Retour au lycée

18.04.2025 • N° 499 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Smells like teen spirit

Chambre d’ado. Presque plus enfant, pas encore tout à fait adulte, 15 ans est un âge charnière. On entre au lycée, on fait de nouvelles rencontres, on accroche un poster de Nirvana au mur, on se met à rêver…

Over-bored. On rêve de ce qu’on fera de son weekend, on a parfois du mal à se projeter, alors que les adultes nous demandent régulièrement « ce qu’on veut faire plus tard »… Rêviez-vous déjà à 15 ans de faire de la recherche ?

Hello, hello. Vendredi dernier, Noémie et moi avons traversé l’Île-de-France pour présenter le journalisme scientifique à une classe de seconde. Nous en avons profité pour les interroger sur leurs pratiques. On vous raconte.

Bonne lecture, 
— Lucile de TheMetaNews

Sommaire

→  ANALYSE  TMN face aux lycéens
→  OUTIL  Des résumés par IA
→  CHIFFRE  Une évaluation toujours très quanti
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Number one de la citass’

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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ANALYSE

Quand TMN retourne au lycée

Le temps d’une matinée, nos journalistes Noémie et Lucile ont présenté le journalisme scientifique à une classe de seconde. L’occasion de les interroger sur leur rapport à la science. Entre autres !

   ↳ 10h. La sonnerie retentit entre les grands murs bétonnés du lycée Charles Baudelaire à Fosses : la « récré » peut commencer. En quelques minutes, les couloirs se remplissent d’élèves échangeant discussions et devoirs, entre lesquels nous nous faufilons discrètement. Lise Cussonneau, professeure documentaliste en charge d’une des classes spécialisées médias que nous rencontrons aujourd’hui, nous fait visiter les lieux (…)

OUTIL

Des résumés par IA

Poison et antidote. Besoin d’un coup de main pour écrire l’abstract de votre papier ? textSummarize est capable de résumer un texte scientifique en anglais. Et son alter ego, aiAbstractCheck, permet de détecter si un résumé a été généré par intelligence artificielle ou non. Ces deux services sont mis en ligne par l’infrastructure Istex du CNRS, qui propose tout un ensemble d’outils d’aide à l’analyse de données et de textes. La transparence sur le modèle d’IA utilisé et les données d’entraînement est de mise.

EXPRESS

Pendant ce temps dans les labos

● Éternelles questions. L’IA générative bouleverse vos pratiques de recherche, offrant de nouveaux outils pour répondre plus efficacement à des questions en suspens depuis des décennies – nous vous parlions du cas AlphaFold. Mais elle bouleverse également les pratiques de publication et pose de nombreuses questions. C’était le thème du colloque organisé par l’Office français de l’intégrité scientifique ce mardi 15 avril – nous y étions. Alors que le nombre de publications explose depuis plusieurs années, ChatGPT et consorts aggravent le phénomène : certaines publis n’ont aujourd’hui ni lecteurs, ni auteurs, ni reviewers, alertait le sociologue Vincent Larivière. Et tout cela pour quoi ? Un peu de réflexivité était la bienvenue.

● Géopubli. Les grandes bases de données bibliométriques n’intègrent pas toutes la science ouverte de la même manière, révèle une étude publiée dans PLOS One : sur plus de 62 000 revues open existantes, Web of Science n’en recense que 6000, Scopus 7000 et OpenAlex 34 000. Si l’on retrouve plus ou moins les mêmes revues, plutôt européennes ou anglo-saxonnes, dans les deux premières bases fermées, la base ouverte OpenAlex – relire notre analyse – se veut plus équilibrée. L’Afrique reste malheureusement sous-représentée dans tous les cas de figure.

