Quand la recherche se met au vert 🍀



vendredi 11 septembre 2020 /// L’actu des labos
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for voting

Rappelez-vous il y a quelques numĂ©ros, nous vous avons demandĂ© votre avis sur nos prochains sujets d’enquĂŞte. On a des tonnes d’idĂ©es ; ça nous arrangeait bien que vous nous aidiez Ă  les dĂ©partager.
Et le vainqueur est, après un suspens insoutenable… « Quand les labos montent une asso » (environ 52% des voix). Sujet que nous allons donc traiter bientôt.
En attendant, voici un numéro spécial sur La science se met au vert, un sujet pour lequel vous aviez déjà voté avant les vacances et qui était arrivé au coude à coude avec Le dessous des altmetrics. Enjoy !
Bonne lecture,
Lucile de TMN



A partir d’ici 5′ de lecture reposante.


Vers une recherche plus verte ?


Réduire l’empreinte carbone de la science, c’est une des ambitions affichées du CNRS. Mais aussi et surtout un gros enjeu pour les chercheurs.


Ceci ne sera pas un débat sur les OGM.
Un impératif. Il faut diminuer les émissions de gaz à effet de serre (ou GES pour les intimes) ! Vous connaissez certainement les recommandations du Giec : — 45% d’ici 2030 et neutralité carbone en 2050 pour contenir le un réchauffement de la planète à +1,5°C. La tâche est herculéenne et tous les acteurs de la société sont invités à y prendre part. Mais que fait la recherche ? 

Dans la relance. Le gouvernement vient de profiter du programme France Relance pour mettre sur la table 4 milliards d’euros qui seront distribuĂ©s Ă  des projets de rĂ©novation thermique des bâtiments publics de l’ESR. Il faut rappeler qu’environ un quart des Ă©missions de GES en France provient des bâtiments. 
Les universitĂ©s s’y mettent. Dans les universitĂ©s, des vice-prĂ©sidents au dĂ©veloppement soutenable sont nommĂ©s, comme Jane Lecomte Ă  Paris-Saclay, dont une des missions est de sensibiliser les personnels aux enjeux climatiques. A l’étranger, d’autres ont dĂ©jĂ  commencĂ©. L’universitĂ© de Colombie-Britannique arrive aujourd’hui première mondiale en terme d’action climatique grâce Ă  son plan de rĂ©duction des Ă©missions sur dix ans.

Surtout des chercheurs. Les professionnels de la recherche n’ont pas attendu pour s’organiser. On peut citer le mouvement No Fly Climate Sci qui prĂ´ne depuis 2017 une diminution des voyages en avion ou le groupement de service EcoInfo qui milite depuis quatorze ans pour une informatique Ă©co-responsable. Ce dernier propose entre autres un outil permettant de calculer les Ă©missions de GES liĂ©es aux Ă©quipements informatiques.Un collectif d’ampleur nationale. En France, l’initiative qui monte, c’est Labos1point5. FondĂ©e par deux chercheurs en mars 2019, le collectif regroupe aujourd’hui plus de 300 professionnels de la recherche actifs dans six Ă©quipes de travail. Parmi leurs nombreux projets, la crĂ©ation de l’outil GES1point5. Celui-ci permettra de rĂ©aliser un bilan des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre au sein d’un laboratoire.
BientĂ´t dans les bacs. Le premier volet de GES1point5 tiendra compte des Ă©missions liĂ©es au bâtiment (chauffage, Ă©nergie, gaz rĂ©frigĂ©rant) et aux dĂ©placements (vĂ©hicules propres au labo, missions et trajet domicile-travail des personnels). Ils ont dĂ©jĂ  Ă©té citĂ© par le CNRS en juillet, mais quand sortira GES1point5 ? Très bientĂ´t ! TestĂ© par dix labos au printemps, le logiciel sera dès cet automne Ă  la disposition de tous. Ne reste qu’Ă  s’en emparer.


Le h-index a-t-il le mal de l’air ?

Il n’y a pas de corrĂ©lation — ou une très faible — entre h-index et voyages en avion : c’est le rĂ©sultat de deux Ă©tudes menĂ©es par des universitaires en interne (l’une Ă  l’UBC au Canada et l’autre Ă  l’EPFL en Suisse). Pour Jane Lecomte de Paris-Saclay, c’est la preuve qu’« il est dĂ©jĂ  possible de rĂ©duire l’empreinte carbone de la recherche sans en dĂ©grader la qualitĂ© ».


Un chiffre qui en dit long
2 250 euros
serait la valeur moyenne d’une publication scientifique d’après une Ă©tude tout juste publiĂ©e dans Research Policy. Les auteurs, Ă©conomistes, ont utilisĂ© diffĂ©rentes mĂ©thodes pour attribuer Ă  la sacro-sainte publication une valeur monĂ©taire. Celle-ci traduirait les bĂ©nĂ©fices que tirent les chercheurs et institutions de la consultation d’un article (connaissance, renforcement des capacitĂ©s…). La fourchette haute monte Ă  plus de 8000 euros. PrĂŞts Ă  sortir Le RIB ?


