en recherche, rapporte le média en ligne Hespress.
→ Libre d’être inutile. La recherche se doit-elle de répondre à des questions de société ? Un doctorant québécois répond par la négative dans les colonnes de La Presse : selon lui, imposer aux chercheurs de se conformer à des critères d’équité, de diversité et d’inclusion et des objectifs de développement durable comme le fait l’agence de financement québécoise remet en cause la liberté académique.
DUCK À L’ORANGE
Et pour finir…
Faire de la science, c’est aussi s’amuser. Ce lauréat des IgNobel l’illustre parfaitement !