  Mais aussi…   L’Association française des directeurs et personnels de direction des bibliothèques universitaires et de la documentation (ADBU) publie 19 propositions pour renforcer l’intégrité scientifique et mieux définir le rôle des bibliothèques dans ce cadre Alors que la situation outre-Atlantique reste incertaine, Open Science Pasteur déconseille l’utilisation des entrepôts de données basés aux États-Unis et présente une alternative européenne Voici le replay d’un webinaire sur les éditeurs prédateurs, organisé par l’Université de Montpellier L’idée de réaliser, en binôme avec un·e jeune réalisateur·rice, un court-métrage sur votre sujet de recherche vous tente ? Candidatez au programme Symbiose du festival Pariscience Mai est le mois du vélo – nous vous en parlions il y a pile un an – et Labos 1point5 vous incite à y participer ● La troisième édition du colloque Enseigner les Transitions écologiques et sociales dans le supérieur aura lieu à Lyon du 7 au 9 juillet ●

CHIFFRE

55%

Plus de la moitié des chercheurs (55%) estiment qu’ils sont majoritairement, voire uniquement, évalués sur des critères quantitatifs, révèle une enquête menée par la maison d’édition Springer Nature auprès de plus de 6600 répondants partout dans le monde, toutes disciplines confondues. Que ce soit pour des appels à projet ou l’évolution de carrière, la publi focaliserait toujours l’attention des évaluateurs, avec une large utilisation de l’impact factor. C’est du moins le sentiment des chercheurs interrogés, en contradiction avec la Declaration on Research Assessment (DORA), signée par de nombreuses institutions. Nous vous en avions déjà parlé, DORA recense toutes les initiatives pour une évaluation plus responsable.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Main dans le sac. Vingt-six chercheurs chinois ont été reconnus coupables de méconduites à la suite d’enquêtes menées par l’agence nationale de financement en santé. Les sanctions vont de l’interdiction de candidater jusqu’au remboursement des sommes déjà engagées, rapporte Retraction Watch.

→ Témoins oculaires. Alors que les universités étasuniennes tentent de résister aux pressions de l’administration Trump, les médias multiplient les témoignages : la sociologue Isabelle Ferreras, chercheuse associée à Harvard, s’exprime dans le quotidien belge Le Soir et le biophysicien Nicolas Pégard, chercheur à l’Université de Caroline du Nord, répond aux questions de L’Express.

→ Ciblés. L’interdiction de certains mots par le gouvernement Trump a-t-elle déjà un effet sur les coupures de budget ? Nature a analysé les 800 projets stoppés au sein des National Institutes of Health (NIH). Les données parlent d’elles-mêmes : 29% étaient liées au Sida et 24% à la santé des personnes transexuelles.

→ Première ligne. Les chercheurs en poste aux États-Unis ne sont pas les seuls à quitter le pays. De jeunes scientifiques venant du monde entier y sont également contraints, leur visas n’étant pas reconduits par les autorités, rapporte Science.

→ Sibérie. Le Français Laurent Vinatier, chercheur dans une ONG en Russie, condamné à trois ans de prison pour ne pas s’être enregistré en tant qu’agent de l’étranger, vient d’être transféré dans une colonie pénitentiaire, informe La Dépêche. Sa mère alerte de la situation sur BFM TV et auprès du Président de la République.

→ Pôle emploi. Comment trouver un job après son doctorat ? Depuis Clermont-Ferrand, le quotidien local La Montagne s’intéresse aux docteurs qui débarquent sur le marché du travail ↯. Le Parisien a quant à lui rencontré Dan Elgrabli, chercheur qui a sauté le pas et créé sa startup ↯.

→ Bonne excuse. La France suivrait-elle l’exemple américain ? Le Haut conseil pour le climat, dont fait notamment partie la chercheuse Valérie Masson-Delmotte – relire notre interview – est menacé de suppression par des députés d’extrême-droite, explique Reporterre.

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NUMBER ONE DE LA CITASS’

Et pour finir…

Devinerez-vous combien de citations a reçu le papier le plus cité au monde ?