Un outil dans la boîte
Éthique, quand tu nous tiens
Trois heures par semaine. Si vous avez ratĂ© les inscriptions au Mooc sur l’intĂ©gritĂ© par l’universitĂ© de Bordeaux, vous pouvez vous rattraper avec celui de l’universitĂ© de Lyon qui dĂ©bute fin septembre (inscription jusqu’en octobre). Avec un effort estimĂ© Ă  deux ou trois heures par semaine, vous pouvez aussi suivre les deux, ils se disent complĂ©mentaires.


3 questions Ă … Tamara Ben Ari
« Jusqu’à quel point peut-on diminuer nos émissions ? »


A l’origine du collectif Labos1point5 avec Olivier Berné, l’agronome Tamara Ben Ari nous décrit la création de l’outil GES1point5.


Pourquoi faire un outil propre à la recherche ? Il arrive souvent que des bureaux d’étude soient missionnés pour établir des bilans GES. Mais au sein du collectif Labos1point5, nous voulions produire un outil libre qui permette de simplifier la démarche des laboratoires. Il nous tenait également à cœur d’implémenter les méthodes scientifiques : estimation des incertitudes, publication des résultats dans des revues à comité de lecture… Enfin, nous souhaitons créer une dynamique dans la recherche, sensibiliser les personnels et éventuellement donner l’exemple dans d’autres secteurs d’activités ou à l’étranger.
En quoi l’échelle du laboratoire est-elle pertinente ? Le but est de fournir une information claire et objective aux laboratoires pour qu’ils puissent délibérer en interne d’une trajectoire de réduction de leurs émissions de GES. Nous sommes convaincus que c’est la meilleure échelle à laquelle prendre ce genre de décisions car les labos sont les mieux placés pour savoir quels arbitrages ils doivent ou peuvent réaliser.
La recherche doit-elle réduire ses émissions de GES autant que les autres secteurs ? Tout le monde doit réduire, dans le secteur privé comme dans les services de l’Etat. Une manière d’aborder les choses est de se poser la question : jusqu’à quel point peut-on diminuer nos émissions sans dégrader la qualité de la recherche ? En tous cas, on ne peut pas se contenter de dire : « On ne fait rien dans la recherche car nous sommes au dessus de ces efforts de réduction ».


Des infos en passant //////// Le peer review contre rĂ©munĂ©ration ? Un amĂ©ricain lance l’idĂ©e //////// Nature vous trace grâce Ă  73 applications sur son site, dĂ©nonce Björn Brembs //////// TĂ©moignage d’un enseignant prĂ©caire qui craque sur UniversitĂ© Ouverte //////// L’écossais Stuart Ritchie sort un livre sur l’intĂ©gritĂ© scientifique. Extraits sur Retraction Watch //////// Un colloque sur les donnĂ©es de la recherche : ce sera le 8 octobre Ă  l’universitĂ© de Lorraine //////// La transition Ă©quitable de l’open access ? Elsevier vous en parle  //////// L’astrophysicienne Françoise Combes vient de recevoir la mĂ©daille d’or du CNRS 2020 //////// 


Votre revue
de presse express


  • Bandes de machos. Numerama dĂ©nonce les biais sexistes dans les essais cliniques. Les femmes en sont souvent Ă©cartĂ©es. Les consĂ©quences ? Surdosage et surcroĂ®t d’effets secondaires chez les patientes que chez les patients.
  • Silence, on chat. Vous communiquez avec vos collègues via WhatsApp ou Twitter ? Mais qu’utilisent les chercheurs en Chine, oĂą ces applis amĂ©ricaines sont interdites ? L’équipe de Nature Methods a sondĂ© les intĂ©ressĂ©s qui avouent faire un usage intensif de la plateforme WeChat.
  • Bye, bye Britain. Après 25 ans passĂ©s au Royaume Uni, le Brexit aura eu raison de Ulf Schmidt, professeur en histoire de la mĂ©decine, raconte The Guardian. Trop déçu du virage que prend le système britannique, il quitte l’universitĂ© de Kent pour un poste Ă  Hambourg, emportant avec lui « sa famille et ses millions ».


Et pour finir…
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Un masque qui suit les mouvements de la bouche, comment ne pas y avoir pensĂ© ? Au dĂ©part très certainement une blague, le bricolage de Javon Frazier, crĂ©ateur de jeux vidĂ©os, a Ă©tĂ© tellement mĂ©diatisĂ©e qu’il essaie maintenant de les vendre. Le succès ne prĂ©vient pas, n’est-ce pas, jeune entrepreneur ?